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Aperçu
Ce plan de cours repose sur le visionnement de la série Empreintes sur Ferguson Jenkins, Harry Jerome et l'équipe du relais 4 x 100 m de 1996. La ville de Chatham, en Ontario, où est né le premier Canadien à figurer au Temple de la renommée américain du baseball, était un des « terminus » du chemin de fer souterrain au nord, et en même temps, un lien entre la nation et la diaspora africaine. Les liens historiques du Canada avec l'Afrique et les Antilles ont enrichi ce pays, une richesse qui ne se limite pas aux médailles d'or obtenues aux Jeux Olympiques. Toutefois, les Afro-Canadiens, en traversant de l'autre côté de la frontière, n'étaient pas libérés du racisme. Ces athlètes sont une source de fierté nationale, mais leurs réalisations ont également accéléré la confrontation du Canada avec son passé et certains préjugés toujours vivants.
Objectifs
Sensibiliser davantage les élèves à la contribution des athlètes afro-canadiens au sport au Canada; examiner les liens du Canada avec la diaspora africaine; étudier l'histoire du Canada selon la perspective des Afro-Canadiens; favoriser une compréhension des difficultés particulières auxquelles ont dû faire face les athlètes afro?canadiens et celles qu'ils continuent d'éprouver aujourd'hui; évaluer la mesure dans laquelle ces difficultés reflètent des préjugés sociaux plus répandus au sein de la société canadienne.
Contexte
En 1605, Mathieu Da Costa accompagnait Samuel de Champlain qui devait établir une colonie en Acadie. Le natif des Açores connaissait la langue micmaque et était l'interprète de l'explorateur français. Il avait voyagé de ce côté-ci de l'Atlantique vers la fin des années 1500 et au début des années 1600, et était fort recherché comme traducteur, à la fois par les Français et les Hollandais, au cours de leurs voyages en Amérique du Nord. Selon les archives, il s'agirait également de la première personne connue de descendance africaine à mettre le pied sur le sol canadien; c'est un personnage qui reste mystérieux, tant pour ce que l'on connaît de sa vie que pour ce que l'on ignore. Notre connaissance générale de l'histoire des Afro-Canadiens est également confuse. Le chemin de fer souterrain est une sorte de « bouée » historique pour les Canadiens, un chapitre dans le journal de l'histoire des Afro-Canadiens dont nous sommes fiers et qui nous réconforte. Cependant, on se souvient de cet épisode en grande partie pour les différences qu'il met en lumière entre nos voisins du sud soi-disant moins tolérants. Nous avons sauvé les Africains; ils les ont mis en esclavage. Notre histoire est relativement pacifique; la leur est sanglante et brutale. Bien sûr, les archives racontent une toute autre histoire. Et les histoires des athlètes afro-canadiens reflètent la complexité de notre passé.
La « pratique particulière » de l'esclavage, généralement associée au sud de l'Amérique, s'étendait, sans doute à votre plus grande surprise, jusqu'en Nouvelle-France au XVIIIe siècle. Des règles et règlements régissaient la possession, l'administration et l'émancipation d'esclaves noirs et autochtones, et vers la fin du régime français en 1763, on estimait qu'il y avait 3 500 esclaves en Nouvelle-France, dont environ 1 100 étaient noirs.
Entre 1700 et 1810, les marchands britanniques étaient également très actifs dans le commerce des esclaves, transportant près de trois millions d'Africains de l'autre côté de l'océan. Mais en l'espace de 26 ans, soit entre 1787 et 1833, la Grande-Bretagne déclara le commerce des esclaves non seulement illégal, mais abolit l'esclavage dans toutes ses colonies, y compris dans la région que l'on appellera un plus tard le Canada. Jusqu'à la moitié du XIXe siècle, le commerce des esclaves outre-atlantique a continué de se développer, principalement aux États-Unis, jusqu'à la victoire du nord lors de la guerre civile américaine en 1865. Le chemin de fer souterrain connut une période d'activité intense pendant les dernières années d'esclavage en Amérique, faisant du Canada une destination de choix pour les personnes de descendance africaine et une porte d'accès à la liberté.
