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Héros

  • Les sports
  • Secondaire – Supérieur

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Aperçu


Ce plan de cours repose sur le visionnement des documents de la série Empreintes sur Lionel Conacher, Harry Jerome et Wayne Gretzky. On ne devient pas un héros; on naît un héros. Le Canada, terre parfois froide et sans pitié, parfois chaleureuse et accueillante, s'est forgé sa propre race distincte. Les athlètes décrits dans cette série sont de véritables héros nationaux, non pas pour la façon dont ils ont transformé leur sport respectif (un grand athlète n'est pas nécessairement un héros), mais pour la façon dont ils ont façonné le paysage canadien, en rapprochant diverses communautés sans liens apparents et ainsi donner naissance à un peuple ayant une histoire et une mythologie communes. Tous ces héros nous ont incités à faire partie d'une communauté qui surpasse nos identités individuelles pour s'étendre d'un océan à l'autre.

Objectifs


Sensibiliser davantage les élèves aux athlètes canadiens en tant que héros et agents de changement; apprendre comment ils ont fait preuve de détermination sur la scène nationale et internationale; comprendre les difficultés qu'a dû surmonter chacun de ces Canadiens pour atteindre ses objectifs; analyser la façon dont les Canadiens comprennent ce qu'est un héros national; étudier la façon dont les idoles des sports nationaux changent selon le lieu et l'époque et établir un lien entre les idéaux nationaux et les idoles d'un pays.

Contexte


Les héros que nous choisissons témoignent de notre caractère et de celui de notre peuple. Les plus grands conquérants de l'histoire le savaient : si l'on retire à un peuple ses héros, ce peuple est alors déjà conquis. Choisir nos propres héros, sans ingérence ni obligation, est une forme de démocratie, tant sur plan personnel que national. Les Canadiens ont, d'une manière générale, toujours pu choisir leurs propres héros; ceux dont nous nous souvenons et ceux que nous avons oubliés nous en disent long sur qui nous sommes et qui nous avons été. Les trois athlètes suivants sont des héros, quelle que soit la définition que l'on donne à ce mot : le contexte historique dans lequel ils ont évolué reflète, à travers le prisme du monde sportif, les valeurs et les idéaux d'une nation.

Lionel Pretoria Conacher est né dans le quartier nord de Toronto, au 92 Davenport Road, dans un secteur appelé Cottingham Square, déjà décrit comme un des « quartiers défavorisés ayant le plus de classe à Toronto ». Né le 24 mai 1900, Lionel était l'aîné d'une famille de dix, dont le père était ouvrier. Devenu adulte pendant les années de la Grande Guerre, Lionel Conacher a vécu de grandes transformations, à la fois dans le monde de la politique mondiale et du sport nord-américain.

Ted Reeve, un contemporain de Lionel Conacher, a déjà écrit que « chaque enfant de Cottingham Square jouait à la crosse, au rugby et au hockey; si on ne savait pas se battre, il fallait tout simplement déménager ailleurs. ». Lionel Conacher comprit rapidement qu'il pouvait faire les deux, et surtout, qu'il pourrait sortir de la rue Davenport en devenant un athlète d'excellence. Et c'est exactement ce qu'il fit. Que ce soit au hockey, au baseball, au rugby, au football, à la lutte ou à la boxe, Lionel Conacher réussissait tout ce qu'il touchait. À 16 ans, par exemple, il gagna le championnat de lutte de l'Ontario pour les 61 kg, à 20 ans, il gagna le titre de boxeur canadien catégorie poids mi-lourd.

