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Les grandes équipes

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Aperçu


Ce plan de cours repose sur le visionnement des documents de la série Empreintes sur les Edmonton Grads, les Expos de Montréal, les Blue Jays de Toronto et les championnats de la série mondiale, l'équipe de la Coupe Canada de 1976 et l'équipe de hockey masculin de 2002. Les records incroyables réalisés par les Edmonton Grads prirent fin au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'équipe se démantela. Le conflit entre l'Est et l'Ouest était aussi impitoyable sur la glace qu'il ne l'était à l'extérieur de la patinoire pendant la Coupe Canada de 1976. Et nos craintes à l'égard de la « destinée manifeste » des Américains ont été quelque peu atténuées par les victoires des Blue Jays de Toronto et de nos équipes olympiques, en 2002. Le monde du sport est souvent acrimonieux :  comment peut-on alors expliquer ce soir de septembre 1976 où le Canadien, Roger Doucet, entonna l'hymne national soviétique avec paroles,  à la Coupe Canada de 1976 ?  Une première historique peut-être ?

Objectifs


Sensibiliser davantage les étudiants à l'histoire du succès des Canadiens dans les sports d'équipe; les aider à mieux comprendre le contexte historique des compétitions en équipe; examiner la façon dont les Canadiens se sont définis eux-mêmes et ont défini la nation par le biais du sport d'équipe et enfin, déterminer si les compétitions de sports d'équipe constituent une tribune favorisant une compréhension politique et culturelle ou une occasion d'accroître l'animosité entre les pays.

Contexte


Lorsque l'Angleterre perdit devant l'Allemagne au cours des semi-finales de la Coupe du monde de soccer de 1990, l'historien Kenneth Clarke demanda à la Première ministre de Grande Bretagne de l'époque, Margaret Thatcher « N'est-ce pas terrible de perdre devant les Allemands à notre propre sport national? » Elle répondit « Je ne m'inquiète pas trop; nous les avons battus deux fois au cours de ce siècle à leur propre sport. » Cet échange témoigne bien de l'idée selon laquelle les sports sont une forme de guerre moins violente (mais pas toujours) et que l'histoire d'un pays peut être l'histoire de conflits successifs avec d'autres nations.

La loyauté envers un pays est souvent fondée sur l'animosité à l'égard des voisins. Également, les équipes sportives sont définies par leurs rivalités et ces rivalités sont toujours profondément ancrées dans l'histoire. Qu'il s'agisse d'histoires de sport ou de politique, les équipes se rassemblent non pas tant en fonction d'une amitié commune que d'une haine commune. Après tout, les équipes sportives sont formées pour défaire des opposants, et non pour leur propre plaisir. Et clairement, la loyauté d'un peuple envers une équipe particulière repose sur des aspects politiques, sur un lieu et sur l'histoire. Considérons certaines rivalités internationales comme la fameuse « guerre du soccer » de 1969 entre El Salvador et le Honduras. Ou des rivalités nationales comme celle qui oppose les Maple Leafs de Toronto aux Canadiens de Montréal. Les rivalités peuvent même diviser une ville, que vous soyez un supporter des Yankees de New York ou un partisan des Mets de New York. De ce côté-ci de la frontière, vous ne pouvez être à la fois un amateur des Eskimos d'Edmonton et un partisan des Stampeders de Calgary. En aimer un c'est détester l'autre.

En Alberta, les Calgariens qui circulent sur l'autoroute 2 vers Edmonton lèvent sans doute le nez sur l'affiche que l'on trouve aux abords de la capitale de l'Alberta. On peut y lire : « Edmonton, ville des champions ». Mais l'affiche, malgré ses associations avec les Oilers des années 80 au hockey ou les Eskimos du football de la fin des années 70 et du début des années 80, vise réellement à souligner une dynastie sportive qui demeure une des plus grandes en Alberta et au Canada, même en Amérique du Nord.

Lorsque les Edmonton Grads posaient le pied sur le terrain de basket-ball entre 1915 et 1940, il ne faisait pas bon être partisan de l'équipe adverse. Ce qui devait commencer comme une équipe féminine d'école secondaire devint une véritable dynastie sportive dont le nombre de victoires n'a jamais été égalé par aucune une équipe, quel que soit le sport, depuis cette époque. Au cours de leurs 25 années d'histoire, les Grads prirent part à 522 parties officielles au Canada, aux États-Unis et en Europe et inscrivirent un record de 502 victoires et de 20 défaites (dont certaines au cours de parties de démonstration contre des équipes masculines).

