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Les originaux – Caractère et distinction

  • Les sports
  • Intermédiaire

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Aperçu


Le présent plan de cours repose sur le visionnement des documents de la série Empreintes de Historica sur Torchy Peden, Whipper Billy Watson, Jack Kent Cooke, Northern Dancer, Sandy Hawley, le Stampede de Calgary, Jack Bionda, Jimmy McLarnin et George Chuvalo. Leurs noms n’évoquent pas de grandes prouesses athlétiques : Washerwoman, Northern Dancer, The Baby-faced Assassin, Whipper, le millionnaire le moins riche, Torchy, le Stampede de Cowtown. Mais ces sobriquets sont typiquement canadiens – ils illustrent une faiblesse apparente qui cache une force humble dont les Canadiens sont fiers. Cette caractéristique est parfaitement illustrée par l’un de nos grands originaux, George Chuvalo. Après un match de boxe de 15 rondes contre le champion poids lourd de l’époque, Muhammad Ali, George Chuvalo parvint à faire la remarque suivante, malgré l’enflure de ses lèvres : « Il ne m’a pas fait mal, en fait, j’aimerais bien avoir une autre occasion de le battre. »

Objectifs


Sensibiliser davantage les élèves aux athlètes canadiens qui ont joué le rôle d’innovateurs; apprendre comment ils ont déployé leurs caractéristiques d’athlète à l’échelle nationale et internationale; comprendre les difficultés qu’ont dû surmonter ces Canadiens pour poursuivre leurs buts; étudier le contexte social et historique des compétitions athlétiques; remettre en question la représentation des Premières Nations du Canada dans les événements sportifs et explorer les associations possibles entre la poursuite de l’excellence athlétique et le nationalisme ethnique.

Contexte


Les divertissements qu’appréciaient les Canadiens pendant les années 1930 reflétaient la détermination des citoyens de surmonter le pire de la Dépression. En plein cœur du Dust Bowl (région du centre-sud des États-Unis), les pas de danse exubérants du charleston, popularisés durant les années 1920, ne témoignaient pas de l’esprit de la nation. En fait, en cette période économique difficile, les jeunes ne participaient à des marathons de danse, où ils devaient faire preuve d’endurance, que pour gagner quelques dollars. Le but était simple : demeurer sur le plancher de danse avec son partenaire le plus longtemps possible et gagner un prix en argent. La plus longue compétition dura 22 semaines et trois jours et demi; il n’est pas étonnant que le journal New York World ait noté dans ses pages : « De toutes les folles compétitions jamais inventées, le marathon de danse est sans doute la plus délirante. » Peut-être que si les journalistes avaient connu le cycliste de marathon canadien W.J. « Torchy » Pedan, ils l’auraient sûrement classé deuxième !

Torchy Pedan était le roi des marathons de cyclisme, un sport fort populaire dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale et maintenant tombé dans l’oubli. Ce natif de Victoria, mesurant 1,9 mètre et pesant 100 kilos, envoûtait (et parfois anesthésiait!) des foules de spectateurs partout en Amérique du Nord. Les courses débutaient généralement le dimanche soir et se terminaient à minuit le samedi suivant : deux équipes formées de deux coéquipiers parcouraient une piste en cercle à 80 km/h. Avant l’époque des barres énergétiques, Torchy Pedan concoctait ses propres élixirs pour se fortifier pendant les compétitions. Pendant la course, il grignotait un morceau de viande hachée avec une douzaine de jaunes d’œuf, le tout bien salé, entre deux tranches de pain de blé entier.

Les rivalités donnaient parfois lieu à des bagarres, le but de ces compétitions étant souvent un prix en argent. Et même si Torchy Pedan évita des blessures graves, il dit avoir subi « quelques fractures des côtes, une fracture de la clavicule et de quelques petits os des mains et des pieds... c’est à peu près tout. » Après réflexion, il ajouta : « Ah oui! J’ai aussi perdu beaucoup de dents ». Déjà, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les courses marathons sont un peu démodées. Après la guerre, Torchy Pedan tenta de redonner vie, mais en vain, aux marathons de six jours : l’époque et les goûts du public avaient évolués.