Au cours de ces premières années du 20e siècle, et plus particulièrement après la Première Guerre mondiale, le Canada, tout comme Lionel Conacher, atteignait l'âge adulte. L'industrialisation bouleversait les modes de vie et les Canadiens avaient plus de temps pour s'adonner à leurs loisirs. En outre, même si la culture britannique continuait d'exercer son influence, celle des États-Unis se faisait de plus en plus sentir, plus particulièrement dans le domaine des sports où les conceptions nordistes du professionnalisme et du sport en tant que divertissement, prenaient de plus en plus d'ampleur. Sur un autre front, certains sports élitistes comme la course de chevaux, le criquet et l'aviron étaient remis en question par l'arrivée de certains sports jugés plus égalitaires comme la crosse, le football, le base-ball et le hockey.

Compte tenu des conditions économiques de sa famille, Lionel Conacher s'intéressa principalement aux sports pour lesquels l'équipement était fourni et un salaire assuré. Le hockey était un sport où l'on pouvait être payé pour ses services; ainsi, à l'âge vénérable de 16 ans, Lionel Conacher apprit à patiner. Plus tard il dira :

L'enfant moyen commence à patiner à l'âge de 7 ans ou avant. J'ai lacé mes patins pour la première fois à l'âge de 16 ans! Vous ne saurez jamais à quel point j'étais humilié pendant les longues heures passées sur les patinoires avec des joueurs plus jeunes et bien meilleurs que moi, avant de pouvoir accéder aux équipes juniors.

La Première Guerre mondiale bouleversera complètement le monde du hockey. Vers la fin du conflit, le 19 décembre 1917, la première partie de la Ligue nationale de hockey fut organisée. Pour la saison 1920-1921, les St. Pats de Toronto, nouvelle équipe de la toute jeune LNH et les prédécesseurs des Maple Leafs, attirèrent Lionel Conacher avec un contrat de 3 000 $ - environ trois fois le salaire moyen versé par la LNH à l'époque, et ajoutèrent un bonus de 500 $ en argent comptant. Mais Lionel Conacher, toujours soucieux d'assurer la subsistance de sa famille, refusa l'offre. Il accepta plutôt un emploi à la Banque Toronto Dominion, emploi qui lui permettait de jouer pour diverses équipes d'amateurs et de ramener à la maison un revenu stable en cette période où le taux de chômage était élevé.

En 1919, Lionel Conacher était reconnu par plusieurs comme le meilleur athlète, tous sports confondus, de Toronto. Les partisans appréciaient son jeu et les journalistes sportifs s'en donnaient à qui mieux mieux pour lui trouver de nouveaux surnoms : « l'express blond », « l'homme de fer », « le Superman athlétique », « la dynamo humaine », « le gros orignal », « le mohican musclé », pour n'en nommer que quelques-uns. Enfin, c'est le surnom de « Big Train » (gros train) qui lui survécut.

En 1921, Lionel Conacher, athlète de 1,83 m et de 91 kg, laissera une marque indélébile dans notre conscience nationale. C'était lors de la première rencontre Est-Ouest pour le trophée Earl Grey du football canadien, et les Eskimos d'Edmonton, représentant l'Ouest, se mesuraient aux Argonauts de Toronto. Lorsque les Argonauts durent jouer contre le Canoe Club de Parkdale pour pouvoir se mesurer à l'équipe de l'Ouest, l'entraîneur d'Edmonton, Deacon White, assista à la partie et fit le commentaire suivant au sujet de Lionel Conacher : « Les équipes auraient été égales si Conacher n'avait pas joué pour les Argonauts. » Dans la partie pour le trophée Earl Grey, Toronto défit Edmonton 23 à 0. Lionel Conacher marqua 15 points et quitta ensuite la partie après le troisième quart pour aller jouer au hockey ce soir-là avec l'équipe Aura Lee de l'Association de hockey de l'Ontario.

