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Aperçu
À l'aide de l'histoire du Bluenose, apprenez en davantage sur les provinces atlantiques et définissez les symboles canadiens. Servez vous de l'histoire du Bluenose pour alimenter la réflexion sur les Américains, sur la perception qu’en on les Canadiens, ainsi que sur le déclin des stocks de morue dans l’Atlantique.
Objectifs
Les élèves seront invités à approfondir leurs connaissances sur la pêche à la morue dans les provinces atlantiques.
Ils devront réfléchir aux symboles canadiens.
Ils pourront créer leurs propres symboles pour une école, une équipe sportive, etc.
Ils devront réfléchir aux symboles canadiens.
Ils pourront créer leurs propres symboles pour une école, une équipe sportive, etc.
Les élèves seront invités à réfléchir sur les relations canado-américaines.
Ils pourront identifier les différences et les points en communs qu’ont les Canadiens et les Américains.
Ils seront amenés à faire une recherche sur les facteurs qui ont contribués au déclin et à la disparition des stocks de morue dans l’Atlantique.
Les élèves seront invités à réfléchir sur les effets d’une économie basée sur les ressources naturelles.
Contexte
Les couloirs du Halifax Herald retentissaient d'éclats de rire. Le sénateur William H. Dennis, éditeur du journal, feuilletait les pages sportives d'un journal de New York. " Le New York Yatch Club, lisait-on dans l'article, a reporté la course prévue pour aujourd'hui en raison de vents de vingt-trois milles à l'heure. " Ainsi, l'America Cup, la favorite des mordus de la voile, était retardée à cause de vents qui auraient à peine chatouillé les voiles d'une goélette de pêche. Un capitaine de Lunenburg bâillerait d'ennui à la perspective de prendre la mer par une brise si douce.
Cet entrefilet paru en 1919 donna au sénateur et à des hommes d'affaires d'Halifax l'idée de créer la " Halifax Herald North Atlantic Fisherman's International Competition ", course où s'affronteraient de véritables goélettes. Dans les décennies qui suivirent, les courses du Fisherman's Trophy électrisèrent les foules du monde entier et firent d'une embarcation de la Nouvelle-Écosse, le Bluenose, un symbole durable de l'esprit des Maritimes.
Les candidats au titre, des pêcheurs des Grands Bancs, partaient en mer pendant plusieurs semaines, jusqu'à deux mois parfois, pour pêcher la morue qu'ils entreposaient dans les cales remplies de sel. Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, abritait une des meilleures flottes de bateaux de pêche en haute mer du monde et n'était pas peu fière des constructeurs de bateaux et des pêcheurs à l'origine de son riche patrimoine. En fait, bon nombre des capitaines de Gloucester étaient natifs de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse. Depuis des générations, les Américains et les Canadiens se livraient déjà bataille jusqu'aux bancs de poissons. La perspective d'officialiser ces courses réjouissait les deux villes.
Vers 1919, cependant, l'âge d'or des goélettes de mer tirait à sa fin. Pendant la Première Guerre mondiale, les sous-marins allemands avaient coulé le tiers des bateaux de bois de la Nouvelle-Écosse. La moitié des navires qui quittaient le port d'Halifax étaient à vapeur et, avec la chute du prix de la morue salée, tout laissait croire que les jours de la voile étaient comptés. Mais la tradition a la vie dure dans les Maritimes, et les Grands Bancs grouillaient toujours de poissons. Malgré le travail éreintant, le gel, la menace quotidienne de naufrage et de noyade et le salaire insuffisant (calculé comme une part de la prise), les garçons rêvaient encore de barrer une goélette à huit voiles et d'affronter une tempête après avoir rempli la cale de poissons. La Fisherman's Cup était la dernière occasion de montrer au monde la gloire des flottes de goélettes et le courage des marins.
Pour la première édition de la compétition, les courses pour la sélection du représentant canadien se déroulèrent au large d'Halifax, le 11 octobre 1920. Une foule enthousiaste regarda le Delawana, commandé par le capitaine Tommy Himmelman, disputer la victoire au Gilbert B. Walters, commandé par le capitaine Angus Walters. Dans la dernière course, le mât de hune du Gilbert B. Walters se brisa. C'est donc au Delawana, qui remporta la course avec une avance de cinq minutes, que revint l'honneur de représenter le Canada, mais à Halifax, on discutait plutôt des brillantes manoeuvres du capitaine Walters.