John Percy Page fut le seul entraîneur des Grads, et 38 femmes seulement jouèrent pour l'équipe au cours de son quart de siècle de domination. En tant que directeur de la McDougall Commercial High School, John Page et son assistant Bill Tate élaborèrent un système : les filles développaient leurs compétences en faisant partie successivement de trois équipes, jusqu'à ce qu'elles atteignent finalement les Grads, mais seulement si et quand une place se libérait. John Page entraînait ou supervisait toutes ces équipes, et évaluait chacune des joueuses qui portait l'uniforme noir et or des Grads.

John Page s'attendait au même dévouement de la part de ses joueuses – le professeur d'Edmonton ne manqua que trois pratiques au cours de sa carrière : il faisait alors campagne pour obtenir un siège à l'assemblée législative de l'Alberta. « Vous devez jouer au basket-ball, penser au basket-ball et rêver au basket-ball », disait-il à ses joueuses. Et c'est exactement ce qu'elles firent, pendant les pratiques et les compétitions.

Ancienne joueuse des Grad, Helen Northup Alexander se souvient « qu'il était toujours là et qu'il s'attendait à ce que ses joueuses soient là également. J'avais le bras cassé, mais j'allais toujours aux pratiques. Il m'a dit : « Tu peux toujours apprendre quelque chose en regardant ».

Les Grads gagnèrent leur premier titre canadien en 1923 et cette même année, l'équipe prit part à sa première compétition internationale contre les champions en titre américains, les Favorite-Knits de Cleveland. La foule réunie pour regarder les deux équipes se livrer une lutte féroce pour le trophée Underwood (du nom de la fameuse compagnie de machines à écrire) pouvait facilement déterminer qui était qui. Les Favorite-Knits entrèrent dans l'aréna d'Edmonton avec les mots « champions du monde » écrits sur leurs shorts ajustés; les Grads, d'un autre côté, entrèrent en piste arborant leurs épais bas de laine habituels, leurs protège-genoux et leurs grands shorts à hauteur du genou. Les Grads firent mentir les Favorite-Knits en gagnant le trophée Underwood avec un pointage de 53-33 obtenu au cours de deux parties combinées. Pendant 17 ans, de 1923 à 1940, les Grads ne perdirent jamais le trophée et à leur 25e anniversaire, on remit le trophée à l'équipe de façon permanente.

Après avoir dominé leur sport en Amérique du Nord, les Grads s'en prirent aux meilleures équipes d'Europe, réussissant à défaire leurs compétiteurs à Paris, à Londres, à Amsterdam et à Berlin. Au-delà de ces jeux, les Grads dominèrent également quatre Jeux Olympiques consécutifs de 1924 à 1936, gagnant les 27 matchs auxquels l'équipe participa. Cette réalisation ne sera malheureusement pas reconnue sur le podium puisque le basket-ball féminin n'était pas un événement olympique officiel à cette époque. En fait, il faudra attendre encore 40 ans avant que le basket-ball féminin ne devienne un sport olympique officiel.

À l'image du mépris de la société à l'égard du sport féminin, le Comité international olympique hésitait à reconnaître l'importance du basket-ball féminin. Mais l'inventeur du basket-ball, le Dr James Naismith, n'était pas aussi borné. Dans une lettre envoyée aux Grads en 1936, il écrit : « Vous êtes non seulement une inspiration pour les joueurs de basket-ball autour du monde, mais un modèle pour toutes les équipes de filles. Votre attitude et vos succès sont une source de satisfaction pour moi puisqu'ils illustrent la capacité de ce jeu de contribuer au développement de femmes exceptionnelles. »

C'est en 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, que l'équipe des Edmonton Grads fut démantelée, soit seulement un an après que la plus grande foule à ce jour, ne se soit réunie pour une partie de basket-ball au Canada; en effet, 6 792 partisans se rassemblèrent au Edmonton Gardens pour voir, peut-être pour la dernière fois, la plus grande équipe du sport nord‑américain du XXe siècle.