Aujourd'hui, peu de gens peuvent s’imaginer que la lutte semblait, à une certaine époque, être un sport destiné aux oubliettes de l’histoire. Cependant, pendant la première moitié du XXe siècle, la lutte était beaucoup moins populaire au Canada qu’elle ne l’est aujourd'hui. Si ce n’était des exploits d’un Canadien, des plus original, Whipper Billy Watson, la lutte n’aurait pas atteint la célébrité qu’on lui connaît depuis la création des grandes fédérations de lutte mondiale.

Né sous le nom de William John Potts à East York, en Ontario, le 25 juin 1915, John Potts était le fils d’un soldat tué en France vers la fin de la Première Guerre mondiale. En 1935, le jeune John Potts âgé de 20 ans, et pesant 79,4 kilos, décida de quitter le Canada pour poursuivre une carrière de lutteur en Europe. Au cours des quatre années suivantes, John Potts changea son nom pour Whipper Billy Watson; il maîtrisait davantage son sport et avait acquis une certaine célébrité et une petite fortune dans le circuit de la lutte européenne. En 1939, avec la Seconde Guerre mondiale à l’horizon, il retourna avec sa femme au Canada emportant dans ses bagages, un surnom, une réputation, un compte en banque bien garni et 18,1 kilos de plus.

Au cours des 31 années suivantes, et après 6 500 combats, Billy Watson passionnait son auditoire avec son arsenal de prises et de déplacements, y compris le fameux coup qui lui valut son surnom. Son talent naturel combiné à sa popularité publique lui mérita plusieurs titres canadiens et le titre de poids lourd mondial, ainsi qu’une des carrières les plus réussies et respectées dans l’histoire du sport. En fait, Billy Watson était populaire auprès de ses partisans parce qu’il adoptait le rôle du « bon gars » et prêtait également ses bras solides à diverses activités de bienfaisance pour les enfants, notamment les Timbres de Pâques. En 1944, le magazine Maclean décrivit Billy Watson comme un super-héros vivant :

Billy Watson est aussi beau que Robert Taylor, aussi puissant que le SS Queen Mary et aussi persistant et déterminé que Dick Tracy dans ses efforts pour exterminer le mal...Il est un exemple de vertu sur le ring et ses partisans l’adorent.

Ces exploits se poursuivront jusqu’au 30 novembre 1971. Alors qu’il était arrêté sur une route glacée, une voiture enfonça celle de Billy Watson; son genou fut déchiqueté et sa jambe presque sectionnée. Le Whipper dut prendre sa retraite du ring, mais il passa les 20 années suivantes à prêter son nom sans relâche à divers organismes de bienfaisance oeuvrant auprès des enfants. Le 4 février 1990, William « Whipper Watson » Potts mourut à l’âge de 74 ans, après avoir subi une crise cardiaque. « Il est mort serein, affirme sa femme Eileen, une mort tranquille qui convient tout à fait à un homme qui était loin de l'être dans le ring, mais qui a réconforté de nombreux enfants pendant plus de 40 ans ».

La pauvreté de la Dépression, qui incita George Pedan et Whipper Watson à chercher fortune de façon tout à fait originale au Canada et à l’étranger, força également Jack Kent Cooke, âgé de 22 ans, à vendre des encyclopédies à travers le pays pour gagner sa vie en cette époque difficile. Il partit de son humble domicile de Hamilton en Ontario et devint bientôt le « millionnaire le moins riche » de la capitale de l’Amérique.

Né le 25 octobre 1912, Jack Cooke était un joueur infatigable et un amateur du sport national du Canada. Mais, étant un homme d’excès, il fut très vite attiré par le monde du sport au sud du 49e parallèle, un monde qui lui paraissait plus excitant et prestigieux.

En 1951, il fit son premier « coup d’argent » dans l’industrie de la télévision, lui permettant de faire sa première acquisition dans le monde du sport. En 1960, Jack Cooke s’installa en Californie et obtint une série de succès à Hollywood, ce qui ne fit qu’ajouter à sa gloire et à sa fortune.

En 1965, les intérêts sportifs de Jack Cooke prirent véritablement leur envol lorsqu’il se porta acquéreur des Lakers de Los Angeles, formation de la NBA, pour 5,2 millions de dollars, ce qui était un montant fort important à l’époque. Avec Jack Nicholson et d’autres artistes d’Hollywood, Jack Cooke introduira l’époque du spectacle dans le basket-ball à Los Angeles en signant des contrats avec de grands joueurs comme Kareem Abdul-Jabbar et Magic Johnson. En 1966, Jack Cooke fit également l’acquisition des King de Los Angeles, qui était alors une nouvelle franchise en pleine expansion de la LNH. En 1968, il fit construire le fabuleux Great Western Forum où se produisaient ses équipes.