Le rôle du Canada en tant que destination finale du long périple des esclaves en provenance des États-Unis est un trait de notre histoire dont nous pouvons être fiers, et avec raison. Et pourtant, même au début du XXe siècle, l'intolérance à l'égard des Afro-Canadiens n'était pas inhabituelle au nord du 49e parallèle. En fait, pendant la Grande guerre, après deux années dans la boue et la brutalité des champs de bataille européens, le Canada refusa de reconnaître les Afro-Canadiens comme des personnes libres et égales aux autres citoyens. En effet, les quartiers généraux de l'armée à Ottawa émirent la note de service suivante en avril 1916 :
(Traduction)
Il ne sert à rien d'ignorer les faits, le négro civilisé est vaniteux et imitateur; au Canada, son enrôlement n'est pas motivé par un sens élevé du devoir; dans les tranchées, il ne fera pas un bon combattant et l'homme blanc moyen ne pourra pas le considérer comme son égal… En France, sur la ligne de feu, il n'y a pas de place pour un bataillon noir, puisque cela attirerait l'attention; un tel bataillon détonerait au sein d'un bataillon blanc, et la discipline serait difficile à appliquer… Aucun officier blanc n'accepterait de diriger un bataillon entièrement noir.
Malgré des années de guerre et de carnage, rien ne changea dans la politique raciale de l'Aviation royale du Canada. Harold Leopold Bell, de la Jamaïque, alors âgé de 24 ans, s'enrôla volontairement dans l'ARC et fut envoyé au camp Sussex au Nouveau-Brunswick, vers la fin de la Première Guerre mondiale. Toutefois, le 21 août 1918, on lui interdit de se joindre à l'effort de guerre en tant que mécanicien pour l'ARC. Il obtint plutôt son certificat de libération car on avait inscrit à son dossier qu'il avait la peau foncée.
Au moment de la Blitzkrieg d'Adolph Hitler, les Noirs avaient réussi à surmonter suffisamment d'obstacles pour obtenir le droit de servir dans l'Aviation royale du Canada. Et même si cette percée est importante, tant pour les Forces armées que pour l'effort de guerre canadien, les soldats noirs qui revenaient au pays pendant les années 40 étaient toujours victimes de l'hypocrisie du Canada dans sa lutte contre le fascisme en Europe. Pendant que les combats faisaient rage, les soldats observaient que le sectarisme était encore monnaie courante à domicile. Le racisme au Canada était aussi subtil qu'un panneau sur lequel on pouvait lire « Pas de Noirs ». Par exemple, en 1946, Viola Desmond, une femme d'affaires noire, refusa de prendre place au balcon dans un théâtre de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Plutôt, elle décida de s'asseoir dans une section réservée exclusivement aux Blancs, ce qui donna lieu à son arrestation pour avoir enfreint les règles du théâtre. Cet incident s'est produit près de dix ans avant le geste de Rosa Parks, cette femme noire américaine qui avait refusé de laisser son siège à un passager blanc. Avant les Afro-Américains, les Afro-Canadiens refusaient de demeurer au second plan.
Même si le Canada n'a pas adopté de régime systématique comme celui des lois Jim Crow aux États-Unis, le pays permettait une ségrégation raciale volontaire de fait. De nombreuses communautés du pays ont suivi l'exemple de Dresden, en Ontario, où la ségrégation raciale se pratiquait dans presque tous les lieux publics. Les provinces de la Nouvelle-Écosse et de l'Ontario autorisaient la ségrégation dans les écoles publiques jusque dans les années 1960. Les Afro-Canadiens de l'Ontario ont dû attendre jusqu'en 1964 pour que la ségrégation soit déclarée illégale, mettant ainsi fin à l'époque des salles de classe séparées dans la province.
