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Gardien de la paix (Minutes du patrimoine)

  • Histoire des peuples autochtones

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Aperçu

Réalisez l’importance de la Confédération iroquoise, de ses origines et de son rôle sur la survie des Autochtones en Amérique du Nord. Sensibiliser les élèves à la pertinence de l’histoire orale dans la transmission des valeurs traditionnelles et comparer la Confédération iroquoise avec d’autres modèles d’organisations politiques.

Objectifs

Sensibiliser les élèves à l'importance de l'histoire orale pour la transmission des connaissances.

Les élèves seront amenés à discuter du symbolisme lié à cette histoire.

Comprendre davantage les éléments du code de vie des Autochtones à cette époque.

Comparer le modèle de la Confédération iroquoise à celui de la Constitution canadienne.

Identifier plus en profondeur le rôle du médiateur lors d'un conflit.

Contexte

Il y a plusieurs siècles, les nations iroquoises se sont unies pour établir une paix durable. Encore aujourd'hui, la légende du Gardien de la paix leur rappelle la source profonde de cette alliance.

Il est dit qu'à un endroit dans "la terre des langues tordues" (qui aujourd'hui correspond à l'est de l'Ontario), une vieille femme a vu en rêve un envoyé du Grand Esprit.

"Ta fille enfantera, lui déclara l'envoyé, et l'enfant s'appellera Tekanawite, le Gardien de la paix. Adulte, il quittera sa demeure pour propager un message de paix parmi les nations."

Jeune garçon, Tekanawite eut la révélation du Message de la paix qui lui fit connaître sa mission. Il grandit et devint un bel homme robuste, intègre et honnête. Pourtant, Tekanawite n'avait pas l'estime de son peuple, car il attachait plus d'importance à la paix qu'à la guerre.

Un jour, Tekanawite appela sa grand-mère et sa mère auprès de lui et leur parla en ces termes:

"Je vais construire un canot, car l'heure est venue d'accomplir ma mission et de mettre fin aux effusions de sang parmi le peuple."

Tekanawite se fabriqua un canot de pierre et non d'écorce. Lorsqu'il l'eut fini, il expliqua à sa grand-mère:

"Mon canot de pierre flottera, et ce sera le signe que je porte la vérité."

On raconte qu'après que Tekanawite se fut installé dans le canot, l'embarcation se mit à voguer toute seule vers Sganyadaii-yo, le Grand Lac de Beauté (aujourd'hui appelé le lac Ontario), puis vira vers le sud, en direction de la terre du peuple de la Maison Longue.

A cette époque, l'état de guerre était perpétuel. Entraînées par leurs chefs, les cinq nations iroquoises, que l'on dénomme aujourd'hui les Mohawks, les Onondagas, les Onéidas, les Cayugas et les Sénécas, s'enlisaient dans le cycle infernal de luttes et de représailles.

Dans tous les villages, la valeur des hommes se mesurait selon les mêmes critères: on glorifiait leur bravoure et leur habileté au combat, on exaltait leurs exploits téméraires et on les félicitait pour les dépouilles qu'ils ramenaient de leurs incursions de pillage. Cependant, ces raids tissaient une chaîne de carnages et de revanches haineuses entre les villages. La méfiance et la peur obnubilaient les esprits. Chaque jour apportait son lot d'angoisses et de souffrances.

A ce qu'on dit, la guerre entre les cinq nations battait son plein lorsque Tekanawite arrêta dans chacun des villages pour répandre le message de la Maison Longue, la Loi de la Grande Paix et le Pouvoir du Bon Esprit.

Les habitants l'écoutèrent et furent impressionnés, car, au fond de leur coeur, ils étaient las des tueries. Ils désiraient ardemment cultiver leurs champs de maïs et de courges sans craindre les pillards. Ils accueillirent donc favorablement la proposition de Tekanawite qui prônait une alliance permanente entre les nations.

Bien entendu, le message de paix de Tekanawite ne parvint pas à rallier tout le monde: pour certains, la guerre était devenue indispensable. L'un d'eux était le vieux Atotárho, un sorcier des Onondagas.

Plusieurs racontent qu'Atotárho avait le corps aussi noueux que l'esprit retors, et que sa chevelure n'était qu'un grouillement de serpents. Sa seule vue glaçait les sens, et le son de sa voix suffisait à semer la terreur sur tout le territoire onondaga.

Ai:ionwatha était un Mohawk qui vivait parmi les Onondagas. Las des dissensions acerbes au sein de son peuple, il tenta d'instaurer un conseil de paix. Mais cette initiative le plaça directement en travers des visées belliqueuses d'Atotárho; celui-ci recourut à la sorcellerie pour tuer les trois filles d'Ai:ionwatha et força ce dernier à s'exiler.