En 1974, le football commença à attirer Jack Cooke et il décida donc de devenir le principal propriétaire des Redskins de Washington de la NFL. En 1978, il déménagera finalement dans la région de Washington et vendra ses intérêts dans les Lakers et les Kings l’année suivante pour 67,5 millions de dollars, la plus importante transaction financière de l'histoire du sport à cette époque.

La vie personnelle de Jack Cooke est aussi flamboyante que ses équipes sportives. En 1978, par exemple, il accéda au Livre des records Guiness avec un règlement de divorce atteignant la somme faramineuse de 49 millions de dollars. Il se remaria ensuite à trois reprises et fit, à chaque fois, les grands titres des journaux.

Pendant ce temps, sur le terrain, les Redskins de Washington de Jack Cooke gagnèrent les Super Bowls XVII, XXII et XXVI. Ces succès arriveront à une époque où sa vie flamboyante à Hollywood tirait à sa fin. Il s’éteignit le 6 avril 1997, suite à un arrêt cardiaque, moins de six mois avant la première partie de la saison d’ouverture des Redskins. Cette partie se déroulera dans un nouveau stade de 78 600 places, stade que Jack Cooke avait fait construire pour abriter ses Redskins chéris. Après environ une décennie de paperasserie administrative avec Washington et après avoir investi personnellement quelque 360 millions, la vision de Jack Cooke du nouveau stade des Redskins s’était finalement réalisée avec la première partie tenue à domicile, le 14 septembre 1997.

Même si Jack Cooke connut le succès dans de nombreux sports, aucune fortune ne lui permit d’acquérir le trophée américain qui fut remporté par un cheval canadien assez peu destiné à cet honneur. En effet, la ferme d’élevage de chevaux de Jack Cooke au Kentucky, établie sur un terrain de 503 acres et appelée Elmendorf Farm, ne donna pas naissance au gagnant du Kentucky Derby qu’espérait tant Jack Cooke. Ce succès revint à la fameuse Windfields Farm d’Oshawa en Ontario, qui au début des années 1960, éleva un cheval appelé Northern Dancer.

Le 6 mai 1964, la rosée brillait encore sur la pelouse lorsque le palefrenier Willie Brevard réveilla le poulain marron pour une petite marche de santé autour de l’écurie. Il était six heures du matin à Louisville : douze heures plus tard environ, le cheval canadien Northern Dancer s’élançait de la grille de départ dans le cadre du 90e Kentucky Derby.

Dès sa naissance, Norther Dancer défia tous ceux qui doutaient de lui. En effet, il était petit et massif de stature et d’un caractère difficile et malin. Il était si original que lorsque son propriétaire, E.P. Taylor, mit le poulain aux enchères en 1962 pour la somme de 25 000 $, aucune offre ne se présenta.

Northern Dancer qui mesurait 15,2 mains, était loin d’être le préféré. En effet, Hill Rise, cheval jusqu’alors invaincu et qui mesurait 10 centimètres de plus que Northen Dancer, était sans contredit celui que l’on attendait. En outre, Hill Rise était monté par le jockey légendaire Bill Showmaker. Cependant, lorsque la grille s’ouvrit, tous les espoirs à l’égard de Hill Rise s’éteignirent au cours de cette course d’un mille et un quart. Northern Dancer négociait le virage final et courait à l’extérieur de la mêlée, avec seulement un quart de mille à faire.

Dans le dernier droit, ce fut une course à deux chevaux : Hill Rise, avec son mouvement classique fluide de pur-sang à longues pattes et Northern Dancer, courant à petites enjambées, dans un rythme saccadé. Passant devant les gradins, Northern Dancer refusa d’être battu ce jour-là, et traversa le fil d’arrivée avec un record de deux minutes. Pour la première fois, un cheval élevé au Canada gagna le Kentucky Derby.

Rejeté pour la somme de 25 000 $ alors qu’il était un poulain en 1962, le champion du titre le plus recherché des courses de chevaux pur-sang en 1964, Northern Dancer, devint le plus grand étalon reproducteur de l’histoire, valant plus de 40 millions de dollars en 1981. Aujourd'hui, on estime que 50 à 70 % de tous les chevaux pur-sang seraient ses descendants. Ainsi, même après sa mort, le 16 novembre 1990, il continue toujours de défier ceux qui sous-estimaient cet étalon massif avec ses trois chaussettes blanches et sa crinière d'un blanc éclatant.