En l'honneur de l'équipe, un nouveau centre de basket-ball ouvrira ses portes à Edmonton, comprenant huit terrains et pouvant accueillir jusqu'à 3 500 personnes. Le Centre de basket-ball Edmonton Grads sera une installation de calibre international et devrait être le premier site dédié au basket-ball au Canada.

C'est au Canada soit le 14 avril 1969, que se joua la première partie de baseball de la Ligue majeure. Pour la première partie de la toute nouvelle équipe des Expos de Montréal, au parc Jarry, devant une foule de 29 184 personnes, l'ancien Premier ministre et amateur de baseball de longue date, Lester Pearson, fut invité à lancer les premières balles, qui mèneront les Expos à la victoire, 8 à 7, contre les Cardinals de St. Louis.

Moins d'un an plus tard, soit le 27 mai 1968, le comité d'expansion de la Ligue nationale annonça que Montréal avait été acceptée en tant que membre pour la saison de 1969. Comme le dit Warren Giles, président de la Ligue nationale, avant la décision du comité : « Si nous devons prendre de l'expansion, alors faisons-le en grand ». Et c'est exactement ce qu'il fit. Avec l'entrée de Montréal dans la Ligue, la LN prit un véritable caractère international et ce, malgré le fait que le congrès américain avait envoyé un message à la Ligue condamnant ses actions parce qu'elle avait choisi d'établir la nouvelle équipe dans une ville étrangère.

Pour baptiser la nouvelle équipe de Montréal, certains se tournèrent vers la Nouvelle‑France du XVIIe siècle. Mais le nom des « Voyageurs » ne fut pas retenu. l'Expo 67 venait de se terminer à Montréal et avait connu un succès retentissant. En effet, l'Expo semblait promettre de grandes choses pour l'avenir de cette jeune franchise. Et deux semaines après la première partie des Expos, cette promesse sembla se concrétiser lorsque le 17 avril, le lanceur Bill Stoneman écrasa les Phillies de Philadelphie pour enregistrer la première partie sans coup sûr des Expos. Hélas, ce succès sera suivi de quelques moments difficiles, notamment par une série de 20 défaites qui dura du 1er mai au 8 juin 1969. En octobre, le club terminera sa première année avec un record de 52 victoires et 70 défaites, des statistiques qui, même si elles semblent peu reluisantes, sont assez typiques pour des équipes de sports professionnels en pleine expansion.

Le moment fort des années 1970 arrivera en 1973, alors que les Expos restèrent dans la course pour le titre de l'Est de la LN, et ce jusqu'à la dernière fin de semaine de la saison. Durant les années 1980, les Expos formèrent une cuvée de jeunes joueurs qui obtinrent des résultats mémorables. Maintenant installés au nouveau stade olympique de Montréal, les Expos se classèrent au second rang du titre de l'Est de la LN au cours des saisons 1979 et 1980, et accédèrent finalement aux séries éliminatoires en 1981. Leurs premiers opposants seront les Phillies de Philadelphie dans une série trois de cinq pour le titre de la division Est de la Ligue nationale. Avec Steve Rodgers comme lanceur, Tim Raines volant les buts et le receveur Gary Carter, ainsi que le joueur de troisième but Larry Parrish et le voltigeur Andre Dawson, les Expos accédèrent le 10 octobre, aux séries à la cinquième partie.

Neuf jours plus tard, l'avenir des Expos s'annonçait brillant. Mais lorsque le soleil se coucha sur la cinquième et dernière partie des séries du championnat de la LN au stade olympique, on surnomma le 19 octobre 1981 : le « Blue Monday ». C'était une fin tout à fait classique d'une belle histoire de baseball. Avec deux parties à jouer pour chaque équipe dans les séries, les Expos accédèrent à la neuvième manche de la cinquième partie toujours en tête. Et même mieux, l'as des Expos, Steve Rogers, était au monticule, déterminé plus que jamais de ramener le championnat à la Belle province. Le voltigeur des Dodgers de Los Angeles, Rick Monday, s'installa à la plaque et, comme de nombreux Montréalais s'en souviennent encore, avec un seul élan du bâton, mit fin aux espoirs des Expos de gagner les séries mondiales. Son coup de circuit mènera l'équipe à la victoire, laissant les partisans espérer un meilleur résultat l'année suivante. Malheureusement, cette déception se répétera plus d'une décennie plus tard, alors que les joueurs et amateurs des Expos ne feront qu'imaginer, ce que l'équipe aurait pu devenir.