C'est dans ce contexte que Ferguson Arthur Jenkins, le seul Canadien à accéder au Temple de la renommée du baseball au XXe siècle, est né, le 13 décembre 1943, à Chatham, en Ontario. Au moment où Ferguson Jenkins entra dans les ligues majeures en 1965, les joueurs de baseball noirs faisaient légion dans les ligues du continent; cependant, pour en arriver là, ils durent surmonter les obstacles qui avaient entravé le chemin des athlètes de couleur des générations précédentes. Comme nous le savons aujourd'hui, c'est au Canada que certains de ces obstacles s'effondrèrent.
Ce que l'on appelle souvent le sport national de l'Amérique a de profondes racines au Canada, et certains affirment même qu'elles sont ici plus profondes que celles qui se sont développées aux États-Unis. Cooperstown, dans l'État de New York, où se trouve le Temple de la renommée du baseball, affirme être le lieu de naissance de la première partie de baseball homologuée dans sa forme moderne, à l'été de 1839. Par contre, les Canadiens, entre autres, prétendent que c'est dans la communauté de Beachville, en Ontario, que la première balle a été lancée. Le 4 juin 1838, le club local de Beachville, jouant avec une balle de fil jaspé couverte de cuir de veau, affronta une équipe de la ville voisine de Zorra et de North Oxford pour souligner l'anniversaire du roi George IV. On choisit cette date parce qu'elle avait été déclarée jour férié national en souvenir du renversement de la Rébellion de 1837, survenue un an plus tôt. Même si l'on continue de débattre des véritables origines du baseball, les premières années de ce sport sont étroitement reliées à des questions raciales.
La politique raciale officielle au baseball a été établie le 11 décembre 1868, lorsque la National Association of Baseball Players, au cours d'un vote à l'unanimité, interdit toute équipe qui pourrait être composée d'une ou de plusieurs personnes de couleur. Plus de 70 ans plus tard, cette politique sera toujours en vigueur, jusqu'à un certain soir de 1946, à Montréal, où le remarquable Jackie Robinson bouleversa les règles établies et transforma le baseball à tout jamais. À l'époque, Montréal était considérée comme une des villes les plus cosmopolitaines et tolérantes d'Amérique du Nord. C'est dans ce contexte, le 18 avril, que Jackie Robinson mit le pied sur le terrain du stade Delorimier avec l'équipe des Royals de Montréal de la Ligue internationale, une ligue mineure triple A affiliée aux Dodgers de Brooklyn. Les Canadiens-Français, au départ plutôt désintéressés, en vinrent à voir Jackie Robinson comme un héros de la ville, un héros qui luttait comme eux pour sa reconnaissance. Lorsque les Royals gagnèrent la Little World Series cette année-là, défaisant l'équipe de Louisville du Sud profond des États-Unis, les foules saluèrent Jackie Robinson en français en lui chantant : « Il a gagné ses épaulettes ».
Près de deux décennies plus tard, le joueur de deux mètres, Fergie Jenkins, entra dans les ligues majeures avec les Phillies de Philadelphie. Son premier lancer frôla Dick Groat de si près qu'il tomba à la renverse. Les trois tirs suivants frappèrent le côté du marbre, un rappel des tirs précis pour lesquels Fergie Jenkins est reconnu. Il expliqua plus tard à un journaliste du Sports Illustrated qu'il n'approuvait pas le type de lancer qui avait inauguré sa 14e saison en carrière. « Si un lanceur veut jouer au chasseur de tête, il devrait jouer au hockey plutôt qu'au baseball ».
Ses 284 victoires en 19 ans dans les ligues majeures constituent un record parmi les joueurs noirs de la ligue majeure de baseball. Dans ce jeu, où l'on est obsédé par les statistiques, ces résultats impressionnants le sont encore plus lorsque l'on tient compte des équipes pour lesquelles il a lancé - six saisons victorieuses avec les Cubs de Chicago au Wrigley Field, le terrain le plus petit et le plus favorable aux frappeurs de la ligue majeure de baseball, et deux saisons avec les Red Sox de Boston au Fenway Park, également reconnu pour ses avantages pour les frappeurs. Grâce à sa balle rapide de 150 kilomètres à l'heure qui entrait à la vitesse de l'éclair dans la zone de prises et à ses balles glissantes difficiles à frapper, le receveur des Cubs, Randy Hundle, expliqua : « Jenkins était un grand lanceur que j'aurais pu attraper avec une paire de pinces ». Fergie Jenkins est le seul lanceur de l'histoire de la ligue majeure ayant plus de 3 000 retraits sur prise et moins de 1 000 buts sur balle. Son contrôle a fait de lui non seulement un des meilleurs lanceurs noirs du jeu moderne, mais un des meilleurs joueurs toutes originales raciales confondues.
