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Aperçu
Le présent plan de cours repose sur le visionnement des films de la série Empreintes de Historica sur Newsy Lalonde, Howie Morenz, King Clancy, Maurice Richard, Teeder Kennedy, Terry Sawchuk, Jacques Plante, Jean Béliveau et Foster Hewitt. Un bâton, une rondelle, un filet. C’est de cette façon que Ken Dryden décrit ce sport. En tant que Canadiens, nous y avons pris goût dès notre plus tendre enfance, pendant les longs hivers nordiques qui favorisent l’oisiveté. Le hockey s’est développé avec la nation et le pays a évolué avec le jeu. Ces personnages sont les pionniers du sport national du Canada, leur contribution à notre passe-temps favori est inoubliable et leur rôle dans l’édification de notre identité s’est révélé essentiel, tout au long de la première moitié du vingtième siècle.
Objectifs
Sensibiliser les étudiants au développement du hockey au Canada; aider les élèves à mieux comprendre les contributions des innovateurs du monde du hockey; examiner leurs réalisations dans un contexte historique; étudier la façon dont le hockey est devenu le sport national du Canada, au cours des XIXe et XXe siècles; entamer une réflexion critique sur la façon dont le hockey a influencé la culture politique du Canada et a été influencé par cette dernière; examiner les liens entre le hockey et les affaires pendant les premières années de ce sport; s’interroger sur le malaise des Canadiens à l’égard de l’appropriation et du contrôle de leur sport par les Américains.
Contexte
L'histoire du hockey est passionnante, tout comme notre quête visant à déterminer les origines du sport national du Canada. Lorsque vient le temps de préciser le lieu de naissance du hockey, les passions se déchaînent. Par exemple, toute la ville de Windsor en Nouvelle-Écosse, qui s'est autoproclamée lieu de naissance du hockey , a vivement protesté au moment où la Ligue internationale de hockey sur glace a publié, le 12 juin 2002, un rapport de 18 pages produit par la société internationale de recherche sur le hockey. L'existence d'une telle société dédiée à l'étude de l'histoire du hockey en dit long sur la place qu'occupe ce jeu au sein de notre nation, hier et aujourd'hui.
Quel que soit le sujet débattu sur les origines du hockey, on s'entend généralement pour dire que c'est à la Montréal Gazette que revient l'honneur d'avoir décrit la première partie de hockey intérieur au Canada, le 4 mars 1875, à la patinoire Victoria de Montréal. Un lieu fermé, un public captif et l'utilisation d'un bloc de bois plat de façon à ce qu'il glisse sur la glace sans se soulever et sans risquer d'être projeté parmi les spectateurs, pour leur plus grand inconfort , ont marqué les débuts de ce jeu. Au début des années 1890, des équipes de hockey étaient formées partout au pays, mais les règles et les niveaux d'organisation n'étaient pas uniformes. Au cours des 20 années suivantes, le système s'est consolidé, et durant les années 1920, le jeu prit une forme similaire à celle qu'on lui connaît aujourd'hui. On s'en doute bien, de nombreux joueurs et de nombreuses personnalités ont marqué cette époque et sont devenus des champions et des légendes du monde du hockey. Pendant les années qui ont suivirent la Première Guerre mondiale, un commentateur a laissé sa marque dans l'histoire des débuts du hockey. Le 22 mars 1923, le journaliste du Toronto Star, Foster Hewitt, a commenté sa première partie de hockey à la radio, partie qui se déroulait à l'aréna de Mutual Street à Toronto. Il décrit l'événement 15 ans plus tard. ... pendant cette froide nuit d'hiver, je suis resté le dos courbé pendant plus de deux heures sur un petit tabouret aux jambes coupées, dans une boîte vitrée de quatre pieds de hauteur et de trois pieds carrés, sans même pouvoir prendre la moindre bouffée d'air frais .
Près de dix ans plus tard, Foster Hewitt commentait régulièrement, tous les samedis soirs, les parties des Maple Leafs. Le 1er janvier 1933, le hockey de la LNH est devenu la première émission de radio diffusée partout au pays, relayée d'une station à une autre.
Si Foster Hewitt est l'une des grandes personnalités du hockey de la première moitié du siècle, Edouard Charles Newsy Lalonde est sans aucun doute un des grands personnages sportifs de cette époque. Son surnom lui vient de son emploi au journal local de sa ville natale de Cornwall, en Ontario. La carrière de Lalonde a débuté en 1904-1905. Ce joueur de centre mesurant 1,75 mètre et pesant 74 kg attira l'attention de plusieurs dépisteurs et entraîna une véritable surenchère interfrontalière entre Sault Ste.Marie en Ontario et l'équipe américaine des Soo, de l'autre côté de la rivière, au Michigan. L'équipe canadienne parvint à égaler l'offre des Américains et conserva la jeune étoile. Le 16 novembre 1926, lorsque Edouard Lalonde laça ses patins pour la dernière fois avec les New York Americans de la Ligue nationale de hockey, il avait joué pour au moins 11 équipes dans neuf ligues différentes, comptant 314 buts au cours des 220 parties professionnelles auxquelles il participa.
Newsy Lalonde, qui traversait constamment le pays et passait d'une équipe à une autre au gré des offres qu'on lui faisait, compléta la saison 1921-1922 avec les Canadiens avant d'être échangé aux Sheiks de Saskatoon, un des plus importants échanges du début du siècle. Montréal avait besoin d'un meneur à l'attaque pour donner la rondelle à son nouveau joueur en vue et Newsy Lalonde fut donc envoyé à Saskatoon en échange d'Aurèle Joliet, un natif d'Ottawa, qui deviendra célèbre grâce à ses passes légendaires à l'étoile montante du hockey, Howie Morenz.
Au cours des années 1920, Édouard Lalonde passa derrière le banc, cédant la place à Howie Morenz qui s'annonçait comme étant un joueur spectaculaire sur la glace; ce dernier devint une légende, mais également un héros déchu. Le 15 octobre 1953, dans l'article intitulé How They Broke the Heart of Howie Morenz, le journaliste sportif de Maclean, Trent Frayne, célébrait cette légende du hockey dont le décès, 16 ans plus tôt, prit des proportions mythiques. Trent Frayne pleurait la mort de Morenz, mais également celle d'un jeu plus innocent et plus viscéral. Howie Morenz était bien plus que le meilleur joueur de hockey n'ayant jamais vécu. Il fait partie du folklore d'une nation, il est le symbole d'une époque qui n'est maintenant plus qu'un souvenir, une époque où les héros de la glace étaient des fiers-à-bras qui aimaient prendre un coup et dont la loyauté envers leur équipe était à toute épreuve.