Le 12 août 1994, les joueurs de la Ligue majeure de baseball entamèrent une grève et mirent fin à la saison prématurément, saison au cours de laquelle Felipe Alou parvenait à obtenir le meilleur rendement de la Ligue majeure pour ses Expos. La grève effaça la suite du calendrier et obligea l'annulation de la série mondiale de 1994. Cependant, et c'est ce qui fut encore plus dommageable, les Expos comptaient sur une série éliminatoire réussie pour compenser les difficultés financières auxquelles l'équipe faisait face. Mais devant l'annulation des séries, les problèmes financiers de l'équipe s'aggravèrent. L'avenir des Expos en tant qu'équipe de baseball viable restait, en 1995, plus que douteux.

Malheureusement, les Expos, dans le cadre des séries d'automne, ne se rapprocheront plus jamais du « Blue Monday ». Tout au long des années 1990, l'équipe continua de former des jeunes joueurs de talent seulement pour les voir partir, dès qu'ils devenaient des étoiles du sport, (dans le cadre d'échanges ou après avoir signé des contrats d'agents libres) vers des équipes de baseball plus importantes et plus riches . En 2000, le baseball professionnel en est à ses derniers soupirs à Montréal, alors que l'équipe est appelée à s'installer dans une ville américaine plus importante.

Si l'histoire des Expos en est une d'espoirs brisés par les circonstances à la fois sur le terrain et hors du terrain, l'autre équipe de la Ligue majeure du Canada est parvenue à surmonter les difficultés d'une expansion et à créer une organisation qui atteint le sommet, non pas une mais deux fois. Lorsque les Expos aménagèrent au stade olympique, la Ligue majeure de baseball accueillit une autre équipe canadienne. Le 7 avril 1977, au stade de l'exposition, 44 649 partisans bravèrent la neige et le froid pour voir l'équipe locale des Blue Jays de Toronto défaire les White Sox de Chicago 9 à 5. Au cours des 15 années suivantes, Toronto accueillit les champions de l'Est de la Ligue américaine trois fois; ce fut en 1991, soit la troisième fois, que les Blue Jays devinrent la première équipe de l'histoire du baseball à attirer plus de 4 000 000 de partisans au cours d'une seule saison.

Ce sera cependant l'année suivante que l'équipe passera à l'histoire. En 1992, les Blue Jays accédèrent aux finales pour faire face aux Braves d'Atlanta dans les premières séries mondiales internationales de baseball. La première partie, à Dixie, fut gagnée par Atlanta. On s'en souvient davantage parce que le drapeau du Canada avait été hissé à l'envers pendant l'hymne national. Faisant fi de cette bévue, les Blue Jays gagneront les trois prochaines parties, mais Atlanta revint en force en s'emparant de la victoire à la cinquième partie. La sixième partie reviendra à Atlanta, au Fulton County St et dès lors s'écrira une page d'histoire. Le 24 octobre 1992, plus d'un demi-million de personnes déferlèrent dans les rues de Toronto pour célébrer la victoire des Blue Jays au championnat avec une victoire de 4 à 3.

Projetons-nous un an moins un jour plus tard à la sixième partie des séries mondiales de 1993, où les Blue Jays étaient encore en bonne position. Cette fois-ci, ils faisaient face aux Phillies de Philadelphie. Comme les Blue Jays menaient 3 à 2 dans les séries, les Phillies firent appel à leur joueur de renom Mitch « the Wild Thing » Williams, pour mettre fin à la partie et redonner la victoire à Philadelphie. Mitch Williams accorda intentionnellement un but sur balle au premier frappeur Rickey Henderson sur quatre lancers. Le frappeur suivant, Devon White, est retiré sur un ballon dans la gauche avant de voir le frappeur de choix, Paul Molitor, y aller d'un simple opportun. Ce jeu prépara le terrain pour Joe Carter.