Ray Lewis, né à Hamilton en Ontario en 1910, était un des coureurs les plus rapides de sa génération et un des premiers athlètes noirs nés au Canada à se hisser sur le podium olympique. Arrière-petit-fils d'esclaves, il travaillait comme bagagiste pour le chemin de fer et s'entraînait en courant le long des voies lorsque le train était arrêté dans les Prairies. Ses exploits seraient demeurés inaperçus si Harry Jerome, un autre Afro-Canadien et bagagiste, n'avait été témoin des courses de Ray Lewis dans les champs de blé de la Saskatchewan. Après tout, le 30 septembre 1940, la femme de Harry Jerome, Elsie, donna naissance à un des plus grands sprinteurs jamais vus au Canada. Né à Prince-Albert, en Saskatchewan, Harry Jerome Junior deviendra l'homme le plus rapide au monde. Mais ce qui distingua Harry Jerome des autres était sans aucun doute sa détermination en tant qu'athlète et universitaire, et ses constantes remises en question des attitudes raciales des Canadiens.
Lorsque Harry Jerome a eu 12 ans, sa famille déménagea à Vancouver Nord, dans un quartier conservateur où la population noire se limitait à sept personnes : Harry Jerome, ses quatre frères et sœurs, son père et sa mère. Il attira l'attention de l'entraîneur d'athlétisme au collège de Vancouver Nord en courant d'un but à l'autre lors les parties de baseball. Même s'il a eu la chance d'être remarqué, son périple vers le panthéon du sprint ne s'est pas fait sans heurts.
Le 15 juillet 1960, au cours d'une course se déroulant à Saskatoon pour la University of Oregon, Harry Jerome établit le record mondial de 10,0 secondes aux 100 mètres. Il n'obtint pas la médaille d'or, mais le bronze à Tokyo en 1964. Mais l'éclat de l'or est bien pâle lorsqu'on le compare à l'ardeur de sa détermination. Deux ans auparavant, aux Jeux du Commonwealth de 1962 à Perth, en Australie, Harry Jerome se sectionna complètement le quadriceps gauche. Il pouvait plonger son poing au complet dans le creux que cette blessure avait laissée dans sa cuisse, et on craignait qu'il ne puisse jamais marcher normalement. À Tokyo, deux ans plus tard, la cicatrice de 30 cm sur sa cuisse témoignait de sa détermination et justifiait son second prénom. En effet, le père de Jerome admirait tellement le premier ministre britannique Churchill et son attitude de défi face aux forces aériennes allemandes pendant le blitz de Londres, qu'il choisit le prénom de Winston pour son fils.
Malgré les succès et la persévérance de Harry Jerome, il est étonnant de noter que les médias canadiens lui faisaient toujours mauvaise presse, le qualifiant de lâcheur à plusieurs occasions. Néanmoins, ses appels pour un changement social ne furent pas étouffés. Harry Jerome utilisa ses exploits athlétiques pour ouvrir des portes aux Afro-Canadiens, au-delà du monde du sport, et il profita de sa notoriété pour dénoncer publiquement la sous-représentation ou l'absence d'Afro-Canadiens dans les médias canadiens.