Une semaine plus tard, le Delawana affrontait l'Esperanto pour le titre. L'élégante goélette américaine, sous les commandes de Marty Welch, originaire de la Nouvelle-Écosse, remporta deux courses sur trois et rentra à Gloucester avec le trophée et les 4 000 $ CAN en poche.
Les Néo-Écossais, blessés dans leur fierté, ne tardèrent pas à mijoter leur revanche. Le sénateur Dennis et ses riches amis d'Halifax décidèrent de construire une goélette qui allait non seulement battre les Américains, mais devenir aussi le symbole de la suprématie navale néo-écossaise. Ils la baptiseraient Bluenose, surnom donné aux Néo-Écossais, et payeraient le prix qu'il fallait pour en faire " une reine des mers ".
Avant même de songer aux plans, ils avaient choisi le meilleur capitaine, à leur connaissance -Angus Walters de Lunenburg. Contrairement à la plupart des capitaines de goélettes, Walters était un petit homme nerveux, mais il avait un don pour sentir le vent et pousser les voiles à fond. C'était un dur de dur. Une engueulade du capitaine Walters pouvait faire ramper jusqu'au plus costaud des marins. Walters n'a donc pas fait de cadeau à ses associés. Comme il voulait avoir le dernier mot pour la construction et la gestion du Bluenose, il lui fallait en détenir la part la plus importante.
Ses associés se rangèrent à ses demandes. Le concepteur de yacht William Roué dessina les plans et la construction commença au chantier Smith & Rhuland de Lunenburg. Lancée le 26 mars 1921, la goélette bleue et noire était, de l'avis de tous ceux à bord, une véritable merveille. Pour l'oeil averti, le Bluenose présentait quelques caractéristiques distinctives, mais on ne sut jamais vraiment d'où lui venait sa rapidité. Certains l'expliquaient par la ligne de flottaison légèrement plus longue que celle de la plupart des goélettes. D'autres croyaient que le bois, durci par un gel particulièrement mordant, y était pour quelque chose. Mais qui sait si ce n'était pas plutôt un effet de magie entre l'embarcation et son capitaine !
Avant de s'inscrire à la course, le Bluenose devait faire ses preuves dans les Grands Bancs. Selon les règles de la compétition, tous les candidats devaient avoir complété une saison de pêche au moins. D'autre part, le Bluenose devait faire ses frais; après tout, c'était un bateau de pêche, pas un yacht de course. Aujourd'hui, depuis l'interdiction de la pêche à la morue de l'Atlantique, il est difficile d'imaginer qu'on prenait chaque année plus d'un milliard de tonnes de morue dans les Grands Bancs. Le Bluenose connut une bonne saison de pêche et, dans les années qui suivirent, eut maintes occasions de démontrer sa valeur : en 1923, il rapporta une prise record de 646 000 livres de poissons.
À la fin de la première saison, en octobre 1921, le Bluenose se mesura aux meilleures goélettes canadiennes dans le port d'Halifax. Le gagnant allait affronter le champion américain pour la deuxième édition du Fisherman's Trophy. Le Bluenose, aussi rapide que beau, remporta facilement les deux courses.
Pour le trophée, il affrontait l'Elsie, commandé par Marty Welch, le capitaine qui avait remporté la première compétition. Les deux voiliers filèrent par temps venteux sur le parcours de 40 milles. Le premier jour, l'Elsie perdit son mât de hune. Galamment, Angus Walters abaissa son spi, mais termina tout de même la course avec une avance de 13 minutes. Puis, dans la course décisive, la goélette traversa la ligne d'arrivée avec une avance de trois milles. La nouvelle se répandit dans tout le pays à la vitesse de l'éclair. Le Bluenose avait ramené le trophée au Canada ! On avait battu les États-Unis ! Du jour au lendemain, la goélette se transforma en symbole national.
L'année suivante, la goélette conserva le trophée contre le Henry Ford. Un quatrième défi, en 1923, fut gâché par une collision, suivie de protestations et de controverse. Angus Walters refusa de terminer la compétition et ramena le Bluenose à Lunenburg plutôt que de se soumettre au verdict des juges. Son adversaire, le capitaine Ben Pine du Columbia, n'accepta pas le trophée qu'on lui offrit : il n'avait pas vraiment vaincu le Bluenose.