On pourrait croire que c’est sa nature si difficile qui a propulsé Northern Dancer au Temple de la renommée des sports du Canada (dont seulement trois de ses membres ne sont pas des êtres humains). Sandy Hawley, un de ses compagnons humains au Temple de la renommée, affiche peut-être des liens avec le pur-sang, sans partager toutefois son caractère difficile. Sandy Hawley est aussi originaire d’Oshawa et dépassa le fameux Bill Shoemaker. En effet, il est surement le plus grand jockey canadien, mais il se distingua également dans le monde de la course à cheval comme étant un gentleman raffiné. À l’âge de 24 ans, il fut le premier jockey à monter plus de 500 gagnants en une seule saison, brisant ainsi le record de Bill Shoemaker, soit 485 gagnants en 20 ans! À la fin de sa carrière, qui s’étendra sur une période de 30 ans entre 1968 et 1998, il enregistra 6 449 victoires. Est-ce la nature douce de Sandy Hawley, combinée bien sûr à sa capacité de pousser 550 kilos de muscles et de nerfs à des vitesses fulgurantes, qui amena le jockey au côté du Northern Dancer dans le Temple de la Renommée ?

L’Alberta est loin du Kentucky et la vie difficile du cowboy semble très abstraite, vue du monde aristocratique de la course de chevaux. En 1912, alors que Calgary oubliait peu à peu son histoire léguée par les cowboys, Guy Weadick, comédien, acteur et promoteur de génie, arriva en ville. Il tomba amoureux des ranchs de l'Alberta et tenta de vendre l’idée d'un rodéo d’une semaine afin de faire revivre le patrimoine de l'Ouest du Canada. Regroupant des hommes d’affaires locaux de Calgary, Guy Weadick rencontra au départ une certaine résistance jusqu’à ce que les « Big Four », soit les éleveurs George Lane, A.J. McLean, le transformateur de bœuf Pat Burns et le propriétaire de brasserie A.E. Cross, s’impliquent financièrement dans son projet.

Le jour de la fête du Travail, soit le 2 septembre 1912, « le plus grand spectacle extérieur sur terre » commença grâce à Guy Weadick, le père du Stampede, et un Américain. Et oui, le symbole canadien du patrimoine de l'Ouest est l’idée d’un homme de Rochester, un New-Yorkais né en 1885, et issu d’une famille d’avocats bien connue.

Même si le Stampede ne peut se réclamer d’un fondateur bien de chez nous, le jeu de la crosse a des racines profondes dans le passé du Canada et si une personne mérite d’être remerciée, c’est bien Jack Bionda. Né à Huntsville, en Ontario, le 18 septembre 1933, Jack Bionda fut la première super étoile de ce sport qu’il dominera tout au long des années 1950 et jusqu’au début des années 1960. Son lancer s’apparentait au tir d’un boulet de canon, ce qui explique sans nul doute une telle domination. Jack Bionda est considéré comme le plus grand joueur de lacrosse. Le journaliste du Vancouver Sun, Archie McDonald, se rappelle d’une partie en 1958 où un jeune reporter, après avoir vu le jeu de Jack Bionda sur le terrain, se mit à la recherche d’un synonyme pour le mot « incroyable ». Le 12 mai 1994, le projet de loi C-212 devint une loi, reconnaissant le hockey et lacrosse comme les sports officiels du Canada. Les réalisations des Canadiens sur glace ont fait couler beaucoup d’encre mais il faut remercier Jack Bionda pour avoir inculqué chez des milliers de spectateurs, et ce pendant plus d’une décennie, la passion pour notre sport d'été officiel.

Les succès de Jimmy McLarnin se comparent à certaines des plus grandes réalisations des héros du hockey du Canada. Surnommé « Baby Face» dès son jeune âge, Jimmy McLarnin devint un boxeur professionnel à l’âge de 10 ans. À 13 ans, il rencontra son entraîneur et ami de toujours, Charles « Pop » Foster, avant de commencer officiellement sa carrière à l’âge de 15 ans. À 19 ans, Jimmy McLarnin comptait sur un revenu de 100 000 $ et moins de dix ans plus tard, devenait le champion mi-moyen du monde. Avec tous ces succès derrière lui, il prendra sa retraite du monde du sport dès le jeune âge de 29 ans.