Les équipes, les associations, les organisations et les ligues qui ont bénéficié des talents de Lionel Conacher couvrent tout l'alphabet des sports en Amérique du Nord. Et chaque ligue laissa sa marque sur Lionel Conacher également. Avant sa retraite, il écrivit un article dans le magazine Maclean's dans lequel il décrit le prix que sa carrière lui coûta sur le plan physique. En effet, il subit huit fractures du nez (si nombreuses, qu'on lui suggéra tout simplement de le fixer par une charnière), une fracture du bras et d'une jambe, plusieurs fractures des os de la main, dix côtes fêlées, des coupures de patins à la veine jugulaire, une coupure à la cuisse qui mena à la gangrène, deux opérations aux cartilages du genou, 650 points de suture et d'innombrables petites blessures « mineures ».

Sa carrière reflète également la dure évolution du nationalisme chez les Canadiens. Les voisins du Sud attiraient nos talents nationaux. Les journaux de Pittsburg annoncèrent fièrement en 1923 que le plus grand athlète canadien leur appartiendrait lorsqu'il signa un contrat avec les Pittsburg Yellow Jackets de la United States Amateur Hockey Association. Un journaliste de Toronto se plaignit amèrement du fait que cette « capture » du « Superman du Canada » était une des plus grandes victoires des Yankees depuis la guerre de l'Indépendance. Les journalistes de la ville y allaient de commentaires tous plus emphatiques les uns que les autres :

Accablé par les responsabilités et par la conviction que la victoire doit venir aujourd'hui ou jamais, Lionel Conacher, comme Hector, comme Thor, le dieu du tonnerre de la mythologie Viking, se leva de toute sa hauteur pour assener à son ennemi un coup fatal… trois fois, Lionel parviendra à déjouer la défense impénétrable dont Cleveland entoure son but… et trois fois, 6 000 partisans se lèveront d'un seul bond pour louanger l'homme qui, en quatre courts mois, est devenu leur idole.

Homer fit certainement preuve d'imagination lorsqu'il décrivit son héros, Hector, dans l'Illiade et Thor était un personnage aux proportions mythiques. Mais les exploits de Lionel Conacher sont véritables et légendaires. À une occasion, en 1922, Lionel Conacher se présenta au bâton alors que son équipe de base-ball de Hillcrest, à Toronto, perdait par un but et que les bases étaient toutes occupées. Lionel Conacher frappa un double au champ centre : son équipe gagna la partie ainsi que le championnat de base-ball de l'Ontario. On appela un taxi pour emmener Big Train de l'autre côté de la ville, à Scarborough Beach. Son équipe de lacrosse de Maitland tirait de l'arrière 3 à 0 lorsqu'il arriva. Quatre buts et une passe plus tard, Maitland gagna le championnat cinq à trois. La même année, lorsque Jack Dempsey arriva en ville pour un combat de démonstration de quatre rounds, Lionel Conacher monta sur le ring avec le champion poids lourd et bien qu'il ne remporta pas la victoire, il admit ne pas avoir épargné son adversaire.

En 1930, Big Train commençait à ralentir la cadence. Lionel Conacher buvait beaucoup, tellement que son frère Charley Conacher, observa un jour que son frère prenait à la lettre le slogan de la compagnie de boissons gazeuses Canada Dry « Drink Canada Dry » (sens général : assécher le Canada, le jeu de mot est intraduisible en français). Son jeu en souffrait et ses coéquipiers constatèrent son déclin.

Lionel Conacher n'était plus infaillible et il le savait. En fait, c'est cette faiblesse qui en fait un véritable être humain et qui renforce son personnage de héros. Avec sa carrière et son revenu en péril, ainsi qu'une petite fille née le 25 novembre 1930, Lionel Conacher promit à sa femme, à l'hôpital Wellesley de Toronto, qu'il changerait. Il a appelé l'année 1930 « l'année la plus difficile de sa bataille en tant qu'athlète », consacrant ses journées à boire des boissons gazeuses, du thé, à fumer la pipe, à jouer au golf et à aller au cinéma pour ne pas être tenté par la bouteille. La lumière était visible au bout du tunnel.