Une des étoiles de l'équipe à l'époque, Joe Carter, avait eu une saison médiocre jusqu'à ce moment. Cependant, dans la deuxième partie de la neuvième manche, Joe Carter se rendit jusqu'à deux balles et deux prises. Avec le prochain lancer, Joe Carter écrivit une page de l'histoire du baseball en devenant le seul second joueur à frapper un coup de circuit pour gagner le titre des séries mondiales. Courant d'un but à l'autre comme un gamin qui venait tout juste de frapper sa première balle, Joe Carter amena le pointage final 8 à 6. Pendant ce temps, partout au pays, le véritable pointage était Canada 2, États‑Unis 0. La série mondiale était encore entre nos mains.

Comme l'hiver suit l'automne, du moins au Canada, le baseball cède le terrain au hockey. À partir de 1976, cette transition prendra toutefois une dimension toute spéciale. Même si la série du siècle de 1972 entre le Canada et l'Union soviétique occupera toujours une place spéciale dans les souvenirs des Canadiens, la Coupe Canada était réellement le premier tournoi de hockey international qui rassemblait des professionnels du sport dans une lutte pour la suprématie au hockey.

Le 3 septembre 1976, les citoyens soviétiques regardaient leur équipe nationale jouer contre les détenteurs du titre de champions mondiaux de Tchécoslovaquie à la télévision d'État. Et cette nuit-là, au forum de Montréal, avant que la rondelle ne soit mise au jeu, Roger Doucet, qui a chanté le Ô Canada pendant de nombreuses années lorsque les Canadiens jouaient à domicile, a inauguré les paroles de l'hymne national soviétique. Les paroles de l'hymne de l'Union soviétique avaient été abandonnées après 1956 parce qu'elles contenaient de trop nombreuses références à l'ancien dictateur soviétique Joseph Staline. Cependant, Roger Doucet dénicha une copie des anciennes paroles et les présenta au département de russe de l'Université de Montréal en demandant aux élèves et professeurs « d'arranger ça ». Et ce sont les paroles ainsi créées qu'il chanta ce soir de septembre. En 1977, le parlement soviétique adopta officiellement ces nouvelles paroles (sans toutefois reconnaître la contribution de Roger Doucet ou de l'Université de Montréal!).

En 1976, la première moitié du mois de septembre regroupa les plus grandes puissances mondiales du hockey : le Canada, la Tchécoslovaquie, la Finlande, l'Union soviétique, la Suède et les États-Unis. L'équipe canadienne était parmi les favorites, puisque l'entraîneur Scotty Bowman avait inclus à son équipe 16 joueurs qui feront plus tard partie du Temple de la Renommée, notamment Bobby Orr, Bobby Hull, Phil Esposito, Guy Lafleur et Darryl Sittler, sans oublier une défense qui comprenait le grand trio des Canadiens de Montréal composé de Serge Savard, Guy Lapointe et Larry Robinson. Gerry Cheevers était présent et Don Cherry assistait Bowman comme entraîneur adjoint.

Tout au long du tournoi, les principales difficultés pour le Canada vinrent du côté de la Tchécoslovaquie, en grande partie parce que les Soviétiques avaient laissé plusieurs de leurs grands joueurs à la maison. Au cours des séries éliminatoires, le Canada se remit en mémoire les séries de 1972, une impression de déjà vu incarnée par le gardien de but tchécoslovaque Vladimir Dzurilla (Vladislav Tretiak) qui permit à son équipe d'obtenir une victoire de 1 à 0.

Quelques jours plus tard, ces deux équipes s'affrontèrent à nouveau dans la finale des trois meilleurs. Gardant toujours en souvenir les exploits de Vladimir Dzurilla, les Canadiens firent bonne figure au cours de la première partie, avec une victoire de 6 à 0.

Au cours de la deuxième partie à Montréal, Vladimir Dzurilla contribua à maintenir la compétitivité de la Tchécoslovaquie et amena le Canada en période supplémentaire avec un pointage de 4 à 4. Cependant, à 11 minutes 33 de la première période supplémentaire, le gardien de but fut battu après que le capitaine des Maple Leafs de Toronto, Darryl Sittler, s'échappa du côté gauche et, suivant les conseils de l'entraîneur adjoint Don Cherry, feignit un lancer frappé que Vladimir Dzurilla tenta de bloquer en se mettant à genoux. Darryl Sittler, en attrapant la rondelle avec son bâton, compta un but dans un filet ouvert. Le Canada gagna la partie 5 à 4 et obtint la première Coupe Canada. Il y en aura cinq autres; le Canada en gagnera quatre et arrivera second après les Soviétiques en 1981. Même si ces parties demeurent fortement ancrées dans l'histoire du Canada, la Coupe Canada elle-même a pris fin en 1996 pour être remplacée par la Coupe mondiale de hockey.