Né le 19 décembre 1906 à Hillsborough, County Down, en Irlande, Jimmy McLarnin avait trois ans lorsque sa famille (de douze enfants) arriva à Vancouver. Sept ans après son arrivée, à l’âge de 10 ans, il commença à boxer, façon pour lui de défendre son territoire de vente de journal. Plus tard, Jimmy McLarnin mentionnera : « J’étais un professionnel dès l'âge de 10 ans. J’ai reçu un dollar pour mon premier combat et 60 000 $ pour le dernier, mais entre les deux, qu’est-ce que j’ai trimé! »

Sous la férule de Charles Foster, et avec dix victoires successives à Vancouver et dans les environs, la Californie semblait être une destination de choix. Âgé de 16 ans, Jimmy McLarnin et son entraîneur partirent donc vers le sud, à San Francisco, au début de l’année 1924. Afin d’obtenir de meilleurs combats, Jimmy McLarnin mentit sur son âge, mais ce n’est que trois mois plus tard que le boxeur de 1,5 mètre et de 49 kilos put mettre le pied sur le ring. Cependant, lorsqu’il y parvint, le « Baby Faced Assassin » massacra tous ses adversaires, faisant fureur sur le ring et remplissant par le fait même son compte de banque. Au cours des dix années suivantes, Jimmy McLarnin sera considéré comme un des meilleurs boxeurs au monde.

En fait, le 29 mai 1933, sous le ciel californien au Wrigley Field de Los Angeles, Jimmy McLarnin prouva qu’il était un véritable démon dans le ring. Après avoir mis au tapis Young Corbett III, le champion mi-moyen en titre du monde, pour la seconde fois dans le premier round, Jimmy McLarnin interpella l’arbitre George Blake : « Vous devriez mettre fin au combat, monsieur Blake. » L’arbitre hocha la tête en signe de négation et Baby Face décocha trois autres gauches à la tête de Young Corbett. Cette fois-ci, George Blake n’eut pas besoin de compter. Le combat se termina en deux minutes 37 secondes, combat de championnat le plus court de l'histoire de la division poids moyen.

En 1936, alors qu’il n’avait pas encore 30 ans et qu’il accumulait deux victoires de plus que les futurs boxeurs qui feront partie du Temple de la Renommée, soit Tony Canzoneri et Lou Ambers, Jimmy McLarnin décida de prendre sa retraite. Suffisamment à l’aise financièrement, il s’acheta un commerce de vente de véhicules et voulut essayer la comédie, le golf, et même les conférences dans les universités. Et qu’en était-il de Pop Foster? Il acheta une maison dans le même quartier, tout près de chez Jimmy McLarnin. Presque tous les jours et ce pendant les 21 années qui lui restait, Pop Foster prit son café du petit-déjeuner chez son ancien protégé.

Lorsque George Chuvalo quitta finalement le ring de boxe devant 14 000 partisans au Maple Leaf Gardens de Toronto, il venait de subir l’un des coups redoutables de Mohammad Ali et était défiguré : le nez croche et enflé, les yeux limitées à deux petites fentes bleuies, il lui manquait un morceau de peau sur le front. Il avait sans doute perdu son visage de bébé, mais certainement pas l’admiration de ses partisans.

C’était un combat qui devait se terminer très tôt. Tout débuta le 29 mars 1966, après que George Chuvalo perdit trois de ses quatre derniers combats, et, de l’autre côté du ring, Mohammad Ali, qui avait mis K.-O. 18 opposants en 22 combats professionnels. Ce dernier ne se trouvait au Canada que parce qu’il faisait face à un public américain hostile, qui s’interrogeait sur son appui à Malcolm X et au mouvement musulman noir. De plus, sa conversion à l’Islam, annoncée le 27 février 1964, après sa défaite contre le champion poids lourd Sonny Liston, suscitait encore plein de remous.