Et Big Train en émergea victorieux. Au cours des sept années suivantes, Lionel Conacher poursuivit sa lancée de gagnant : premier compteur dans la nouvelle ligue professionnelle de lacrosse; étoile de la LNH pour la saison 1932-1933 et victoire de la Coupe Stanley en 1934 avec Chicago et encore une fois en 1935 avec Montréal. Ses meilleures années d'athlète derrière lui, Lionel Conacher se retira en 1937, mais ne ralentit jamais le rythme. Il se tourna plutôt vers la politique et gagna ses élections dans la circonscription de Trinity à Toronto au cours des élections fédérales de 1949, et à nouveau en 1953.

La fin de la carrière du plus grand athlète canadien de la première moitié du XXe siècle est digne du dernier chapitre d'un roman d'aventure de Burt L. Standish, romans dont se délectait Lionel Conacher pendant sa jeunesse. Le 26 mai 1954, au cours de la partie annuelle de softball entre les députés et les journalistes, Conacher frappa la balle dans le champ gauche et tenta de transformer un simple en un triple. Il atteignit de fait le troisième but. Mais quelques secondes plus tard, il s'écroula, terrassé par une crise cardiaque.

Le jeu et la vie de Lionel Conacher sont héroïques. Peut-être ne retourna-t-il pas à la maison en ce jour de printemps à Ottawa, mais Big Train vécut une vie qui est loin d'être ordinaire.

L'un des plus grands sprinteurs que le Canada ait jamais produit a des liens avec les chemins de fer du pays, malgré le fait que ces liens soient davantage reliés à l'histoire raciale et économique de la nation plutôt qu'au physique de l'athlète. Au début du XXe siècle, le chemin de fer était un mode de déplacement fort populaire avant la création du réseau d'autoroutes et l'invention de l'avion commercial. Dans ce qu'on appelait à l'époque des « hôtels sur roues », les passagers pouvaient se divertir en participant à des activités sociales et en bavardant avec les autres passagers dans les voitures-salons, manger dans les wagons-restaurants et se reposer la nuit dans les wagons-couchettes. Et qui offrait tous ces services aux passagers, en cette période glorieuse du chemin de fer? Principalement les Afro-Canadiens. En 1920, les « porteurs Pullman » et les « employés du chemin de fer » étaient les emplois qui attiraient le plus de travailleurs noirs aux États-Unis et au Canada.

Harry Jerome était un de ces porteurs. Lorsque le 30 septembre 1940, à Prince-Albert en Saskatchewan, la femme de Harry Jerome, Elsie, donna naissance à un fils, il ne se doutait pas à cette époque que ce dernier deviendrait un des hommes les plus rapides au monde et un héros du Canada.

Lorsque Harry Jerome (fils) eut 12 ans, sa famille déménagea à Vancouver Nord, un quartier conservateur dont la population noire se limitait à sept personnes - Harry, ses quatre frères et sœurs, son père et sa mère. Il attira l'attention d'un entraîneur d'athlétisme au collège secondaire de Vancouver Nord en jouant au base-ball. Même s'il a eu un coup de chance, son chemin vers le succès ne fut pas de tout repos.

Le 15 juillet 1960, dans le cadre d'une rencontre à Saskatoon pour la University of Oregon, Harry Jerome établit le record mondial à 10,0 secondes au 100 m. Ce résultat semblait être le début de nombreux triomphes à venir. En 1962, cependant, pendant les Jeux du Commonwealth à Perth, en Australie, Harry Jerome se sectionna complètement le muscle du quadriceps gauche, une blessure dévastatrice qui laissa une cicatrice de 30 centimètres sur sa cuisse. Ensuite, il accéda aux Jeux de Tokyo en 1964, témoignant ainsi de sa volonté et sa détermination. La médaille de bronze qu'il obtint à ces Jeux n'était en fait qu'une petite miette du gâteau.