Petite anecdote, la Coupe que les Canadiens acceptèrent en 1976 n'était pas le même trophée que celui qui réside maintenant de façon permanente au Temple de la Renommée du hockey à Toronto. Le trophée brandi par Bobby Orr, le joueur le plus utile, était fait à 100 % de nickel canadien, un geste de patriotisme fort apprécié, mais qui faisait du trophée un objet fragile. Une réplique de remplacement faite d'un alliage de nickel plus résistant fut complétée le 30 août 1981. La « fraude » ne fut révélée que lorsque le Toronto Sun organisa un concours dans lequel il fallait deviner le poids de la Coupe Canada et que la compagnie de nickel INCO dut avouer les faits. Le trophée actuel de la Coupe mondiale de hockey est en fait une coupe vidée en aluminium au revêtement chromé. C'est l'américain Aaron Brode qui en a fait la conception.

Quelle que soit sa composition métallique, certains prétendent que la pièce de un dollar est bien plus qu'une pièce de monnaie canadienne : cette pièce est la raison pour laquelle nous avons gagné les médailles d'or de hockey féminin et masculin aux Jeux Olympiques d'hiver de 2002.

Dans cette histoire qui se prête autant à une annonce de Tim Horton qu'à un événement historique, le Comité organisateur de Salt Lake engagea Trent Evans pour s'occuper de la glace pendant les Jeux. Le 4 février 2002, il remarqua que le logo olympique entourant le centre de la glace ne comprenait aucun point pour en marquer le milieu. Après avoir placé dans un premier temps une pièce de dix sous pour marquer l'endroit, Trent Evans retourna le lendemain avec une pièce d'un dollar et malgré l'ordre qu'on lui intima de retirer la pièce de monnaie canadienne, il réussit à la camoufler avec de la peinture couleur or.

Au moment où commença la partie le 24 février, la pièce était toujours en place et l'équipe canadienne était déterminée à effacer une pénurie de médailles d'or de 50 ans au hockey olympique. Cinquante ans avant, aux Jeux olympiques d'Oslo en 1952, une équipe de hockey amateur appelée les Edmonton Waterloo Mercurys gagnèrent la dernière médaille d'or du Canada au hockey olympique. Depuis, les hostilités de la guerre froide ont fondu et les relations autrefois glaciales entre les équipes de l'Est et de l'Ouest n'existent plus. Maintenant, c'est à leurs voisins du Sud que les Canadiens réservent leurs regards glacés, et la relation entre les États-Unis et le Canada en matière de hockey s'est de beaucoup refroidie.

Alors que Jarome Iginla et Joe Sakic comptèrent chacun deux buts pour une victoire de 5 à 2 ce dimanche-là en Utah, le gardien de but Martin Brodeur fit une observation très juste : « Nous sommes une puissance du hockey dans le monde. Gagner la médaille d'or rassure le Canada ». Le défenseur Al MacInnis était convaincu de l'importance du jeu pour l'identité des Canadiens : « Aucune autre équipe n'avait autant de pression que nous. Tout le monde au Canada regardait la partie aussi intensément que nous la jouions. C'est incroyable la façon dont un sport peut unifier un pays ».

Dix millions et demi de spectateurs regardèrent cette victoire vers la médaille d'or, le plus important auditoire jamais enregistré dans l'histoire de la nation. C'est un demi‑million de Canadiens de plus à avoir regardé Neil Armstrong mettre le pied sur la lune le 20 juillet 1969 et environ la totalité de la population du pays en 1932. Cette partie a facilement brisé le record précédent de 6,7 millions de spectateurs. Ce résultat a été obtenu au cours d'une autre grande rencontre sportive historique entre le Canada et les États-Unis, soit la victoire des Blue Jays de Toronto au cours d'une manche supplémentaire contre les Braves d'Atlanta à la sixième partie des séries mondiales de 1992.