Il y a plus de cinquante ans, les journalistes se plaignaient de la disparition du jeu comme dans le bon vieux temps - pas de passes à l'avant, pas de ligne rouge au centre et un calendrier comptant au maximum 50 parties. Howie Morenz, de Mitchell en Ontario, était la plus grande star de l'époque et ce sont ses talents qui ont aidé à vendre le jeu aux États-Unis, où on l'appelait souvent le Babe Ruth du hockey en raison des foules qu'il attirait.
Au début des années 1930, Howie Morenz a été échangé à Chicago, où il a joué pendant une partie des deux saisons. Il a également joué pour les Rangers de New York et en 1935, de nouveaux propriétaires tentèrent de faire revivre les Canadiens de Montréal, alors en difficulté, en ramenant la comète canadienne au pays. Malheureusement, sa gloire fut de courte durée, puisque Howie Morenz mourut tragiquement.
Le 28 janvier 1937, sous les applaudissements de la foule du Forum, Howie Morenz se fractura quatre os des jambes suite à une rude mise en échec dans la bande. Hospitalisé et dans le plâtre, Howie n'entendra plus jamais le cri de ralliement du Forum Les Canadiens sont là! . Le soir du 8 mars, pâle, les traits tirés et agité, il sort de son lit, met un pied au sol et s'effondre. Le certificat de décès mentionne que sa mort est attribuable à une déficience cardiaque et à une excitation extrême . Pour bon nombre des 40 000 personnes qui assistèrent à ses funérailles, celles qui attirèrent le plus de monde à l'époque, Howie Morenz est tout simplement mort d'un cœur brisé.
Les partisans de Montréal étaient en plein dans ce que l'on nomme la grande noirceur, soit la période entre la coupe des Maroons de Montréal en 1935 et le prochain grand succès d'une équipe montréalaise en 1944. Cette grande nostalgie pour les jours de la comète dura sept ans, et ne prit fin qu'avec l'arrivée du Rocket , qui amènera les Canadiens et le hockey professionnel au-delà de la Seconde Guerre mondiale et jusqu'à notre époque moderne. Maurice Richard continua d'assumer le rôle de légende de l'histoire du hockey à Montréal, ramenant la coupe Stanley aux Canadiens en 1944 et incarnant les rêves nationalistes des Québécois.
Le malheur des Canadiens faisait souvent la joie des Maple Leafs. On l'appela le meilleur échange dans l'histoire du hockey . Le 10 octobre 1930, les Sénateurs d'Ottawa, en difficultés financières et ne jouant que pour un petit marché, échangèrent leur joueur le plus populaire, Frank King Clancy, aux Maple Leafs de Toronto pour la somme sans précédent de 35 000 $ (à une époque où le salaire annuel moyen au Canada était de 1 000 $), ainsi que deux autres joueurs. Le gérant des Maple Leafs, Conn Smythe, attira Clancy à Toronto après avoir gagné aux courses grâce à un cheval nommé Rare Jewel. Cet argent lui permit d'acheter tout le nécessaire pour remplir le nouveau Maple Leafs Gardens. Frank Clancy était maintenant le plus haut salarié du hockey professionnel.
Pendant la Dépression et la Seconde Guerre mondiale, la LNH traversa de nombreux changements; au cours de cette période, Frank Clancy porta les patins pour les Maple Leafs, fut l'entraîneur des Maroons de Montréal et joua également le rôle d'arbitre. Les équipes d'Ottawa, de Philadelphie, de Pittsburg et de St. Louis disparurent, mais en 1942, une certaine stabilité sembla s'installer avec une ligue de six équipes, soit Détroit, New York, Chicago, Toronto, Montréal et Boston - liste qui restera en vigueur pendant 25 ans.
Conn Smythe amena Frank Clancy à Toronto pour emplir les sièges de son nouvel aréna, et le combatif joueur (dont le poids de 70 kilogrammes le plaçait parmi les plus petits défenseurs de la LNH) ne déçut pas son nouveau patron. En 1932, la première année de l'équipe au Maple Leafs Gardens, et la deuxième année de Frank Clancy avec le club, l'équipe des Maple Leafs parvint à gagner la coupe Stanley pour la première fois. Frank prit sa retraite comme joueur au début de la saison 1936-1937, pour aussitôt revêtir le chandail blanc de l'arbitre et ce, jusqu'à ce qu'il se joigne à l'équipe de la direction des Maple Leafs. Tout au long des années 1960, 1970 et la première moitié des années 1980, il sera l'ambassadeur du club jusqu'à sa mort, le 8 novembre 1986.
Tout comme Howie Morenz passa la rondelle à Maurice Richard pour les Habs, Frank Clancy passa la rondelle à Theodore Teeder Kennedy qui amènera les Leafs au-delà de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à notre époque moderne. Teeder Kennedy était un joueur vaillant et courageux qui avait le talent pour faire face à la rapidité et aux qualités de compteur de Maurice Richard.
Si Frank King Clancy était l'ambassadeur des Leafs, alors Jean Le Gros Bill Béliveau était sans aucun doute l'élégant représentant des Canadiens. Entre 1956 et 1971, il remporta dix championnats de la coupe Stanley avec Montréal. Mais si Frank Clancy était souvent du côté des perdants sur la glace et avait toute l'agilité d'un éléphant, Jean Béliveau, à 1,9 m et pesant 92 kg, avait la prestance d'un roi, une attitude humble et le verbe diplomate.
Comme pour bon nombre des premières étoiles de la LNH, l'entrée de Jean Béliveau dans la Ligue nationale de hockey regorge de tractations douteuses et d'intrusions du monde politique. Après deux saisons triomphantes à Victoriaville, le natif de Trois-Rivières se joignit à la Ligue de hockey junior du Québec en 1949-1950. L'année suivante, l'équipe Les Canadiens fut tentée par Jean Béliveau lorsqu'il compta un but et fut crédité d'une mention d'assistance au cours d'un essai de deux parties au sein de la LNH. Toutefois, il ne signa pas avec Montréal, mais se joignit plutôt à la ligue de hockey senior du Québec. Apparemment, pour conserver le patineur puissant et agile à Québec, des politiciens, proches du Premier ministre Duplessis, s'adonnèrent à quelques manœuvres douteuses - par exemple, la révocation du permis d'exploitation de la taverne du Forum de Montréal, véritable vache à lait pour les propriétaires du Canadien, si Jean Béliveau était attiré à Montréal.