Malgré ces succès et sa réussite sur la piste, Harry Jerome ne figurait pas dans les bonnes grâces des médias canadiens. C'est sans doute en partie parce qu'il remettait constamment en question les attitudes raciales des Canadiens. Il voulait un changement de société et exprimait ouvertement ses opinions quant à la sous-représentation ou à l'absence d'Afro-Canadiens dans les médias.

En 1968, Harry Jerome se retira de la compétition active tout en continuant d'obtenir les meilleurs temps de sa carrière. Dévoué à l'enseignement, il sensibilisait les jeunes du primaire aux sports et à l'exercice physique. Il poursuivit cette croisade pendant deux décennies et mourut subitement le 7 décembre 1982; en traversant le pont Lion Gates de Vancouver, Harry Jerome subit un accident cérébro-vasculaire et mourut en route vers l'hôpital. Aujourd'hui, Harry Jerome demeure un véritable exemple d'héroïsme et un modèle à suivre pour tous.

Le forum, au coin des rues Atwater et St-Catherine à Montréal; le Maple Leaf Gardens au 60 Carlton Street à Toronto; Wally's Coliseum au 42 Varadi à Brantford, en Ontario: ce sont tous des temples du hockey, mais un seul d'entre-eux est le temple du plus grand joueur de tous les temps.

Walter Gretzky n'avait pas inondé sa cour arrière pour créer une star du hockey, mais plutôt pour pouvoir regarder ses enfants patiner dans la chaleur de sa cuisine. La cour devint une véritable patinoire communautaire, mais comme l'a mentionné plus tard son fils Wayne : « Je ne me souviens pas d'avoir appelé des copains pour les inviter à venir jouer. Je m'amusais bien plus en lançant la rondelle et en maniant le bâton tout seul sur la patinoire ». Walter se disputait avec son fils au sujet des longues soirées qu'il passait sur la glace, mais rien n'y changea. Lorsque le soleil se couchait et que la noirceur tombait, Wayne Gretzky jouait près des buts, faisant des miracles avec une rondelle qu'on aurait crue fixée à son bâton avec une ficelle.

Wayne Gretzky connut la renommée nationale en 1971-1972, lorsque la presse canadienne surnomma le jeune de 10 ans « la dynamo de 78 lb et de 4 pieds 4 ». Les médias de la nation et du pays continuèrent de suivre Wayne Gretzky tout au long de sa vie. Chaque année, nous devions racheter le livre souvenir de la LNH, puisqu'il réécrivait l'histoire grâce à son coup de patin magique. Les enfants commencèrent à porter des chandails de hockey dans l'espoir que ce vêtement du grand joueur se transforme en talent véritable. Son mariage fut le mariage royal du Canada, avec une touche de paillettes d'Hollywood. Et son départ vers la ville lumière de Los Angeles nous a tous fait pleurer. Un député s'est sans doute exprimé pour tous les Canadiens lorsqu'il qualifia Wayne Gretzky de « symbole national, comme le castor. Comment peut-on autoriser la vente de nos symboles nationaux? » Nous nous sommes tous demandé si le Canada était toujours le Canada sans le numéro 99? Ensuite, nous avons appris à nous prendre un peu moins au sérieux, et à nous faire davantage confiance.

Wayne Gretzky a changé la nature de ce sport. Lisez ces mots de Victor Tikhonov, l'entraîneur légendaire de l'équipe nationale soviétique :

Lorsqu'il envoie la rondelle derrière le filet… c'est presque comme si toute la partie au complet était transférée vers cet endroit précis de la patinoire. Ça devient alors un nouveau jeu et c'est Gretzky qui l'a inventé.

Ainsi, Wayne Gretzky, c'est bien plus que les coupes Stanley, les passes et les buts. Il est le créateur d'un nouveau sport et, dans un pays où ce jeu est presque une religion, sa contribution au hockey est immense.