Harry Jerome se retira de la compétition en 1968, malgré le fait qu'il enregistrait encore les meilleurs temps de sa carrière. Éducateur dévoué, il travailla plusieurs années pour Sports Canada et créa le Programme de prix sportif du premier ministre pour favoriser le sport et la condition physique au niveau primaire. Le 7 décembre 1982, alors qu'il conduisait sur le pont Lion Gate de Vancouver, Harry Jerome subit un spasme au cerveau et mourut en route vers l'hôpital. Le Canada et la University of Oregon lui ont depuis dédié des statues et ont baptisé des installations sportives et des compétitions d'athlétisme à son nom. Harry Jerome ne s'esquiva jamais de son rôle d'exemple pour les Afro-Canadiens, et notre nation s'en porte beaucoup mieux!
Si les médias canadiens étaient souvent hostiles à l'égard de Harry Jerome, ils adorèrent un autre sprinteur canadien aux Jeux Olympiques d'Atlanta. Les Canadiens retinrent tous leur souffle le 27 juillet 1996 lorsque Donovan Bailey brisa le ruban aux XVIe Olympiades. L'homme le plus rapide aux 100 mètres, qui brisa le record de 9,84 secondes, était un Canadien. Encore une fois. En moins de 10 secondes, Donovan Bailey laissa derrière lui ses concurrents et les stigmates qui entachaient la feuille d'érable depuis huit ans. Lorsque Donovan Bailey prit le grand drapeau canadien des mains de la femme assise au premier rang du stade aux Olympiques du centenaire, la tache du test d'antidopage positif de Ben Johnson aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988 s'effaça de notre conscience collective.
Donovan Bailey fait maintenant partie de la façon dont nous nous voyons et nous avons essayé de faire disparaître Ben Johnson de notre mémoire. Nous tenons le premier en idéal aussi passionnément que nous avons rejeté le second. Mais également, nous conservons encore une idée erronée de notre identité nationale. En parlant avec le journaliste duMontreal Gazette, Michael Farber, pour un article du Sports Illustrated, Donovan Bailey parle de l'intolérance au Canada : « Nous savons qu'elle existe. Les gens qui ne semblent pas être Canadiens, les gens de couleur, n'ont pas le même traitement. On vous associe à vos parents, au lieu de naissance de vos parents et à votre lieu de naissance ». Il ne faut pas oublier l'intolérance qui attendait les voyageurs au bout du chemin de fer souterrain. Le negro spiritual du XIXe siècle « Follow the Drinking Gourd » se lit comme suit :
(Traduction)
Adieu vieux maître
Ne me suis pas
Je m'en vais au nord, au Canada
Où tout le monde est libre.
Heureusement pour les Canadiens, les gens de la diaspora africaine continuent de venir au Canada et gardent une relation profonde et étroite avec le pays. Mais comme l'a clairement établi Donnovan Bailey, et comme en témoigne la ségrégation qui existe encore aux États-Unis et au Canada, les traitements différents réservés aux gens de couleur continuent d'être un obstacle à la véritable liberté.
Huit jours après la victoire de Donovan Bailey, le 4 août, Robert Esmie, qui avait rasé les mots « Blast Off » sur son crâne, s'élança des blocs de départ. Moins de 11 secondes plus tard, Glenroy Gilbert prit le bâton. Après 9,02 secondes, Bruny Surin s'en empara. Finalement, 9,25 secondes plus tard, Donovan Bailey accrut l'avance de l'équipe de relais canadienne aux 4 x 100 mètres, et en 8,95 secondes, le bras levé, Donovan Bailey rapporta une autre médaille d'or au Canada. Parmi les cris de victoire de ses coéquipiers et des Canadiens présents dans la foule, Donovan Bailey s'excusa. Le temps victorieux était de 37,69 secondes, un record canadien, mais une différence de 19 centièmes avec la marque mondiale de 37,40. Donovan Bailey et le reste de l'équipe de relais au 4 x 100 mètres n'avaient aucune raison de s'excuser, car leur médaille brillait avec autant d'éclat que le blé des Prairies.
Le Canada a bien changé depuis que Mathieu Da Costa mit le pied sur le sol canadien. Mais ce qui est demeuré inchangé, c'est la contribution continue des Afro-Canadiens au développement de la nation et à son histoire.
Activités
Leçon 1. Porter son identité.