Jean Béliveau finit par signer avec Montréal en 1953, et conclut une entente de cinq ans, d'une valeur d'environ 100 000 $, de loin le salaire le plus élevé jamais versé à un débutant. Il quitta les As de Québec et le luxe de leur nouveau colisée, marquant ainsi un nouvel épisode dans la lutte acharnée de la ville de Québec pour conserver sa franchise de hockey professionnel.
Montréal florissait grâce à sa nouvelle acquisition. L'équipe entreprit sa série de cinq victoires de la coupe Stanley en 1956, l'année où Jean Béliveau, gagnant des trophées Hart et Art Ross, était au sommet de la LNH. On demanda à Hap Day, le directeur général des Maple Leafs de Toronto, s'il y avait un moyen d'arrêter le joueur de centre de Montréal. Bien sûr, répondit-il, mais c'est illégal . Jean Béliveau, qui prit sa retraite en 1971, sera le modèle de toute une génération de joueurs du Québec, de Guy Lafleur à Mario Lemieux : il incarnait la dignité et l'élégance tant sur la glace qu'à l'extérieur de l'aréna.
De l'autre côté de la rondelle, Terry Sawchuk représentait la rigueur. Il joua plus de parties, enregistra plus de gains et plus de blanchissages que tout autre gardien de but dans l'histoire de la LHN. Les gardiens de but font partie d'une catégorie à part. Le natif de Winnipeg semblait avoir conclu un pacte avec le diable ou du moins l'avoir rencontré à la croisée des rues Portage et Main. Il connut la gloire, la richesse et la célébrité, mais il vivait une vie de solitaire et connût une fin tragique. Né en 1929, Terry Sawchuk grandit en écoutant Foster Hewitt décrire les parties de hockey à l'émission Hockey Night in Canada et vouait un véritable culte au gardien de but des Maple Leafs de Toronto, George Hainsworth. Son autre idole, plus près de chez lui, était son grand frère, Mike, qui mourut d'une crise cardiaque à 17 ans. Terry n'avait que 10 ans au moment de la mort de son frère et lorsque le gardien de but régulier de son équipe bantam quitta la région, Terry revêtit l'équipement de son frère.
Terry Sawchuk était un gardien de but acrobatique doté de réflexes ultra rapides et d'une façon caractéristique de s'accroupir qui fut par la suite adoptée par ses pairs. Il attira rapidement l'attention des dépisteurs de la LNH et à 17 ans, Terry Sawchuk célébra sa signature avec les Red Wings de Détroit en se roulant dans près de 2 000 $ en petites coupures dans sa chambre d'hôtel de Windsor, en Ontario.
Les jambières de Mike n'étaient pas le seul souvenir douloureux que Terry Sawchuk apportait. Au cours de ses 20 saisons avec Détroit, Boston, Toronto, Los Angeles et enfin les Rangers de New York, il subit plus de 400 points de suture au visage, une hernie discale, et ce n'est pas tout : les tendons de son poignet furent sectionnés, il se retrouva avec des parcelles d'os dans le coude et des douleurs arthritiques : suite à la chirurgie, son bras droit se retrouva deux pouces plus court que son bras gauche et il perdit deux pouces de hauteur après avoir subi une opération au dos.
Terry Sawchuk fut échangé des Red Wings, pour Boston le 3 juin 1955 : et pendant tout ce temps, il luttait pour sa santé; son estime de soi fut mise à rude épreuve à la mi-janvier de sa seconde saison avec les Bruins, où il fut dévasté par une dépression liée au stress. Il retourna à Détroit en 1957 et en 1964, alors que Gordie Howe dépassait le record de Maurice Richard quant au nombre de buts comptés, Terry Sawchuk parvint à surpasser le record de George Hainsworth au moment où il enregistra son 95e blanchissage en carrière, un événement qui passa presque inaperçu.
Échangé à Toronto cette même année, Terry Sawchuk, et son coéquipier des Maple Leafs, Johnny Bower, semblèrent coordonner leurs blessures afin qu'au moins un des deux joueurs puisse revêtir les jambières. Au cours de la saison 1966-1967, l'équipe vieillissante des Maple Leafs ramena la coupe Stanley à Toronto pour la dernière fois au 20e siècle.
Avec l'expansion de 1967, Terry Sawchuck passa une saison avec les Kings de Los Angeles, où il touchait un salaire de 41 000 $ (deux fois ce qu'il avait été payé au cours de sa meilleure saison) avant de terminer sa carrière avec les Rangers de New York en 1969. Toutefois, moins de deux semaines après que les Rangers furent brusquement écartés des séries, Terry eut une violente altercation avec un ancien camarade des Leafs, Ron Stewart. Les tempéraments étaient enflammés par l'alcool et une bagarre s'ensuivit. Terry Sawchuk fut mortellement blessé et le 31 mai 1970, s'éteignit le joueur de hockey considéré par plusieurs comme étant le meilleur gardien de but.
Contrairement à Terry Sawchuck, Jacques Plante est davantage reconnu pour ses innovations sur la glace plutôt que pour sa vie à l'extérieur de l'aréna. En effet, comme l'équipement de hockey évoluait avec le jeu, l'effet des grandes innovations est souvent passé inaperçu sur la glace. Par exemple, l'histoire du masque de gardien de but fut reléguée à la page 21 de la Montreal Gazette du 2 novembre 1959. L'article Plante Hurt, Finishes Up With Mask (Plante blessé termine le match avec un masque) passait complètement à côté de l'influence de Jacques Plante sur le hockey. Mais le natif de Mont Carmel au Québec était un habitué de l'innovation. Il était un des premiers gardiens de but à s'aventurer hors de la cage des gardiens pour arrêter les lancers de dégagement derrière le but. L'entraîneur du club, Toe Blake, sanctionna l'originalité de Jacques Plante avant même que ce dernier ne devienne le gardien de but régulier du Canadien en 1954-1955. Mais dans la partie contre les Rangers de New York, le 2 novembre 1959, son attitude fut tout à fait différente. Après avoir reçu un lancer au visage, Jacques Plante quitta la glace pour subir des points de suture. Il reprit son poste de gardien, mais insista pour porter un masque expérimental. Toe Blake était furieux, mais comme il ne disposait pas d'autres gardiens de but, il acquiesça à sa demande. Jacques Plante continua de modifier et d'adapter ses masques et contribua ainsi à la conception de presque tous ceux que portèrent les gardiens de but de la LNH à son époque.