Repoussé de tous, Ai:ionwatha trouva refuge dans la forêt. Un jour, tandis qu'il était assis au bord d'un ruisseau, Ai:ionwatha leva les yeux et vit Tekanawite.

"Mon frère, dit Tekanawite, je constate qu'un profond chagrin t'accable; tu est chef parmi les tiens et, pourtant, tu es sans abri."

Lorsque Ai:ionwatha eut fini de lui raconter sa triste histoire, Tekanawite commença sa mission de paix en apaisant sa douleur. Les douces condoléances qu'offrit le Gardien de la paix asséchèrent les larmes d'Ai:ionwatha, dégagèrent ses oreilles et allégèrent sa respiration: la peine qui habitait le Mohawk s'évanouit sur-le-champ.

"Maintenant, reprends-toi, lui dit Tekanawite. Tu es prêt à joindre tes efforts aux miens afin que ma mission s'accomplisse: allons répandre le message d'entente parmi les peuples des cinq nations."

Dès lors, les deux hommes voyagèrent ensemble et se firent les hérauts de la Loi de la grande paix auprès des nations iroquoises. Les Mohawks, les Onéidas, les Cayugas et les Sénécas entendirent le message et formèrent la Confédération. Les Onondagas s'y joignirent aussi, tous sauf Atotárho, le puissant sorcier.

"Il faut que nous combattions le mal qui dévore Atotárho, déclara Tekanawite. Lui seul nous empêche d'avancer. Il a l'esprit retors et le corps noué en sept endroits. Pour la survie de la Confédération, nous devons redresser et guérir Atotárho de ces torts."

"Toi et moi, nous irons visiter le grand magicien Atotárho. Je chanterai le Chant de la paix et tu prononceras les paroles de la Loi. Ensuite, tu retireras les serpents de sa chevelure, et je dénouerai son corps."

"Que sont ces propos insensés?" s'emporta Atotárho lorsque Tekanawite et Ai:ionwatha se mirent à lui chanter le Chant de la paix et à énoncer les paroles de la Grande Loi de la Maison Longue.

"Nous sommes porteurs d'une lumière nouvelle, déclara Tekanawite. Nos paroles annoncent une nouvelle vie pour les nôtres. Nos paroles s'adressent à ceux qui souhaitent élever leur famille dans la paix et l'harmonie. L'ordre règne lorsque le peuple est animé du désir de justice; la santé est florissante lorsque la raison prévaut; la puissance habite le peuple qui embrasse la Grande Loi de la Maison Longue."

"En quoi cela me concerne-t-il?" demanda Atotárho.

"Toi, Atotárho, répondit Tekanawite, tu seras le gardien du feu de la Ligue des cinq nations. Tu attiseras le feu du Conseil, le feu qui ne s'éteint jamais. La fumée du feu atteindra le firmament, et tous la verront."

A ce moment - comme le dit son nom "Celui-qui-peigne-les-cheveux," - Ai:ionwatha démêla les serpents de la chevelure du sorcier, et Tekanawite redressa son corps d'une simple imposition des mains.

"Atotárho, annonça Tekanawite, tu présideras le Grand Conseil et tu feras tout en ton pouvoir pour faire triompher la raison et la paix. Ta voix sera celle de la Grande Loi." Dès que Tekanawite prononça ces mots, l'esprit d'Atotárho se purifia.

Tekanawite choisit le pin comme symbole de la Ligue des cinq nations. Il planta un jeune pin, le laissa croître puis le déterra. A la place des racines, il y avait un énorme trou béant au fond duquel bouillonnaient les eaux d'un torrent souterrain. Les guerriers y précipitèrent leurs tomahawks et leurs massues de guerre et, tous ensemble, ils redressèrent l'arbre couché et l'enracinèrent solidement dans le sol des Onondagas, la terre d'élection du Feu du Grand Conseil.

A l'ombre de l'Arbre de la paix siégeaient Atotárho et ses chefs, gardiens de la Grande Paix. Les puissantes racines de l'arbre s'étendaient aux quatre points cardinaux. Toute nation souhaitant se joindre à la Ligue n'avait qu'à remonter ces racines jusqu'au tronc pour bénéficier de l'ombre bienfaisante du pin protecteur. Au faîte, Tekanawite avait posté l'Aigle-à-la-vue-perçante qui sonnait l'alerte à l'approche d'un danger.