Juste avant le combat à Toronto, les preneurs de paris donnaient à George Chuvalo une défaite de 7 contre 1. Quant aux journalistes, ils étaient encore moins généreux à l’égard du champion poids lourd canadien. Arthur Daley du New York Times se permit le commentaire suivant : « Ils chargent 100 $ pour les billets d’un combat qui ne vaut pas 30 sous ». Ali volait comme un papillon et piquait comme une abeille, mais le champion canadien, sous les huées du public, encaissa pendant les 15 rondes. George Chuvalo fit face à Mohammad Ali plus longtemps qu’aucun autre de ses opposants au cours de ses 22 combats précédents en tant que champion lourd. À la fin du combat, Mohammad Ali gagna suite à une décision unanime, mais lorsque George Chuvalo sortit du ring et tomba dans les bras de sa femme Lynne du sang plein les cheveux, il s’était mérité sans nul doute possible le respect de son opposant, celui des reporters présents et celui de la nation.

Malheureusement, le plus difficile pour George Chuvalo, fut sans doute les coups durs qu’il reçut hors du ring suite à sa retraite de la boxe, en 1978. Durant les dix prochaines années, il perdit ses trois fils suite à des overdoses et sa femme se suicida. Cependant, de telles tragédies n’empêchèrent pas George Chuvalo de continuer sa vie, et il se servira de cette douleur pour aider les autres à combattre leur toxicomanie. De nombreuses personnes parièrent contre Chuvalo en 1966. Mais à l’époque, Chuvalo ne put l’accepter et au cours des années qui suivirent, refusa de rester silencieux sur les tragédies qui marquèrent sa vie personnelle. Au contraire, il entreprit de se tourner vers les écoles où il rencontra des jeunes Canadiens pour leur parler des conséquences brutales de l’idéalisation des drogues dans notre culture.

Activités


Leçon 1. Stéréotypes culturels

En mars 1994, Jack Kent Cooke répondait aux critiques formulées quant au nom de son équipe de football professionnelle :

J’ai parlé à de nombreux chefs indiens qui m’ont dit qu’ils n’avaient aucune objection. En ce qui me concerne, il n’y a pas de problème. Cela ne m’intéresse même plus. Le nom des Redskins restera.

Bien sûr, de nombreuses équipes professionnelles comme les Indians de Cleveland, les Braves d’Atlanta et les Black Hawks de Chicago utilisent des images et des noms autochtones. Est-ce que les Autochtones sont trop sensibles lorsqu’ils demandent le retrait de telles images des équipes professionnelles, ou les attitudes culturelles ont-elles évoluées de telle façon que nous devions exiger plus de sensibilité à cet égard? Les défendants du statu quo peuvent-ils prétendre que les personnes de descendance hollandaise, irlandaise et nordique ne se sentent pas humiliés par les Flying Dutchman de Hofstra, les Fighting Irish de Notre Dame et les Vikings du Minnesota ? Pourquoi en serait-il autrement des Premières Nations d’Amérique ?

Les élèves doivent se pencher sur une équipe professionnelle qui pourrait être accusée de porter un nom offensant et trouver un nouveau nom pour l’équipe. Le nouveau nom proposé et les images véhiculées par l’équipe, comme la mascotte, les couleurs et les dessins doivent tenir compte de l’histoire de la région d’où provient l’équipe. Par exemple, les 49ers de San Francisco reflètent la relation historique de la ville avec la ruée vers l'or en Californie. Les Stampeders de Calgary font directement référence au patrimoine « western » de l’Alberta alors que les Oilers d’Edmonton témoignent de l'industrie principale de la province. Chaque élève doit présenter son équipe « réformée » à la classe, expliquer la raison pour laquelle ce nouveau nom et ces nouvelles images ont été chosis et pourquoi l’ancien nom pouvait être considéré comme offensant.

Leçon 2. L’histoire d’une affiche

À chaque année que s’est tenu le Stampede de Calgary, une affiche accompagnait l’événement. Certaines affiches montrent l’attrait de cet événement et toutes reflètent le contexte historique et social des célébrations. En groupes de deux ou trois, les élèves doivent reconstituer une affiche et expliquer de quelle manière elle peut être reliée aux événements historiques de l’époque et à des comportements sociaux et culturels particuliers. Par exemple, une affiche de 1920 illustre des avions. Les affiches de 1918 et de 1977 soulignent la relation du Stampede avec les peuples autochtones. On peut voir ces affiches à l’adresse suivante : le Stampede de Calgary. Après avoir reproduit l’affiche, les élèves doivent en identifier les diverses composantes historiques et culturelles.