Durant ses 17 saisons régulières entre 1953 et 1973, jouant pour les Canadiens, les Rangers, Saint-Louis, Toronto et Boston, Jacques Plante gagna sept trophées Vezina, contribua à six championnats de la coupe Stanley, enregistra 82 blanchissages et 434 victoires (tout de suite après Terry Sawchuk à 447).
La période d'expansion de la fin des années 1960 se révélera un marché de vendeurs pour les gardiens de but et dans ce contexte, Jacques Plante sera rappelé de sa retraite dorée et de sa place au sein de l'équipe des anciens joueurs du Canadien. Les Blues de St. Louis conclurent un contrat avec le joueur âgé de 40 ans afin qu'il fasse équipe avec leur gardien de but, Glenn Hall, en 1968-1969. Cette année-là, il partagea le trophée Vezina avec son coéquipier. À 44 ans, il enregistra sa meilleure moyenne de buts alloués en carrière (1,88) avec Toronto, avant de terminer sa carrière avec Boston et les Oilers d'Edmonton de l'Association mondiale de hockey.
Quel que soit le sujet débattu sur les origines du hockey, on s'entend généralement pour dire que c'est à la Montréal Gazette que revient l'honneur d'avoir décrit la première partie de hockey intérieur au Canada, le 4 mars 1875, à la patinoire Victoria de Montréal. Un lieu fermé, un public captif et l'utilisation d'un bloc de bois plat de façon à ce qu'il glisse sur la glace sans se soulever et sans risquer d'être projeté parmi les spectateurs, pour leur plus grand inconfort , ont marqué les débuts de ce jeu. Au début des années 1890, des équipes de hockey étaient formées partout au pays, mais les règles et les niveaux d'organisation n'étaient pas uniformes. Au cours des 20 années suivantes, le système s'est consolidé, et durant les années 1920, le jeu prit une forme similaire à celle qu'on lui connaît aujourd'hui. On s'en doute bien, de nombreux joueurs et de nombreuses personnalités ont marqué cette époque et sont devenus des champions et des légendes du monde du hockey. Pendant les années qui ont suivirent la Première Guerre mondiale, un commentateur a laissé sa marque dans l'histoire des débuts du hockey. Le 22 mars 1923, le journaliste du Toronto Star, Foster Hewitt, a commenté sa première partie de hockey à la radio, partie qui se déroulait à l'aréna de Mutual Street à Toronto. Il décrit l'événement 15 ans plus tard. ... pendant cette froide nuit d'hiver, je suis resté le dos courbé pendant plus de deux heures sur un petit tabouret aux jambes coupées, dans une boîte vitrée de quatre pieds de hauteur et de trois pieds carrés, sans même pouvoir prendre la moindre bouffée d'air frais .
Près de dix ans plus tard, Foster Hewitt commentait régulièrement, tous les samedis soirs, les parties des Maple Leafs. Le 1er janvier 1933, le hockey de la LNH est devenu la première émission de radio diffusée partout au pays, relayée d'une station à une autre.
Si Foster Hewitt est l'une des grandes personnalités du hockey de la première moitié du siècle, Edouard Charles Newsy Lalonde est sans aucun doute un des grands personnages sportifs de cette époque. Son surnom lui vient de son emploi au journal local de sa ville natale de Cornwall, en Ontario. La carrière de Lalonde a débuté en 1904-1905. Ce joueur de centre mesurant 1,75 mètre et pesant 74 kg attira l'attention de plusieurs dépisteurs et entraîna une véritable surenchère interfrontalière entre Sault Ste.Marie en Ontario et l'équipe américaine des Soo, de l'autre côté de la rivière, au Michigan. L'équipe canadienne parvint à égaler l'offre des Américains et conserva la jeune étoile. Le 16 novembre 1926, lorsque Edouard Lalonde laça ses patins pour la dernière fois avec les New York Americans de la Ligue nationale de hockey, il avait joué pour au moins 11 équipes dans neuf ligues différentes, comptant 314 buts au cours des 220 parties professionnelles auxquelles il participa.
Newsy Lalonde, qui traversait constamment le pays et passait d'une équipe à une autre au gré des offres qu'on lui faisait, compléta la saison 1921-1922 avec les Canadiens avant d'être échangé aux Sheiks de Saskatoon, un des plus importants échanges du début du siècle. Montréal avait besoin d'un meneur à l'attaque pour donner la rondelle à son nouveau joueur en vue et Newsy Lalonde fut donc envoyé à Saskatoon en échange d'Aurèle Joliet, un natif d'Ottawa, qui deviendra célèbre grâce à ses passes légendaires à l'étoile montante du hockey, Howie Morenz.
Au cours des années 1920, Édouard Lalonde passa derrière le banc, cédant la place à Howie Morenz qui s'annonçait comme étant un joueur spectaculaire sur la glace; ce dernier devint une légende, mais également un héros déchu. Le 15 octobre 1953, dans l'article intitulé How They Broke the Heart of Howie Morenz, le journaliste sportif de Maclean, Trent Frayne, célébrait cette légende du hockey dont le décès, 16 ans plus tôt, prit des proportions mythiques. Trent Frayne pleurait la mort de Morenz, mais également celle d'un jeu plus innocent et plus viscéral. Howie Morenz était bien plus que le meilleur joueur de hockey n'ayant jamais vécu. Il fait partie du folklore d'une nation, il est le symbole d'une époque qui n'est maintenant plus qu'un souvenir, une époque où les héros de la glace étaient des fiers-à-bras qui aimaient prendre un coup et dont la loyauté envers leur équipe était à toute épreuve.
Il y a plus de cinquante ans, les journalistes se plaignaient de la disparition du jeu comme dans le bon vieux temps - pas de passes à l'avant, pas de ligne rouge au centre et un calendrier comptant au maximum 50 parties. Howie Morenz, de Mitchell en Ontario, était la plus grande star de l'époque et ce sont ses talents qui ont aidé à vendre le jeu aux États-Unis, où on l'appelait souvent le Babe Ruth du hockey en raison des foules qu'il attirait.