Les années passèrent. La dernière course avait terni la compétition. De plus, la Crise de 1929 avait touché les Maritimes très durement. Les pêcheurs s'en tenaient à leur travail et s'efforçaient de joindre les deux bouts. Il restait peu d'énergie pour la course. Mais en 1930, Ben Pine débarqua à Lunenburg, une proposition en poche. La Thomas Lipton Tea Company voulait organiser une course entre le Bluenose et le Gertrude L. Thebaud, la nouvelle coqueluche américaine, et fournissait l'argent du prix. Walters bougonnait, mais se présenta à Gloucester pour la course. Le Bluenose était en mauvais état, ses voiles étaient vieilles et lâches. Il essuya sa première défaite. Les Américains pavoisaient, mais les Canadiens se consolaient de n'avoir tout de même pas perdu le trophée si cher à leurs yeux.
Une année plus tard, les deux goélettes se rencontraient de nouveau. Cette fois-ci, cependant, le trophée était en jeu. Le Bluenose se montra à la hauteur du défi, remportant facilement les deux courses. " On n'a pas encore planté l'arbre qui battra un jour le Bluenose ", se plaisait à dire Angus Walters.
En 1935, le Bluenose fit une traversée jusqu'en Angleterre pour représenter le Canada au vingt-cinquième anniversaire du règne de George V. Le roi fut impressionné par la beauté de la goélette canadienne. Sur le chemin du retour toutefois, le Bluenose rencontra la pire tempête de son existence. Il se coucha sur le côté pendant cinq bonnes minutes, puis se redressa d'une forte secousse. Walters nie avoir jamais douté de sa goélette. Le Bluenose, déjà légendaire, pouvait ajouter la résurrection à la liste de ses exploits.
En 1937, le Bluenose fut reproduit sur la pièce de dix cents canadien et s'y trouve encore aujourd'hui. Sa dernière heure de gloire sonna en 1938. Il se mesurait au Gertrude L. Thebaud dans une compétition de cinq courses, mais pour le trophée cette fois-ci. Après quatre courses serrées, c'était 2 à 2. Le Bluenose avait subi des dommages, et paraissait maintenant son âge. Rendu au dernier jalon de la course décisive, Angus Walters implora sa vieille compagne : " Une dernière fois, ma vieille, ensuite tu te reposeras ! " Le Bluenose exauça sa prière, et remporta la dernière course du Fisherman's Trophy avec une avance de trois minutes. Sa vitesse moyenne au cours de la course, 14,15 noeuds, la plus rapide jamais enregistrée sur parcours balisé par une goélette dans l'histoire de la voile !
Le Bluenose a terminé sa vie sur une note triste. Les vaisseaux motorisés, les coques d'acier et la fin de la pêche à la goélette l'ont transformé en relique. Angus Walters tenta de faire déclarer la goélette trésor national et s'endetta pour la garder, mais, au bout du compte, il fut obligé de la vendre. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle transportait des marchandises dans les Caraïbes. Puis, le 28 janvier 1946, on apprenait en Nouvelle-Écosse que le Bluenose avait frappé un récif au large d'Haïti. Angus Walters voulait s'y rendre pour diriger les opérations de sauvetage, mais les nouvelles n'étaient pas claires. Paralysé par les renseignements contradictoires, il ne put empêcher la perte du Bluenose. Personne n'a encore trouvé un seul éclat de l'épave.
L'histoire du Bluenose comporte toutefois un épilogue. Au début des années 1960, la brasserie d'Halifax qui embouteille la " Schooner Beer " avança l'argent pour reproduire le Bluenose à titre d'attraction touristique et de symbole provincial. Le chantier naval Smith & Rhuland, pour une deuxième fois, moula la quille et, en juillet 1963, on lançait le Bluenose II. Angus Walters était à bord pour son voyage inaugural dans les Antilles. Quatre-vingts années bien sonnées, il prit la barre. Silencieusement, il sentit le Bluenose fendre l'eau et écouta le vent dans les voiles, y cherchant peut-être l'écho du passé. Finalement, il rassura le groupe impatient d'entendre son verdict : c'était une excellente goélette. Le capitaine Angus Walters mourut en 1968, mais le Bluenose II est toujours à flot, dans le port de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse. Il rappelle au monde les heures de gloire de la plus célèbre goélette du Canada.