Porter l'insigne d'une équipe, c'est afficher sa loyauté. Rock Carrier a bien exprimé ce sentiment de porter son identité dans le Chandail de hockey. Dans le Québec rural des années 1940, où l'emblème des Canadiens de Montréal était un symbole de fierté nationale, que devait faire un garçon qui avait reçu par erreur un chandail des Maple Leafs de Toronto? Les logos d'équipe peuvent également être une source de discorde et même d'animosité et de protestations à saveur raciale. Prenons par exemple la controverse entourant les Black Hawks de Chicago au hockey, les Braves d'Atlanta au baseball et les Chiefs de Kansas City au football.
On recommence à s'intéresser aux vêtements que portaient les joueurs de la ligue de baseball noire. Les collectionneurs peuvent acheter de vieux chandails portés par les Black Crackers d'Atlanta, les Black Barons de Birmingham et les Black Sox de Baltimore. Malgré les liens du Canada avec les premières années du sport national de l'Amérique, il n'y avait aucune équipe canadienne dans les ligues de baseball noires.
Les élèves doivent créer l'emblème d'une équipe canadienne de la ligue noire. Le nom et l'emblème de l'équipe doivent refléter des caractéristiques particulières de la communauté afro-canadienne dans la ville choisie. L'insigne doit également refléter un aspect particulier du Canada. Enfin, les élèves doivent choisir l'époque au cours de laquelle l'équipe aurait joué.
Leçon 2. Sur une autre voie.
Le chemin de fer souterrain relie les Canadiens à l'histoire douloureuse de l'esclavage aux États-Unis; il s'agit d'un trait de notre histoire qui nous distingue d'un épisode dont les Américains ont encore de la difficulté à se libérer aujourd'hui. Cependant, l'histoire d'Africville vient nous rappeler les responsabilités que nous avons refusé d'assumer. Africville, épisode du XXe siècle dans l'histoire canadienne, est l'histoire de l'exclusion et de la disparition d'une communauté noire de la ville d'Halifax.
Plus récemment, l'histoire d'Africville a été documentée dans une production de 1987 de la CBC (on peut en voir des extraits en ligne). En 2002, le gouvernement fédéral déclara finalement Africville lieu historique national. La ville d'Halifax commémora également le site où se trouvait la communauté.
En plein milieu de la Guerre civile américaine, le général de l'Union, William T. Sherman, émit une ordonnance spéciale garantissant « 40 acres et une mule » afin de favoriser l'établissement des Noirs. Cette promesse ne fut jamais respectée et l'on continue de débattre aux États-Unis du caractère approprié de verser une indemnité à ceux qui ont été affectés et continuent de l'être par les ravages de l'esclavage. On commence à parler d'indemnités pour les anciens résidents d'Africville et leurs descendants. Le mouvement de réparation au Canada a favorisé un débat sur le montant des paiements, l'admissibilité et l'idée de l'indemnité elle-même.
Les élèves doivent effectuer une recherche sur les 150 ans d'histoire d'Africville. Les manuels scolaires récemment publiés traitent de cet événement et il existe d'excellentes ressources en ligne sur le site de la CBC et des Collections numérisées du Canada. Après avoir terminé leur recherche, les élèves doivent rédiger un texte de 250 mots dans lequel ils décrivent les motifs pour ou contre le versement d'une indemnité aux anciens résidents d'Africville.
Leçon 3. Carte de la migration.
Cet exercice requiert une carte du monde suffisamment grande pour que tous les élèves de la classe puissent la voir. De quelle région du monde proviennent les Afro-Canadiens? La diaspora africaine est un monde complexe et intégré, un monde étroitement relié à l'histoire du Canada. En groupes de deux ou trois, les élèves doivent choisir un des cinq athlètes afro-canadiens mentionnés ci-dessous et déterminer d'où provenaient leurs ancêtres. Enfin, chaque groupe doit tracer les périples de leur athlète sur la carte du monde. Les cinq athlètes sont les suivants :
- « Little Chocolate » George Dixon, le premier champion de boxe noir, toutes catégories
- Willie O'Ree, le premier athlète noir à jouer au hockey professionnel dans la ligue nationale de Hockey
- Le gardien de but, Grant Fuhr, des Oilers d'Edmonton
- Jarome Iginla, le premier athlète noir à être nommé capitaine d'une équipe de la LNH
- Perdita Felicien, qui gagna la médaille d'or aux Championnats d'athlétisme mondiaux de 2003, à Paris, en France.