Au début des années 1930, Howie Morenz a été échangé à Chicago, où il a joué pendant une partie des deux saisons. Il a également joué pour les Rangers de New York et en 1935, de nouveaux propriétaires tentèrent de faire revivre les Canadiens de Montréal, alors en difficulté, en ramenant la comète canadienne au pays. Malheureusement, sa gloire fut de courte durée, puisque Howie Morenz mourut tragiquement.
Le 28 janvier 1937, sous les applaudissements de la foule du Forum, Howie Morenz se fractura quatre os des jambes suite à une rude mise en échec dans la bande. Hospitalisé et dans le plâtre, Howie n'entendra plus jamais le cri de ralliement du Forum Les Canadiens sont là! . Le soir du 8 mars, pâle, les traits tirés et agité, il sort de son lit, met un pied au sol et s'effondre. Le certificat de décès mentionne que sa mort est attribuable à une déficience cardiaque et à une excitation extrême . Pour bon nombre des 40 000 personnes qui assistèrent à ses funérailles, celles qui attirèrent le plus de monde à l'époque, Howie Morenz est tout simplement mort d'un cœur brisé.
Les partisans de Montréal étaient en plein dans ce que l'on nomme la grande noirceur, soit la période entre la coupe des Maroons de Montréal en 1935 et le prochain grand succès d'une équipe montréalaise en 1944. Cette grande nostalgie pour les jours de la comète dura sept ans, et ne prit fin qu'avec l'arrivée du Rocket , qui amènera les Canadiens et le hockey professionnel au-delà de la Seconde Guerre mondiale et jusqu'à notre époque moderne. Maurice Richard continua d'assumer le rôle de légende de l'histoire du hockey à Montréal, ramenant la coupe Stanley aux Canadiens en 1944 et incarnant les rêves nationalistes des Québécois.
Le malheur des Canadiens faisait souvent la joie des Maple Leafs. On l'appela le meilleur échange dans l'histoire du hockey . Le 10 octobre 1930, les Sénateurs d'Ottawa, en difficultés financières et ne jouant que pour un petit marché, échangèrent leur joueur le plus populaire, Frank King Clancy, aux Maple Leafs de Toronto pour la somme sans précédent de 35 000 $ (à une époque où le salaire annuel moyen au Canada était de 1 000 $), ainsi que deux autres joueurs. Le gérant des Maple Leafs, Conn Smythe, attira Clancy à Toronto après avoir gagné aux courses grâce à un cheval nommé Rare Jewel. Cet argent lui permit d'acheter tout le nécessaire pour remplir le nouveau Maple Leafs Gardens. Frank Clancy était maintenant le plus haut salarié du hockey professionnel.
Pendant la Dépression et la Seconde Guerre mondiale, la LNH traversa de nombreux changements; au cours de cette période, Frank Clancy porta les patins pour les Maple Leafs, fut l'entraîneur des Maroons de Montréal et joua également le rôle d'arbitre. Les équipes d'Ottawa, de Philadelphie, de Pittsburg et de St. Louis disparurent, mais en 1942, une certaine stabilité sembla s'installer avec une ligue de six équipes, soit Détroit, New York, Chicago, Toronto, Montréal et Boston - liste qui restera en vigueur pendant 25 ans.
Conn Smythe amena Frank Clancy à Toronto pour emplir les sièges de son nouvel aréna, et le combatif joueur (dont le poids de 70 kilogrammes le plaçait parmi les plus petits défenseurs de la LNH) ne déçut pas son nouveau patron. En 1932, la première année de l'équipe au Maple Leafs Gardens, et la deuxième année de Frank Clancy avec le club, l'équipe des Maple Leafs parvint à gagner la coupe Stanley pour la première fois. Frank prit sa retraite comme joueur au début de la saison 1936-1937, pour aussitôt revêtir le chandail blanc de l'arbitre et ce, jusqu'à ce qu'il se joigne à l'équipe de la direction des Maple Leafs. Tout au long des années 1960, 1970 et la première moitié des années 1980, il sera l'ambassadeur du club jusqu'à sa mort, le 8 novembre 1986.
Tout comme Howie Morenz passa la rondelle à Maurice Richard pour les Habs, Frank Clancy passa la rondelle à Theodore Teeder Kennedy qui amènera les Leafs au-delà de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à notre époque moderne. Teeder Kennedy était un joueur vaillant et courageux qui avait le talent pour faire face à la rapidité et aux qualités de compteur de Maurice Richard.
Si Frank King Clancy était l'ambassadeur des Leafs, alors Jean Le Gros Bill Béliveau était sans aucun doute l'élégant représentant des Canadiens. Entre 1956 et 1971, il remporta dix championnats de la coupe Stanley avec Montréal. Mais si Frank Clancy était souvent du côté des perdants sur la glace et avait toute l'agilité d'un éléphant, Jean Béliveau, à 1,9 m et pesant 92 kg, avait la prestance d'un roi, une attitude humble et le verbe diplomate.
Comme pour bon nombre des premières étoiles de la LNH, l'entrée de Jean Béliveau dans la Ligue nationale de hockey regorge de tractations douteuses et d'intrusions du monde politique. Après deux saisons triomphantes à Victoriaville, le natif de Trois-Rivières se joignit à la Ligue de hockey junior du Québec en 1949-1950. L'année suivante, l'équipe Les Canadiens fut tentée par Jean Béliveau lorsqu'il compta un but et fut crédité d'une mention d'assistance au cours d'un essai de deux parties au sein de la LNH. Toutefois, il ne signa pas avec Montréal, mais se joignit plutôt à la ligue de hockey senior du Québec. Apparemment, pour conserver le patineur puissant et agile à Québec, des politiciens, proches du Premier ministre Duplessis, s'adonnèrent à quelques manœuvres douteuses - par exemple, la révocation du permis d'exploitation de la taverne du Forum de Montréal, véritable vache à lait pour les propriétaires du Canadien, si Jean Béliveau était attiré à Montréal.
Jean Béliveau finit par signer avec Montréal en 1953, et conclut une entente de cinq ans, d'une valeur d'environ 100 000 $, de loin le salaire le plus élevé jamais versé à un débutant. Il quitta les As de Québec et le luxe de leur nouveau colisée, marquant ainsi un nouvel épisode dans la lutte acharnée de la ville de Québec pour conserver sa franchise de hockey professionnel.