Cet entrefilet paru en 1919 donna au sénateur et à des hommes d'affaires d'Halifax l'idée de créer la " Halifax Herald North Atlantic Fisherman's International Competition ", course où s'affronteraient de véritables goélettes. Dans les décennies qui suivirent, les courses du Fisherman's Trophy électrisèrent les foules du monde entier et firent d'une embarcation de la Nouvelle-Écosse, le Bluenose, un symbole durable de l'esprit des Maritimes.
Les candidats au titre, des pêcheurs des Grands Bancs, partaient en mer pendant plusieurs semaines, jusqu'à deux mois parfois, pour pêcher la morue qu'ils entreposaient dans les cales remplies de sel. Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, abritait une des meilleures flottes de bateaux de pêche en haute mer du monde et n'était pas peu fière des constructeurs de bateaux et des pêcheurs à l'origine de son riche patrimoine. En fait, bon nombre des capitaines de Gloucester étaient natifs de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse. Depuis des générations, les Américains et les Canadiens se livraient déjà bataille jusqu'aux bancs de poissons. La perspective d'officialiser ces courses réjouissait les deux villes.
Vers 1919, cependant, l'âge d'or des goélettes de mer tirait à sa fin. Pendant la Première Guerre mondiale, les sous-marins allemands avaient coulé le tiers des bateaux de bois de la Nouvelle-Écosse. La moitié des navires qui quittaient le port d'Halifax étaient à vapeur et, avec la chute du prix de la morue salée, tout laissait croire que les jours de la voile étaient comptés. Mais la tradition a la vie dure dans les Maritimes, et les Grands Bancs grouillaient toujours de poissons. Malgré le travail éreintant, le gel, la menace quotidienne de naufrage et de noyade et le salaire insuffisant (calculé comme une part de la prise), les garçons rêvaient encore de barrer une goélette à huit voiles et d'affronter une tempête après avoir rempli la cale de poissons. La Fisherman's Cup était la dernière occasion de montrer au monde la gloire des flottes de goélettes et le courage des marins.
Pour la première édition de la compétition, les courses pour la sélection du représentant canadien se déroulèrent au large d'Halifax, le 11 octobre 1920. Une foule enthousiaste regarda le Delawana, commandé par le capitaine Tommy Himmelman, disputer la victoire au Gilbert B. Walters, commandé par le capitaine Angus Walters. Dans la dernière course, le mât de hune du Gilbert B. Walters se brisa. C'est donc au Delawana, qui remporta la course avec une avance de cinq minutes, que revint l'honneur de représenter le Canada, mais à Halifax, on discutait plutôt des brillantes manoeuvres du capitaine Walters.
Une semaine plus tard, le Delawana affrontait l'Esperanto pour le titre. L'élégante goélette américaine, sous les commandes de Marty Welch, originaire de la Nouvelle-Écosse, remporta deux courses sur trois et rentra à Gloucester avec le trophée et les 4 000 $ CAN en poche.
Les Néo-Écossais, blessés dans leur fierté, ne tardèrent pas à mijoter leur revanche. Le sénateur Dennis et ses riches amis d'Halifax décidèrent de construire une goélette qui allait non seulement battre les Américains, mais devenir aussi le symbole de la suprématie navale néo-écossaise. Ils la baptiseraient Bluenose, surnom donné aux Néo-Écossais, et payeraient le prix qu'il fallait pour en faire " une reine des mers ".
Avant même de songer aux plans, ils avaient choisi le meilleur capitaine, à leur connaissance -Angus Walters de Lunenburg. Contrairement à la plupart des capitaines de goélettes, Walters était un petit homme nerveux, mais il avait un don pour sentir le vent et pousser les voiles à fond. C'était un dur de dur. Une engueulade du capitaine Walters pouvait faire ramper jusqu'au plus costaud des marins. Walters n'a donc pas fait de cadeau à ses associés. Comme il voulait avoir le dernier mot pour la construction et la gestion du Bluenose, il lui fallait en détenir la part la plus importante.