La partie et la pièce de monnaie font maintenant partie de l'histoire du pays, et non pas seulement de l'histoire du hockey. Le 4 août 2004, la Monnaie royale canadienne a annoncé officiellement la nouvelle pièce qui serait mise en circulation, le « dollar porte‑bonheur ». En moins de trois ans, la pièce d'un dollar de Trent Evans inspira de nombreux imitateurs, visant tous à souligner les succès sportifs du Canada. Ces talismans ne fonctionnent peut-être pas à chaque fois, mais en cette soirée de février 2002, le porte‑bonheur a réellement joué son rôle.

Activités


Leçon 1. L'équipe ou l'argent?

Les articles de journaux et les reportages à la radio relatent régulièrement les exploits des Edmonton Grads. Mais la véritable preuve de leur célébrité à Edmonton et ailleurs était le coté commercial de l'équipe. Durant les années 1930, des cartes de Noël des Grads et des cahiers à leur effigie étaient en vente.

Bien sûr, depuis cette époque, la commercialisation des équipes sportives s'est accrue rapidement. En effet, les franchises d'aujourd'hui remanient régulièrement leur logo et l'image de leur équipe afin d'accroître leurs revenus. Et certaines écoles ont suivi, trop heureuses d'accepter des fonds d'entreprises pour afficher le logo des équipes sur les chandails et les murs des gymnases de l'école. Mais lorsque les coûts élevés des déplacements et de l'équipement empêchent certains élèves de se joindre à une équipe, quelle différence les logos de Nike et de McDonald sur une paire de shorts peuvent-ils vraiment faire?

En groupes de deux ou trois, les élèves doivent élaborer une campagne dans laquelle ils appuient ou dénoncent la commandite, par une entreprise privée, de leur équipe scolaire. La campagne doit inclure ce qui suit :

  • Une affiche
  • Une lettre de 100 mots au rédacteur en chef du journal de l'école
  • Un discours de cinq minutes qui devra être prononcé devant les élèves
  • La proposition d'un nouveau dessin pour l'emblème de l'école (intégrant ou non l'image du commanditaire)

Leçon 2. Harmonie ou haine?

En 1941, alors que la guerre faisait rage et que la Grande-Bretagne faisait face à un avenir plutôt sombre, George Orwell écrivit : « Le sport joué sérieusement n'a rien à voir avec l'esprit sportif; il est marqué par la haine et la jalousie, la vantardise, le mépris de toutes les règles et un plaisir sadique à l'égard d'une violence inutile. En d'autres mots, c'est la guerre moins les coups de feu ». Est-ce que George Orwell exagérait la violence dans le sport au détriment de sa capacité de rapprocher les gens et les nations? Ou bien est-il utopique d'affirmer que les sports permettent d'aller au‑delà de l'animosité politique et culturelle?

En groupes de deux ou trois, les élèves doivent organiser des compétitions athlétiques du XXe siècle qui appuient la phrase de George Orwell ou qui la dénoncent. Les groupes doivent identifier au moins dix événements et ensuite les placer sur une échelle de –5 à +5. Plus l'événement sportif rapproche les gens, plus la note se rapproche de +5; plus la compétition crée de l'animosité, plus elle se rapproche de –5. Chaque événement doit être accompagné d'une explication de 100 mots précisant les raisons de son emplacement sur cette échelle.

Leçon 3. Bandes dessinées

Charlie Brown que l'on voit sur le monticule juste avant d'être renversé par un puissant frappé fait partie de l'histoire du baseball en Amérique. Ce qui rend ce personnage de Charles Schultz si intéressant, c'est son incapacité d'être un héros sur le terrain et la façon dont il suranalyse le jeu et la vie.

Les élèves doivent créer leur propre bande dessinée basée sur l'histoire du hockey au Canada. Plus qu'une simple blague, la bande dessinée doit intégrer un humour qui illustre la place qu'occupe le hockey au pays. Dans le cadre de leur bande dessinée, les élèves doivent fournir ce qui suit :

·Une liste des personnages ainsi qu'une brève biographie de chacun.
·Un texte de 100 mots expliquant les objectifs de la bande dessinée. À qui s'adresse-t-elle? Quel message véhicule-t-elle au sujet du hockey, mais surtout du Canada?
·Un exemple de la bande dessinée.

Leçon 4. Caméra...action!