Montréal florissait grâce à sa nouvelle acquisition. L'équipe entreprit sa série de cinq victoires de la coupe Stanley en 1956, l'année où Jean Béliveau, gagnant des trophées Hart et Art Ross, était au sommet de la LNH. On demanda à Hap Day, le directeur général des Maple Leafs de Toronto, s'il y avait un moyen d'arrêter le joueur de centre de Montréal. Bien sûr, répondit-il, mais c'est illégal . Jean Béliveau, qui prit sa retraite en 1971, sera le modèle de toute une génération de joueurs du Québec, de Guy Lafleur à Mario Lemieux : il incarnait la dignité et l'élégance tant sur la glace qu'à l'extérieur de l'aréna.
De l'autre côté de la rondelle, Terry Sawchuk représentait la rigueur. Il joua plus de parties, enregistra plus de gains et plus de blanchissages que tout autre gardien de but dans l'histoire de la LHN. Les gardiens de but font partie d'une catégorie à part. Le natif de Winnipeg semblait avoir conclu un pacte avec le diable ou du moins l'avoir rencontré à la croisée des rues Portage et Main. Il connut la gloire, la richesse et la célébrité, mais il vivait une vie de solitaire et connût une fin tragique. Né en 1929, Terry Sawchuk grandit en écoutant Foster Hewitt décrire les parties de hockey à l'émission Hockey Night in Canada et vouait un véritable culte au gardien de but des Maple Leafs de Toronto, George Hainsworth. Son autre idole, plus près de chez lui, était son grand frère, Mike, qui mourut d'une crise cardiaque à 17 ans. Terry n'avait que 10 ans au moment de la mort de son frère et lorsque le gardien de but régulier de son équipe bantam quitta la région, Terry revêtit l'équipement de son frère.
Terry Sawchuk était un gardien de but acrobatique doté de réflexes ultra rapides et d'une façon caractéristique de s'accroupir qui fut par la suite adoptée par ses pairs. Il attira rapidement l'attention des dépisteurs de la LNH et à 17 ans, Terry Sawchuk célébra sa signature avec les Red Wings de Détroit en se roulant dans près de 2 000 $ en petites coupures dans sa chambre d'hôtel de Windsor, en Ontario.
Les jambières de Mike n'étaient pas le seul souvenir douloureux que Terry Sawchuk apportait. Au cours de ses 20 saisons avec Détroit, Boston, Toronto, Los Angeles et enfin les Rangers de New York, il subit plus de 400 points de suture au visage, une hernie discale, et ce n'est pas tout : les tendons de son poignet furent sectionnés, il se retrouva avec des parcelles d'os dans le coude et des douleurs arthritiques : suite à la chirurgie, son bras droit se retrouva deux pouces plus court que son bras gauche et il perdit deux pouces de hauteur après avoir subi une opération au dos.
Terry Sawchuk fut échangé des Red Wings, pour Boston le 3 juin 1955 : et pendant tout ce temps, il luttait pour sa santé; son estime de soi fut mise à rude épreuve à la mi-janvier de sa seconde saison avec les Bruins, où il fut dévasté par une dépression liée au stress. Il retourna à Détroit en 1957 et en 1964, alors que Gordie Howe dépassait le record de Maurice Richard quant au nombre de buts comptés, Terry Sawchuk parvint à surpasser le record de George Hainsworth au moment où il enregistra son 95e blanchissage en carrière, un événement qui passa presque inaperçu.
Échangé à Toronto cette même année, Terry Sawchuk, et son coéquipier des Maple Leafs, Johnny Bower, semblèrent coordonner leurs blessures afin qu'au moins un des deux joueurs puisse revêtir les jambières. Au cours de la saison 1966-1967, l'équipe vieillissante des Maple Leafs ramena la coupe Stanley à Toronto pour la dernière fois au 20e siècle.
Avec l'expansion de 1967, Terry Sawchuck passa une saison avec les Kings de Los Angeles, où il touchait un salaire de 41 000 $ (deux fois ce qu'il avait été payé au cours de sa meilleure saison) avant de terminer sa carrière avec les Rangers de New York en 1969. Toutefois, moins de deux semaines après que les Rangers furent brusquement écartés des séries, Terry eut une violente altercation avec un ancien camarade des Leafs, Ron Stewart. Les tempéraments étaient enflammés par l'alcool et une bagarre s'ensuivit. Terry Sawchuk fut mortellement blessé et le 31 mai 1970, s'éteignit le joueur de hockey considéré par plusieurs comme étant le meilleur gardien de but.
Contrairement à Terry Sawchuck, Jacques Plante est davantage reconnu pour ses innovations sur la glace plutôt que pour sa vie à l'extérieur de l'aréna. En effet, comme l'équipement de hockey évoluait avec le jeu, l'effet des grandes innovations est souvent passé inaperçu sur la glace. Par exemple, l'histoire du masque de gardien de but fut reléguée à la page 21 de la Montreal Gazette du 2 novembre 1959. L'article Plante Hurt, Finishes Up With Mask (Plante blessé termine le match avec un masque) passait complètement à côté de l'influence de Jacques Plante sur le hockey. Mais le natif de Mont Carmel au Québec était un habitué de l'innovation. Il était un des premiers gardiens de but à s'aventurer hors de la cage des gardiens pour arrêter les lancers de dégagement derrière le but. L'entraîneur du club, Toe Blake, sanctionna l'originalité de Jacques Plante avant même que ce dernier ne devienne le gardien de but régulier du Canadien en 1954-1955. Mais dans la partie contre les Rangers de New York, le 2 novembre 1959, son attitude fut tout à fait différente. Après avoir reçu un lancer au visage, Jacques Plante quitta la glace pour subir des points de suture. Il reprit son poste de gardien, mais insista pour porter un masque expérimental. Toe Blake était furieux, mais comme il ne disposait pas d'autres gardiens de but, il acquiesça à sa demande. Jacques Plante continua de modifier et d'adapter ses masques et contribua ainsi à la conception de presque tous ceux que portèrent les gardiens de but de la LNH à son époque.
Durant ses 17 saisons régulières entre 1953 et 1973, jouant pour les Canadiens, les Rangers, Saint-Louis, Toronto et Boston, Jacques Plante gagna sept trophées Vezina, contribua à six championnats de la coupe Stanley, enregistra 82 blanchissages et 434 victoires (tout de suite après Terry Sawchuk à 447).