Ses associés se rangèrent à ses demandes. Le concepteur de yacht William Roué dessina les plans et la construction commença au chantier Smith & Rhuland de Lunenburg. Lancée le 26 mars 1921, la goélette bleue et noire était, de l'avis de tous ceux à bord, une véritable merveille. Pour l'oeil averti, le Bluenose présentait quelques caractéristiques distinctives, mais on ne sut jamais vraiment d'où lui venait sa rapidité. Certains l'expliquaient par la ligne de flottaison légèrement plus longue que celle de la plupart des goélettes. D'autres croyaient que le bois, durci par un gel particulièrement mordant, y était pour quelque chose. Mais qui sait si ce n'était pas plutôt un effet de magie entre l'embarcation et son capitaine !
Avant de s'inscrire à la course, le Bluenose devait faire ses preuves dans les Grands Bancs. Selon les règles de la compétition, tous les candidats devaient avoir complété une saison de pêche au moins. D'autre part, le Bluenose devait faire ses frais; après tout, c'était un bateau de pêche, pas un yacht de course. Aujourd'hui, depuis l'interdiction de la pêche à la morue de l'Atlantique, il est difficile d'imaginer qu'on prenait chaque année plus d'un milliard de tonnes de morue dans les Grands Bancs. Le Bluenose connut une bonne saison de pêche et, dans les années qui suivirent, eut maintes occasions de démontrer sa valeur : en 1923, il rapporta une prise record de 646 000 livres de poissons.
À la fin de la première saison, en octobre 1921, le Bluenose se mesura aux meilleures goélettes canadiennes dans le port d'Halifax. Le gagnant allait affronter le champion américain pour la deuxième édition du Fisherman's Trophy. Le Bluenose, aussi rapide que beau, remporta facilement les deux courses.
Pour le trophée, il affrontait l'Elsie, commandé par Marty Welch, le capitaine qui avait remporté la première compétition. Les deux voiliers filèrent par temps venteux sur le parcours de 40 milles. Le premier jour, l'Elsie perdit son mât de hune. Galamment, Angus Walters abaissa son spi, mais termina tout de même la course avec une avance de 13 minutes. Puis, dans la course décisive, la goélette traversa la ligne d'arrivée avec une avance de trois milles. La nouvelle se répandit dans tout le pays à la vitesse de l'éclair. Le Bluenose avait ramené le trophée au Canada ! On avait battu les États-Unis ! Du jour au lendemain, la goélette se transforma en symbole national.
L'année suivante, la goélette conserva le trophée contre le Henry Ford. Un quatrième défi, en 1923, fut gâché par une collision, suivie de protestations et de controverse. Angus Walters refusa de terminer la compétition et ramena le Bluenose à Lunenburg plutôt que de se soumettre au verdict des juges. Son adversaire, le capitaine Ben Pine du Columbia, n'accepta pas le trophée qu'on lui offrit : il n'avait pas vraiment vaincu le Bluenose.
Les années passèrent. La dernière course avait terni la compétition. De plus, la Crise de 1929 avait touché les Maritimes très durement. Les pêcheurs s'en tenaient à leur travail et s'efforçaient de joindre les deux bouts. Il restait peu d'énergie pour la course. Mais en 1930, Ben Pine débarqua à Lunenburg, une proposition en poche. La Thomas Lipton Tea Company voulait organiser une course entre le Bluenose et le Gertrude L. Thebaud, la nouvelle coqueluche américaine, et fournissait l'argent du prix. Walters bougonnait, mais se présenta à Gloucester pour la course. Le Bluenose était en mauvais état, ses voiles étaient vieilles et lâches. Il essuya sa première défaite. Les Américains pavoisaient, mais les Canadiens se consolaient de n'avoir tout de même pas perdu le trophée si cher à leurs yeux.
Une année plus tard, les deux goélettes se rencontraient de nouveau. Cette fois-ci, cependant, le trophée était en jeu. Le Bluenose se montra à la hauteur du défi, remportant facilement les deux courses. " On n'a pas encore planté l'arbre qui battra un jour le Bluenose ", se plaisait à dire Angus Walters.
En 1935, le Bluenose fit une traversée jusqu'en Angleterre pour représenter le Canada au vingt-cinquième anniversaire du règne de George V. Le roi fut impressionné par la beauté de la goélette canadienne. Sur le chemin du retour toutefois, le Bluenose rencontra la pire tempête de son existence. Il se coucha sur le côté pendant cinq bonnes minutes, puis se redressa d'une forte secousse. Walters nie avoir jamais douté de sa goélette. Le Bluenose, déjà légendaire, pouvait ajouter la résurrection à la liste de ses exploits.