Leçon 3. Héros et méchants à travers le temps

La lutte professionnelle peut servir en quelque sorte de fenêtre sur les préjugés culturels et sur les peurs. Par exemple, pendant la Guerre froide, le Iron Sheik et Nikolai Volkoff étaient des méchants très populaires. Chaque élève doit créer un nouveau lutteur dans le circuit professionnel. Le nouveau personnage doit témoigner des attitudes culturelles d’une époque. Par exemple, un lutteur des années 1940 pourrait refléter les sentiments anti-Allemands. Également, des lutteurs d’aujourd'hui pourraient illustrer la peur du public à l’égard d’organisations comme Al Qaeda. Après avoir développé leur personnage, les élèves doivent le « vendre » au reste de la classe, expliquant pourquoi leur création devrait être populaire compte tenu du contexte historique et culturel qu’ils ont choisi.

Leçon 4. La guerre dans le ring

Jimmy McLarnin boxait à une époque où s’accentuaient les rivalités ethniques. Par conséquent, on accorda énormément d’attention aux rivalités irlandaises et juives. Jimmy McLarnin obtint une série de victoires contre des boxeurs juifs, notamment Al Singer et Benny Leonard. Cette attention accordée aux rivalités ethniques est-elle saine? De telles compétitions favorisent-elles la compréhension interculturelle ou bien lui nuisent-elle? Dans un texte comprenant 250 mots, les élèves doivent explorer un exemple de l’histoire dans lequel les rivalités ethniques ont été particulièrement marquées. Par exemple, considérez l’importance nationale du base-ball entre les équipes cubaines et américaines. Ou explorez la fameuse « guerre du soccer » de 1969 entre le Salvador et le Honduras. Plus récemment, des violences se manifestèrent suite aux championnats européens de water-polo lorsque la Serbie et le Montenegro battirent la Croatie. Tout au long du match, les partisans croates scandèrent « Tuez les Serbes! ».

Leçon 5 : Flotter comme un papillon...

Muhammad Ali est aussi célèbre pour ses poings que pour sa poésie. George Chuvalo avait également ses points (ou poings) forts. On se souvient notamment qu’il ait dit, après son premier combat contre Mohammad Ali : « Les juges ont voté pour Ali, mais après le combat, il est parti à l’hôpital. Moi, je suis allé danser avec ma femme! » Les élèves doivent participer à un concours dont le but est de trouver la meilleure citation d’un athlète. Lorsque les élèves auront trouvé ce qu’ils considèrent comme étant la meilleure citation, ils devront expliquer pourquoi ces mots sont mémorables. Qu’est-ce qui rend cette phrase inoubliable? Enfin, dans la dernière partie du concours, chaque élève doit lire sa citation au reste de la classe en tentant d’en livrer le plein effet (peut-être même en prenant un accent, le cas échéant). La classe donne ensuite une note à la citation sur une échelle de 1 à 10.

Ressources

Empreintes de Historica : Torchy Peden, Whipper Billy Watson, Jack Kent Cooke, Northern Dancer, Sandy Hawley, le Stampede de Calgary, Jack Bionda, Jimmy McLarnin et George Chuvalo.

L'Encyclopedie canadienne: Northern Dancer, Jimmy McLarnin, Boxe, Sandy Hawley, le Stampede de Calgary, Cyclisme, William J. Peden, William Watson et George Chuvalo.

Joseph Blasioli. The Last Round – Chuvalo vs. Ali [enregistrement vidéo]. Toronto: Office national du film du Canada en association avec la télévision de CBC 2003.
Un documentaire relatant les événements qui ont mené au combat Chuvalo-Ali en 1966. Le film fut présenté en première mondiale au festival Hot Docs Canadian International Documentary 2003 à Toronto où il gagna le Prix spécial du jury. Il était également en nomination pour un Genie en 2004 comme meilleur documentaire.

Donald Fisher. Lacrosse: A History of the Game. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2002.

Muriel Lennox. Northern Dancer: The Legend and His Legacy. Toronto: Hushion House, 2000.

Sydney Pollack. They Shoot Horses, Don’t They [enregistrement vidéo]. Los Angeles, American Broadcasting Company, 1969.
Le film raconte l’histoire d’un marathon de danse de l’époque de la Dépression où de nombreuses âmes perdues cherchent un but à leur vie, encouragées par un public apathique. Le film jette un regard révélateur sur le désespoir des jeunes de cette époque, ainsi que sur la mode des marathons qui emballa le continent.

Patrick Tivy. Calgary Stampede: An Altitude Superguide. Canmore, Alberta: Altitude Pub Canada, 1995.