Des héros, on en rencontre dans la vie de tous les jours. Peu importe de savoir s'il nous faut un héros ou si nous devrions en avoir un. En fait, regardons quel type de héros nous intéresse car, au cours du prochain siècle, les héros ne seront plus les mêmes : ils seront le reflet de nous-même.

Activités


Leçon 1. Qu'est-ce qu'un héros?

Dans la Grèce ancienne, il y avait un dicton qui signifiait « dis-moi qui tu admires et je te dirai qui tu es. » Il existe trois thèmes communs dans la mythologie des héros :

  • L'abandon : En raison de circonstances tragiques, le héros doit abandonner sa famille et traverser une grande mer à bord d'un bateau.
  • Le destin : Le héros ignore son identité mais apprend plus tard sa véritable origine.
  • Le sauveur : Le héros fait face à des difficultés incroyables pour devenir un sauveur insoupçonné.

Ce dernier élément est souvent celui que l'on associe aux héros du sport et il s'applique certainement aux trois athlètes que nous avons examinés dans cette série. Les héros que nous choisissons en tant qu'individus nous en disent long sur nous-même et, par analogie, les héros que nous choisissons en tant que société peuvent nous en dire long sur qui nous sommes en tant que nation. En outre, les héros d'un pays reflètent les valeurs et les idéaux d'une époque particulière. Par exemple, Adolf Hitler était un héros pour de nombreuses personnes qui croyaient que la Paix de Versailles après la Première Guerre mondiale était trop sévère pour le peuple allemand. De nombreux communistes d'Amérique du Nord voyaient le leader soviétique Joseph Staline comme le héros du prolétariat, malgré les atrocités qu'il commettait envers son propre peuple.

Notre définition de l'héroïsme change au fils du temps : est-ce que Lionel Conacher, Harry Jerome et Wayne Gretzky seraient toujours considérés comme des héros aujourd'hui? Les étudiants doivent choisir un athlète canadien qui a été considéré comme un héros à son époque. Dans le cadre d'un diagramme à paliers, chaque élève doit identifier les caractéristiques essentielles de leur athlète qui en ont fait un héros de son temps - traits qui seraient considérés comme héroïques, quelle que soit l'époque. Ces qualités représentent les paliers supérieur et inférieur du diagramme. Aux paliers du milieu doivent figurer les qualités de l'athlète qui sont propres à ce dernier et à son époque, c'est-à-dire, les traits qui en faisaient des héros à leur époque. Idéalement, en se rapprochant du centre du diagramme, le contexte historique et personnel doit devenir plus précis.

Leçon 2- Héros et zéros olympiques

Les Olympiques sont un véritable théâtre où la déception, l'athlétisme herculéen et l'héroïsme sont mis en scène. À tous les quatre ans, le monde assiste à la réalisation de ces idéaux athlétiques. Comme l'a dit le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan dans un message lancé avant les Jeux Olympiques de 2000 à Sydney, « Les idéaux des Olympiques sont ceux des Nations Unies : tolérance, égalité, justice et surtout paix ». Et comme les Nations Unies, les Olympiades ont également été un théâtre où les échecs et les faiblesses de l'homme prennent une place exemplaire. Prenons par exemple l'extase ressentie par les Canadiens lorsque Ben Johnson battit son rival américain Carl Lewis et le reste du peloton à la finale des 100 m aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988 en Corée du Sud, et l'agonie qui s'ensuivit quelques jours plus tard lorsqu'on lui retira sa médaille d'or après qu'il ait été testé positif au stéroïde interdit stanozolol.

Il y a également l'histoire d'un policier de Montréal. Aux Jeux Olympiques de Saint-Louis en 1904, Étienne Desmarteau est passé de zéro à héros en quelques jours. Étienne Desmarteau, policier à Montréal, lançait également le poids de 56 livres (25,4 kg). Il demanda à ses employeurs un congé pour participer aux compétitions olympiques de 1904 et non seulement on lui refusa cette permission, mais on le congédia. Il reçut l'aide de la MAAA (Association athlétique de Montréal), battit tous ses concurrents et gagna la médaille d'or; il revint au pays en véritable héros. Il regagna également son poste de policier. Malheureusement, Étienne Desmarteau mourut de la fièvre typhoïde un an plus tard. À l'époque, il était le premier médaillé d'or olympique du Canada.