En 1937, le Bluenose fut reproduit sur la pièce de dix cents canadien et s'y trouve encore aujourd'hui. Sa dernière heure de gloire sonna en 1938. Il se mesurait au Gertrude L. Thebaud dans une compétition de cinq courses, mais pour le trophée cette fois-ci. Après quatre courses serrées, c'était 2 à 2. Le Bluenose avait subi des dommages, et paraissait maintenant son âge. Rendu au dernier jalon de la course décisive, Angus Walters implora sa vieille compagne : " Une dernière fois, ma vieille, ensuite tu te reposeras ! " Le Bluenose exauça sa prière, et remporta la dernière course du Fisherman's Trophy avec une avance de trois minutes. Sa vitesse moyenne au cours de la course, 14,15 noeuds, la plus rapide jamais enregistrée sur parcours balisé par une goélette dans l'histoire de la voile !
Le Bluenose a terminé sa vie sur une note triste. Les vaisseaux motorisés, les coques d'acier et la fin de la pêche à la goélette l'ont transformé en relique. Angus Walters tenta de faire déclarer la goélette trésor national et s'endetta pour la garder, mais, au bout du compte, il fut obligé de la vendre. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle transportait des marchandises dans les Caraïbes. Puis, le 28 janvier 1946, on apprenait en Nouvelle-Écosse que le Bluenose avait frappé un récif au large d'Haïti. Angus Walters voulait s'y rendre pour diriger les opérations de sauvetage, mais les nouvelles n'étaient pas claires. Paralysé par les renseignements contradictoires, il ne put empêcher la perte du Bluenose. Personne n'a encore trouvé un seul éclat de l'épave.
L'histoire du Bluenose comporte toutefois un épilogue. Au début des années 1960, la brasserie d'Halifax qui embouteille la " Schooner Beer " avança l'argent pour reproduire le Bluenose à titre d'attraction touristique et de symbole provincial. Le chantier naval Smith & Rhuland, pour une deuxième fois, moula la quille et, en juillet 1963, on lançait le Bluenose II. Angus Walters était à bord pour son voyage inaugural dans les Antilles. Quatre-vingts années bien sonnées, il prit la barre. Silencieusement, il sentit le Bluenose fendre l'eau et écouta le vent dans les voiles, y cherchant peut-être l'écho du passé. Finalement, il rassura le groupe impatient d'entendre son verdict : c'était une excellente goélette. Le capitaine Angus Walters mourut en 1968, mais le Bluenose II est toujours à flot, dans le port de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse. Il rappelle au monde les heures de gloire de la plus célèbre goélette du Canada.
Activités
1. La grande pêche à la morue
La Minute Historica " Le Bluenose " (de même que la Minute Historica sur Jean Cabot) peut servir de point de départ pour un cours de sciences humaines sur les provinces de l'Atlantique. Le Bluenose était non seulement une goélette de course, mais il était également l'un des grands bateaux de pêche qui contribua à la renommée de la pêcherie des Grands Bancs. Aujourd'hui, depuis l'interdiction de la pêche à la morue de l'Atlantique, il est difficile d'imaginer qu'on prenait chaque année plus d'un milliard de livres (plus de 453 000 000 kilos!) de morue dans les Grands Bancs. En 1923, le Bluenose rapporta une prise record de 646 000 livres (plus de 293 020 kilos) de poissons!
La Minute Historica " Le Bluenose " (de même que la Minute Historica sur Jean Cabot) peut servir de point de départ pour un cours de sciences humaines sur les provinces de l'Atlantique. Le Bluenose était non seulement une goélette de course, mais il était également l'un des grands bateaux de pêche qui contribua à la renommée de la pêcherie des Grands Bancs. Aujourd'hui, depuis l'interdiction de la pêche à la morue de l'Atlantique, il est difficile d'imaginer qu'on prenait chaque année plus d'un milliard de livres (plus de 453 000 000 kilos!) de morue dans les Grands Bancs. En 1923, le Bluenose rapporta une prise record de 646 000 livres (plus de 293 020 kilos) de poissons!