La période d'expansion de la fin des années 1960 se révélera un marché de vendeurs pour les gardiens de but et dans ce contexte, Jacques Plante sera rappelé de sa retraite dorée et de sa place au sein de l'équipe des anciens joueurs du Canadien. Les Blues de St. Louis conclurent un contrat avec le joueur âgé de 40 ans afin qu'il fasse équipe avec leur gardien de but, Glenn Hall, en 1968-1969. Cette année-là, il partagea le trophée Vezina avec son coéquipier. À 44 ans, il enregistra sa meilleure moyenne de buts alloués en carrière (1,88) avec Toronto, avant de terminer sa carrière avec Boston et les Oilers d'Edmonton de l'Association mondiale de hockey.
Quinze ans plus tôt, alors que Jacques Plante inaugurait une nouvelle ère pour les gardiens de but, on lui demanda s'il continuerait de porter un masque au cours des parties. S'ils me laissent le porter, je le porterai jusqu'à l'âge de 45 ans . Il avait 46 ans lorsqu'il a finalement pris sa retraite en 1975.
Activités
Procédures:
Leçon 1. Le prix du jeu.
Dans le cadre de cet exercice, les étudiants se penchent sur le lien historique entre le hockey et le monde des affaires, et tentent de déterminer si le hockey a jamais été notre sport , c'est-à-dire un sport indépendant de l'influence et du contrôle des Américains. Les élèves doivent lire le document 1 qui traite du rôle du monde des affaires dans ce sport au Canada. En classe, discutez des points soulevés dans l'article. Par exemple, y a-t-il eu une époque où l'argent ne faisait pas partie du monde du hockey? Le jeu tel qu'on le connaît aujourd'hui est-il un sport ou une entreprise? Le centre du hockey en Amérique du Nord est-il New York, Toronto ou une autre ville?
Document 1
L'argent a toujours été intégré à ce sport professionnel. De plus, les craintes que les États-Unis s'approprient notre sport, ou plutôt l'achètent, datent d'une soixantaine d'années, bien avant que le no 99 ne quitte Edmonton pour la ville du cinéma.
Leçon 1. Le prix du jeu.
Dans le cadre de cet exercice, les étudiants se penchent sur le lien historique entre le hockey et le monde des affaires, et tentent de déterminer si le hockey a jamais été notre sport , c'est-à-dire un sport indépendant de l'influence et du contrôle des Américains. Les élèves doivent lire le document 1 qui traite du rôle du monde des affaires dans ce sport au Canada. En classe, discutez des points soulevés dans l'article. Par exemple, y a-t-il eu une époque où l'argent ne faisait pas partie du monde du hockey? Le jeu tel qu'on le connaît aujourd'hui est-il un sport ou une entreprise? Le centre du hockey en Amérique du Nord est-il New York, Toronto ou une autre ville?
Document 1
L'argent a toujours été intégré à ce sport professionnel. De plus, les craintes que les États-Unis s'approprient notre sport, ou plutôt l'achètent, datent d'une soixantaine d'années, bien avant que le no 99 ne quitte Edmonton pour la ville du cinéma.
Pendant les premières décennies du 20e siècle, Édouard Lalonde, Cyclone Taylor et Art Ross passèrent d'une équipe à l'autre, au gré des salaires qu'on leur offrait. King Clancy a fait l'objet du meilleur échange de l'histoire du hockey, en partie parce que le propriétaire des Maple Leafs, Conn Smythe, avait eu du succès aux courses. La fierté de Montréal, Howie Morenz, coûtait cher aux Canadiens. L'entrée de Jean Béliveau dans la LNH fut retardée en raison des pressions politiques exercées sur la Canadian Arena Co., alors propriétaire du Forum de Montréal. Et Terry Sawchuk, malgré sa piètre forme physique, retourna au jeu pour les Kings de Los Angeles pour des raisons monétaires.
La période fort colorée qui suivit la Première Guerre mondiale est connue comme l'âge d'or du hockey et c'est également à ce moment que les fondements de la Ligue nationale de hockey furent établis. Bob Duff décrit cette époque dans Total hockey: The official encyclopedia of the National Hockey League comme suit : Croissance rapide de la taille de la ligue. Expansion importante aux États-Unis et crainte des Canadiens que les Américains ne volent notre sport. Retenues de contrats, salaires qui montent en flèche. Grève des joueurs qui interrompent les séries de la Coupe Stanley. Règles antidéfenses conçues pour augmenter le nombre de buts marqués. La première décennie de la Ligue nationale de hockey n'était somme toute pas très différente de ce que l'on observe aujourd'hui.
En effet, dans Can the NHL Save Itself? (La LNH peut-elle se sauver elle-même?) parue dans le Time du 22 mars 2004, Kate Novack explique : La LNH n'a jamais été en si piteux état et souffre de la surexpansion observée au cours de la décennie. Les bagarres et les coups durs constituent les seuls éléments de promotion du sport aux États-Unis, comme on peut le constater dans les publicités de Gatorade et autres, et les vidéos vendus à grande échelle qui présentent des bagarres sur fond musical.
Les préoccupations des Canadiens quant à l'appropriation de ce sport par les Américains ne datent pas d'hier. Dans le Macleans du 1er mars 1926, Charles H. Good a écrit un article intitulé Will U.S. Cash Cripple our Hockey? (L'argent américain pénalise-t-il notre hockey?). En voici un extrait :
Est-ce que les bailleurs de fonds du hockey professionnel au Canada peuvent continuer de faire face aux riches promoteurs américains ou est-ce que les partisans du hockey canadien seront obligés, année après année, de voir leurs étoiles disparaître et briller dans un autre firmament? Voilà la question qui inquiète les amateurs de hockey professionnel.
Car en effet, le hockey professionnel est d'abord et avant tout une affaire d'argent. Et force est de constater que nos voisins du Sud en possèdent bien plus que nous. Ainsi, si le hockey devient une bataille où le portefeuille le mieux garni est le plus susceptible de l'emporter, les chances du Canada de conserver ses étoiles du hockey sont très minces...