"Nous allons unir nos destinées, déclara Tekanawite. Tenons-nous la main si fermement, formons un cercle si parfait que même la chute d'un arbre ne parviendra pas à l'ébranler ni à le rompre. Ainsi, notre peuple et les enfants de nos enfants s'épanouiront en notre sein, dans la paix, la sécurité et la joie."

La ligue iroquoise s'est perpétuée durant plus de 1 500 ans. En 1713, les Tuscaroras s'unirent aux cinq nations pour former l'actuelle Confédération des six nations. La Grande Paix fut conclue par toutes les nations autochtones d'Amérique du Nord.

Activités

1. L'art de raconter des histoires

La capsule historique " Le Gardien de la paix " montre un grand-père qui raconte une histoire à sa petite-fille. Soudain, les personnages de l'histoire s'animent et envahissent l'écran.

Avant de visionner la Minute, ou d'en lire le résumé, discutez avec vos élèves des choses que les plus vieux peuvent enseigner aux plus jeunes. Quel genre d'histoires racontent souvent les anciens? Est-ce que les jeunes tirent des leçons de ces histoires? Les élèves pourraient échanger des histoires sur leur famille ou leur culture avec le groupe.

Expliquez que la Minute montre comment une histoire importante est transmise d'une génération à l'autre. Demandez à vos élèves de lire l'histoire du Gardien de la paix et de réfléchir aux leçons qu'on peut en tirer.

Regardez la Minute plus d'une fois. Entre les visionnements, aidez les élèves à éclaircir les événements reproduits dans le film.

Après avoir visionné la Minute, discutez des " messages " qu'elle véhicule. (L'histoire semble plutôt simple à première vue, mais elle enseigne des leçons d'ordre moral et donne des moyens de maintenir la paix. Il est important de savoir que la légende du Gardien de la paix a été la " constitution " de la Confédération iroquoise pendant plusieurs siècles.) Pourquoi le grand-père raconte-t-il cette histoire à sa petite-fille? Qu'est-ce qu'on y apprend sur la façon de résoudre des conflits? Quels sont les comportements exemplaires du Gardien de la paix? Discutez du symbolisme de l'arbre de la paix.

Demandez aux élèves d'identifier d'autres histoires qui parlent des leçons transmises d'une génération à l'autre soit par voie orale, ou écrite (les contes folkloriques et les contes de fées en sont des exemples). Discutez des messages que ces histoires véhiculent. Les jeunes qui ont une culture autre que canadienne pourraient faire connaître de nouvelles histoires à leurs camarades de classe. Vous pourriez aussi utiliser " Le Gardien de la paix " à titre d'introduction pour une leçon sur les histoires traditionnelles.


2. Une histoire qui instruit

Le peuple Iroquois raconte l'histoire du " Gardien de la paix " depuis des siècles en raison du message qu'elle transmet.

Qu'est-ce que cette histoire nous enseigne sur un code de vie et sur une façon de vivre en paix et en harmonie?

Pouvez-vous nommer d'autres histoires instructives qui rendent compréhensibles et vivantes des idées abstraites ou complexes? (On retrouve ces histoires dans la littérature traditionnelle (contes, fables, mythes et légendes) ainsi que dans la littérature contemporaine pour enfants et pour adultes.)


3. Les enjeux de la paix

La Confédération iroquoise est un modèle reconnu d'organisation politique. Les auteurs de la constitution américaine l'ont étudié, puis ont consulté les chefs iroquois au moment de rédiger leurs lois nationales.

L'histoire du Gardien de la paix décrit la création d'un gouvernement conformément à des principes moraux. Les différentes nations iroquoises ont conservé certains pouvoirs distincts, mais elles ont aussi consenti certains pouvoirs à un gouvernement central et représentatif, la Confédération iroquoise. Comparez ce modèle avec la Constitution canadienne.


4. Arbitre de la paix

Le Gardien de la paix était une sorte de médiateur impartial face aux luttes opposant les diverses tribus Iroquoises. Il agissait comme le fait de nos jours un arbitre lors d'un conflit de travail ou dans le cadre de relations diplomatiques.

Pourquoi l'intervention d'une tierce personne est-elle parfois plus efficace pour régler des conflits que les seules tractations des belligérants? Trouvez des exemples de médiateurs efficaces ayant participé à la résolution de conflits à l'échelle locale, nationale ou internationale.

Atotárho l'agresseur est devenu Atotárho, un chef avisé de la Confédération iroquoise. Pourquoi fut-il habile de lui confier, entre tous, la responsabilité de maintenir la paix? Cette tactique serait-elle aussi efficace dans d'autres situations?

Ressources

Minutes du patrimoine: Le gardien de la paix

L'Encyclopédie canadienne: Haudenosaunee (Iroquois)