Leçon 4. Réécrire l'histoire.
Les manuels scolaires peuvent être une source de division. La façon dont l'histoire d'une nation est enseignée à ses enfants comprend naturellement une foule de répercussions politiques, sociales et culturelles. Il est par conséquent important pour les élèves de comprendre les préjugés qui transparaissent dans leurs propres manuels scolaires et la façon dont les histoires sont racontées dans chaque édition publiée.
Les élèves doivent examiner la table des matières de leur propre manuel de sciences humaines. Comment le texte est-il organisé? Quelles grandes histoires sont décrites? Par exemple, est-ce que le manuel traite l'histoire d'Africville comme un épisode important de l'histoire du XXe siècle canadien? Quelles histoires sont ignorées ou peu abordées? Quelle attention a-t-on accordée à Mathieu Da Costa au moment de l'arrivée de Samuel de Champlain sur les rives du Canada? Les élèves doivent ensuite réécrire la table des matières en adoptant un préjugé positif à l'égard des athlètes afro-canadiens. Ils peuvent organiser l'histoire du Canada chronologiquement ou choisir une stratégie thématique.
Leçon 5. Ben et Bailey.
Les Canadiens vécurent une amère déception lorsque Ben Johnson subit un test positif au stanozolol, un stéroïde anabolisant interdit, au XXIVe olympiade de Séoul, en Corée du Sud. Mais nous avons également vécu un grand moment de rédemption lorsque Donovan Bailey gagna la médaille d'or à Atlanta. La transgression de Ben Johnson nous a obligé à nous pencher sur l'athlétisme au Canada, un examen qui a donné lieu à la Commission d'enquête sur le recours aux drogues et aux pratiques interdites pour améliorer la performance athlétique, mieux connue sous le nom d'enquête Dubin, en l'honneur du juge qui la présidait, Charles Dubin. Suite au succès de Donovan Bailey, toute la nation se félicita de sa tolérance envers la diversité multiethnique. Ces deux épisodes de l'histoire du sport au Canada nous en disent long sur la façon dont le pays perçoit les Afro-Canadiens.
Distribuez des journaux et des magazines canadiens aux élèves. Demandez-leur d'identifier et de catégoriser les articles, les publicités et les images ayant trait à des Afro-Canadiens. Discutez du nombre de Canadiens noirs dont il est question dans les diverses catégories. Parle-t-on davantage des Afro-Canadiens dans certaines sections du journal? La section des sports peut-être?
Individuellement, les élèves devront rédiger une lettre au rédacteur en chef d'un de ces journaux ou magazines (Harry Jerome écrivait de telles lettres dans lesquelles il commentait l'absence d'Afro-Canadiens dans les médias), lettre qui sera distribuée en classe et dans laquelle les élèves demandent au rédacteur pourquoi il existe encore certains préjugés dans les articles sportifs sur des Afro-Canadiens.
Leçon 6. Il y en a beaucoup d'autres…
Il y a de nombreux athlètes afro-canadiens qui n'ont pas été directement abordés dans cette série. Par conséquent, les élèves devront mener une recherche sur un athlète afro-canadien qui n'a pas été étudié. Par exemple, le champion de boxe « Little Chocolate » George Dixon; Willie O'Ree, le premier athlète noir à jouer au hockey professionnel dans la ligue nationale de hockey, le gardien de but, Grant Fuhr, des Oilers d'Edmonton et Jarome Iginla, le premier athlète noir à être nommé capitaine d'une équipe de la LNH. En s'inspirant d'une carte de hockey ou de baseball, les élèves doivent créer une carte de l'athlète qu'ils ont choisi. Ils doivent inclure des images, des statistiques et l'histoire de leur athlète.