Les élèves doivent trouver un athlète canadien qui, suite à ses exploits aux Jeux Olympiques, est passé soit de héros à zéro ou de zéro à héros. Après avoir effectué une recherche sur leur athlète, les étudiants devront rédiger un texte de 250 mots à son sujet. Le texte doit souligner soit la déchéance d'un héros soit la naissance d'un nouveau. Les élèves doivent considérer le contexte historique et culturel de leur olympien ainsi que le contexte historique des Jeux.

Leçon 3. Phil qui ?

Distribuer le document 1 au sujet du coureur de demi-fond Phil Edwards. En groupes de deux ou trois, les élèves doivent monter une campagne visant à expliquer aux Canadiens qui est Phil Edwards. Comment la nation pourrait-elle redécouvrir les réalisations de Phil Edwards en tant qu'athlète, médecin et défendeur de l'égalité raciale? La campagne doit être accessible à tous les Canadiens. Les élèves peuvent notamment décrire la course à relais à travers le Canada qui se tient tous les quatre ans en l'honneur de Phil Edwards et du patrimoine multiculturel de ce pays. On pourrait peut-être aussi lui ériger un monument?

Document 1

Phil Edwards gagna plus de médailles que tout autre olympien canadien aux Jeux Olympiques d'été. Surnommé l'« homme de bronze », Phil Edwards, né en Guyane britannique, courut vers la gloire et le podium olympique cinq fois pour son pays d'adoption. Mais peu de gens le connaissent aujourd'hui.

Phil Edwards est arrivé au Canada avec sa famille dans les années 1920 et même si sa famille provenait d'un milieu favorisé, il a dû subir la discrimination à laquelle faisaient face les Noirs dans la société canadienne de l'époque. Les Noirs au Canada, qui représentaient moins d'un pour cent de la population, ne pouvaient accéder à d'autres emplois que ceux de porteurs pour le chemin de fer et de femmes de ménage.

Mais les ambitions de Phil Edwards allaient bien au-delà du chemin de fer : il voulait aller aux Olympiques et devenir médecin. Portant la feuille d'érable sur sa poitrine, Phil Edwards cumula les exploits, et se présentera à trois Jeux Olympiques de suite. Lorsqu'il courut sa première course aux Olympiques de 1928 à Amsterdam, il était un étranger au sein même de l'équipe canadienne. Mais au moment où il s'embarqua pour Berlin avec l'équipe canadienne, en juillet 1936, à bord du bateau à vapeur Duchess of Bedford, son personnage et ses réalisations athlétiques lui avaient gagné non seulement le respect de l'équipe, mais le titre de capitaine de l'équipe Canada 1936.

Phil Edwards termina les Jeux Olympiques de Berlin avec sa cinquième et dernière médaille de bronze. Cependant, en quittant les limites de la ville de Berlin, les théories racistes de l'Allemagne nazie ne lui furent pas épargnées. Sur le chemin du retour, Phil Edwards se vit refuser l'entrée dans un hôtel exclusif de Londres appartenant à des intérêts canadiens. Les clients étaient mécontents car ils ne se sentaient pas à l'aise à l'idée de séjourner dans le même hôtel qu'un homme de race noire.

Furieux, les 50 athlètes qui étaient déjà arrivés à l'hôtel reprirent immédiatement leurs bagages et partirent à la recherche d'un établissement plus accueillant. Peu d'athlètes exprimèrent mieux l'opinion de l'équipe que Cathleen Huges-Hallet, une escrimeuse. Lorsque ce petit incident survint à l'hôtel, elle affirma: « Si cet hôtel est trop bien pour Phil Edwards, alors il est trop bien pour moi ».