Le baseball se prête au cinéma mieux que tout autre sport. The Natural (1984), Eight Men Out (1988), Bull Durham (1988) et Field of Dreams (1989)sont quelques-uns des films qui ont contribué à la mythologie du jeu. Comme le baseball est le passe‑temps préféré de l'Amérique, Hollywood s'est intéressé davantage au baseball qu'à tout autre sport.

Voilà l'occasion pour les élèves d'imaginer un film qui permettra de créer le mythe du hockey féminin. Même si l'équipe de hockey canadienne mit fin à une disette de 50 ans en Utah, l'équipe de hockey féminine du Canada effaça une série de huit parties perdues contre les États-Unis et gagna celle qui importait le plus à Salt Lake City en 2002. Même s'il existe moins de films sur les femmes et le sport, A League of Their Own (1992) repose sur un fait historique. C'est le début de la Seconde Guerre mondiale. La plupart des joueurs de baseball ont été conscrits. Dans le but de sauver le sport, plusieurs propriétaires décident de former la All American Girls Baseball League.

En groupes de deux ou trois, les élèves doivent rédiger le scénario d'un film soit sur les Edmonton Grads, soit sur l'équipe de hockey féminin olympique de 2002. Même si le film doit bien s'inscrire dans l'histoire et être juste, les groupes peuvent imaginer certains des éléments afin de créer un mythe qui restera à l'esprit des Canadiens. En fait, il s'agit d'écrire le scénario d'un film qui porte sur la façon dont les Canadiens se voient eux-mêmes.

Leçon 5. Le souvenir et le jeu

Notre tradition orale repose en partie sur nos souvenirs des compétitions d'équipes sportives. Historiquement, en littérature et au cinéma, le sport a toujours été utilisé comme moyen pour renforcer les relations entre parent et enfant dans le cadre d'une expérience partagée; on y véhicule également l'idée que la loyauté envers une équipe et parfois même les rivalités sont souvent transmises de génération en génération.

Les élèves doivent étudier les répercussions d'une équipe sportive sur les générations précédentes dans le cadre d'un exercice de tradition orale; c'est-à-dire, ils doivent interviewer un parent, un grand-parent ou un autre membre âgé de leur famille, qui aurait déjà assisté à une partie avec un parent ou un ami. Chaque élève doit se mettre dans la peau d'un historien, recueillir des souvenirs auprès de membres de la famille ou de voisins qui se souviennent avoir assisté à ces parties lorsqu'ils étaient plus jeunes.

En classe, discutez de la façon dont cet événement sportif a influencé leur vie. Pourquoi cette expérience est-elle particulièrement mémorable? Que se souviennent-ils au juste de la partie? Distribuez ensuite le document 1.

Une fois l'entrevue terminée, chaque élève doit présenter ses résultats à la classe. Puis, certains rédigeront un court texte de 250 mots sur un jeu fictif et sur la façon dont il a permis à différentes générations (mère et fille, oncle et nièce, par exemple) de mieux se comprendre.

Document 1. L'entrevue

Introduction : Aimeriez -vous répondre à ces questions ? Il s'agit de questions sur des parties de baseball auxquelles vous avez assisté et sur les souvenirs que vous en avez gardé.

1. Quel est votre nom?
2. Quel est votre âge?
3. Quelle est la première partie à laquelle vous avez assisté? C'était en quelle année? Quelles équipes s'affrontaient ? Quel âge aviez-vous?
4. Où la partie se déroulait-elle?
5. Quelle équipe remporta la victoire ? Vous rappelez-vous du pointage?
6. Qui vous accompagnait lors de cette partie ?
7. Quels sont vos souvenirs préférés de cette partie?
8. Cette partie est-elle devenue un événement important dans votre vie? Veuillez expliquer votre réponse.
9. Aimeriez-vous ajouter autre chose au sujet de la partie ou encore sur vos souvenirs de cette journée-là?

Ressources


Best, David. Canada: Our century in sport. Markham, Ontario: Fitzhenry & Whiteside, 2002.

Dewar, John. “The Edmonton Grads: the team and its social significance from 1915-1940”. Her story in sport: a historical anthology of women in sports. West Point, New York: Leisure Press, 1982, p. 541-547.

Houda, Patrick. World cup of hockey. Warwick House Pub: Lynchburg, Virginia, 2002.

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