Répartissez les élèves en équipes puis demandez-leur de faire un travail de recherche sur la pêche à la morue dans les Grands Bancs. Les sujets à explorer comprennent : les techniques de pêche; la géographie des Grands Bancs, l'histoire de la pêcherie; la vie sur les goélettes au début du 20e siècle, les naufrages et les sauvetages; et, l'histoire du Bluenose.
2. Symboles
Les élèves devraient reconnaître le Bluenose, qui figure à l'endos de la pièce de 10 cents depuis 1937. Il est devenu un symbole du Canada.
Après avoir visionné la Minute, rappelez aux élèves qu'ils ont vu le Bluenose à maintes reprises sur des pièces de dix cents. Pourquoi a-t-on choisi le Bluenose pour cette pièce de monnaie? Orientez la discussion vers les façons dont certains objets ou animaux viennent à symboliser un pays. Pourquoi le castor et la feuille d'érable sont-ils devenus des symboles du Canada? Est-ce que le Bluenose possède des qualités spécifiques que les gens admirent et auxquelles ils s'identifient et aimeraient associer le Canada?
Regardez d'autres genres de symboles - emblèmes provinciaux et locaux, mascottes ou noms d'équipes sportives, etc. Lesquels les élèves considèrent-ils efficaces? Lesquels voient-ils comme plutôt absurdes, obscurs ou déconcertants?
Demandez aux jeunes de créer leurs propres symboles pour l'école ou pour une équipe sportive locale - réelle ou imaginaire. Demandez-leur de rédiger une description détaillée de leur oeuvre, notamment les qualités de l'objet ou de l'animal qui en font un symbole approprié, ou encore les éléments de correspondance entre le symbole et l'école ou l'équipe.
Vous pouvez aussi demander aux jeunes d'adapter leur symbole afin d'en faire un logo pour un uniforme, un drapeau ou des armoiries.
3. Nous contre eux
Le Bluenose est devenu célèbre en remportant course après course contre les meilleurs amis et plus grands rivaux du Canada, les États-Unis. Depuis toujours, les Canadiens semblent entretenir avec leurs voisins du sud une relation ambivalente d'amour et de haine.
Sollicitez les opinions et attitudes du groupe à l'égard des États-Unis. Vous pourriez diviser le tableau en deux colonnes intitulées FAITS et OPINIONS, puis inscrire les commentaires des élèves sur les États-Unis dans la colonne appropriée. Par exemple, " Beaucoup d'Américains possèdent des armes à feu, surtout des armes au poing." pourrait aller dans la colonne " Faits ", alors que " Les Américains sont violents. " devrait sans doute aller dans la colonne " Opinions ".
Quelles sont les attitudes dominantes à l'égard des Américains? Demandez aux élèves de les résumer. Voyez-vous se dessiner un Américain stéréotypé?
Créez maintenant les mêmes colonnes pour les Canadiens. Est-ce qu'un Canadien stéréotypé apparaît? Quelles sont les principales différences entre les Canadiens et les Américains? Quelles sont les ressemblances?
En résumé, pourquoi les Canadiens ont-ils souvent une attitude négative à l'égard des Américains? Peut-on justifier cette attitude?
4. Économie de ressources
L'envers de la médaille de l'histoire du Bluenose recèle un des épisodes les plus tristes de l'histoire moderne du Canada - l'épuisement des stocks de morue de l'Atlantique.
Demandez à un groupe d'élèves de faire un bref exposé des facteurs qui ont contribué au déclin et à la disparition de la pêche à la morue de l'Atlantique.
Suite à l'exposé, faites un remue-méninges pour identifier les autres ressources naturelles qui ont assuré la survie économique du Canada au fil des ans. La liste devrait comprendre la fourrure, le bois d'oeuvre, différents minéraux, ainsi que le gaz et le pétrole. On pourrait aussi y ajouter divers produits agricoles.
Discutez brièvement des effets d'une économie basée sur les ressources naturelles. Une telle économie est-elle viable? Durable? Stable? Le Canada peut-il trouver de nouvelles ressources au fur et à mesure que s'épuisent ses ressources limitées? Y a-t-il des solutions de rechange pour le Canada?
Organisez un débat autour de la question suivante : Est-ce que le Canada devrait continuer à dépendre d'une économie basée sur les ressources?