Il obtint son diplôme en médecine à McGill en 1936 et une maîtrise en médecine en 1945, se spécialisant dans les maladies tropicales. Il fut également capitaine au sein de l'armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Phil Edwards devint un expert des maladies tropicales, offrant son expertise au cours de nombreuses missions médicales internationales.

À l'âge de 64 ans, Phil Edwards mourut, à Montréal, de problèmes cardiaques, le 6 septembre 1971. Peu après, le trophée Phil Edwards fut créé; il est décerné chaque année à l'athlète noir qui s'est le plus illustré sur piste. Toutefois, il a fallu plus d'un quart de siècle pour qu'il soit élu au Temple de la renommée des sports du Canada, et uniquement après une campagne vigoureuse menée par James Worral, porteur du drapeau canadien aux cérémonies d'ouverture de Berlin, en 1936.

Un coéquipier olympique, Ray Lewis, a affirmé que Phil Edwards est un héros et pas uniquement pour les médailles de bronze qui pendent à son cou : « Il est un des plus grands à avoir couru pour le Canada. Faire trois Jeux Olympiques, 28, 32 et 36 et remporter cinq médailles de bronze! Oubliez l'or, c'était un homme de compétition. Et chaque fois qu'une personne court avec autant de succès pendant huit ans, de 28 à 36, il faut reconnaître qu'il s'agit-là d'un athlète exceptionnel ».

Alors pourquoi Phil Edwards n'est-il pas mieux connu des Canadiens ? Lionel Conacher, le plus grand athlète canadien de la première moitié du siècle, et Harry Jerome suscitent souvent un air dubitatif chez les Canadiens, qui tirent généralement une grande fierté de leurs connaissances du monde du sport.

Leçon 4. Aux quatre coins

Placez une grande feuille de papier dans chaque coin ou sur chaque mur de la classe et inscrivez sur chaque feuille, en titre, les lettres suivantes :
- 1 A-F
- 2 G-L
- 3 M-R
- 4 S-Z

Divisez les élèves en quatre groupes. Demandez à chaque groupe de commencer par une de ces feuilles de papier. Dans un délai précis, les élèves devront inscrire le plus de mots possible qui commencent par les lettres figurant dans chaque titre. Lorsque le temps est écoulé, les groupes doivent passer à une autre feuille, jusqu'à ce que tous les groupes soient passés devant chaque feuille. Discutez des réponses des élèves et proposez des noms d'athlètes qui pourraient illustrer les mots inscrits sur les feuilles de papier. Ensuite, les élèves doivent composer un poème où ils louent les réalisations d'un athlète du passé ou contemporain, en utilisant les mots qui se trouvent sur les feuilles de papier. Enfin, les élèves doivent lire leur poème devant la classe.

Leçon 5. Triptyque d'un athlète

Un triptyque est une peinture ou une sculpture qui comprend trois panneaux, souvent reliés ensemble par des charnières. Les panneaux extérieurs sont plus petits et sont repliés sur la partie du milieu qui se trouve alors entièrement cachée. Il s'agissait d'une forme d'art très fréquente en Europe au Moyen-Âge et à la Renaissance et d'une façon de vénérer différents personnages religieux comme Jésus-Christ, les Apôtres et les Saints. Le site Web du Metropolitan Museum of Art à New York en propose une excellente collection en ligne. Individuellement ou en groupes de trois, les élèves doivent construire leur propre triptyque pour illustrer les exploits et les caractéristiques d'un personnage sportif canadien. Les images doivent aider à exprimer pourquoi leur athlète est un héros. Les dessins peuvent également être replacés dans un contexte historique. Par exemple, un athlète des années 1920 peut être illustré à la mode Art déco. Encore une fois, le Metropolitan Museum ainsi que d'autres grands musées proposent des exemples de différents mouvements artistiques.