À une époque, les partisans acclamaient, jusqu'à en perdre la voix, des joueurs pour qui un salaire de 750 $ à 1 250 $ par saison paraissait énorme. Cette époque est bel et bien révolue. Le progrès et les prix vont main dans la main; pourquoi le hockey contredirait-il les lois de la nature? Les prix à ce jour dans la LNH commencent à 2 000 $. On dit que Lionel Conacher encourage les Pirates à offrir 7 000 $ alors que Hap Day de St. Pats, ancien joueur universitaire et ancienne étoile de Hamilton, touche près de 6 300 $.
Leçon 2. Invitation au conseil des gouverneurs de la LNH
Demandez à chacun des étudiants de choisir l'une des époques suivantes, des débuts de l'histoire du hockey :
- Les fondements, 1917-1918 à 1925-1926
- L'établissement, 1926-1927 à 1941-1942
- Les six équipes d'origine, 1942-1943 à 1966-1967
Lorsqu'ils auront choisi leur période, les élèves devront effectuer une recherche et tenter de dégager les problèmes particuliers auxquels fait face la Ligue nationale de hockey au cours de cette période. Les élèves doivent préparer un discours qu'ils prononceront à la réunion annuelle des gouverneurs de la LNH, discours décrivant les problèmes de l'époque et proposant des façons de sauver le jeu de la ruine.
Leçon 3. J'étais à un match de boxe et...
Le 3 mars 1875, lorsque fut jouée la première partie de hockey intérieure entre des étudiants de l'Université McGill à l'aréna Victoria de Montréal, des journalistes locaux et extérieurs étaient sur place. Les observations d'un de ces journalistes peuvent être lues dans le Montréal Gazette du 4 mars 1875, que l'on trouve sur le site des Archives nationales du Canada.
Un autre reporter du Daily British Whig de Kingston en Ontario trouvait important de souligner un autre aspect de la scène : la violence. Apparemment, les spectatrices quittèrent les lieux dans une grande confusion lorsque la bagarre éclata.
Cette leçon est en fait un jeu de rôles conçu pour montrer l'histoire de la violence au hockey et comment les problèmes que vit ce sport aujourd'hui, existaient déjà durant les premières années du hockey professionnel. Des élèves devront travailler en groupes qui représenteront les divers intérêts de la communauté au Canada (liste ci-dessous) au cours de la première décennie du XXe siècle. Chaque groupe devra lire le document 1, un article du Globe paru le 30 mars 1905.
- Joueurs de hockey professionnels
- Propriétaires d'équipe
- Gens d'affaires
- Parents et gardiens
- Propriétaires de journaux et journalistes
Après avoir lu l'article, les élèves se verront remettre une déclaration du conseil municipal. Il s'agit en fait d'un appel de propositions sur la façon de régler le problème de la violence dans ce nouveau sport qu'est le hockey. Chaque groupe doit ensuite trouver des préoccupations pertinentes aux intervenants qu'il représente et rédiger ensuite une lettre officielle de 250 mots énumérant les problèmes observés et les façons de les résoudre. En conclusion, les élèves devront présenter leur texte au conseil municipal. Enfin, après chaque présentation, la classe votera sur les diverses propositions mises de l'avant.
Document 1
Le 24 février 1905, les équipes de hockey de l'est de l'Ontario, soit les équipes de Maxville et d'Alexandria, se rencontrèrent pour une joute. Les rivalités étaient féroces. Alexandria était une ville principalement catholique et canadienne-française et Maxville comptait une majorité protestante anglophone. Dès l'ouverture du jeu, Allan Loney de Maxwell attaqua Alcide Laurin. Ce dernier mourut environ cinq minutes plus tard. À l'origine accusé de meurtre, accusation qui fut réduite à homicide involontaire, Allan Loney attendit pendant quatre heures le 23 mars 1905 qu'un jury de Cornwall, en Ontario, en arrive à sa décision. Il fut acquitté, mais le jury blâma sévèrement le joueur et le hockey :
On ne peut trop condamner la tendance actuelle d'introduire des méthodes brutales et des tactiques violentes dans le jeu de lacrosse et du hockey, tactiques qui résultent fréquemment en blessures douloureuses et permanentes pour les participants et parfois même au décès, comme dans le cas qui nous concerne. Nous sommes d'avis que la presse, en accordant trop de place et d'importance à ces manifestations de violence, est responsable, à tout le moins moralement, de ces résultats. Certains des spectateurs aux comportements plus instables, encouragent et incitent les joueurs à des actes de violence. Nous en sommes au point où les joueurs brutaux et durs sont louangés par les partisans pour leurs coups bas, plutôt que d'être traités avec mépris pour leur inconduite, mépris qui serait grandement mérité. Selon nous, tant que ces pratiques ne seront pas stoppées de façon efficace et permanente, elles devraient être interdites par la loi et mises au même niveau que les corridas et combats de coqs. Les mêmes remarques s'appliquent au football .
Le juge blâma sévèrement les actions d'Allan Loney. Malgré cela, comme le journaliste du Globe le mentionna dans son article de première page du 30 mars 1905, le joueur fut chaleureusement accueilli à l'extérieur par des centaines d'amis et de citoyens qui ne purent assister aux procédures .
Leçon 4. La diffusion du jeu
En équipes de deux, les élèves doivent analyser ce qui rend la diffusion des parties efficace. Foster Hewitt a immortalisé la fameuse phrase il lance et il compte , une expression que l'animateur de l'émission Morningside à la radio de la CBC, Don Harron, qualifiera de symbole de l'unité nationale. Foster Hewitt était admiré parmi les commentateurs sportifs pour son économie de mots et son enthousiasme pour le jeu. Les élèves devront écouter une minute d'un match de hockey et prêter attention au commentateur et à l'annonceur, tout en dégageant les moments qu'ils jugent efficaces. Écoutez l'extrait à nouveau, cette fois en retirant le son. Comment les élèves commenteraient-ils cet extrait d'une minute? En équipes de deux, où un élève agit comme annonceur et l'autre comme commentateur, les équipes regarderont une minute de jeu d'une autre partie et enregistreront leurs commentaires. Faites entendre le commentaire à la classe, et ensuite faites jouer la bande originale afin d'établir une comparaison.
Leçon 5. L'innovateur
Jacques Plante n'était pas le premier gardien de but à porter le masque. Le 8 janvier 1930, le gardien de but des Maroons de Montréal, Clint Benedict, subit une fracture du nez au cours d'une partie en arrêtant un tir de Howie Morenz. Il se fractura le nez deux autres fois avant de finalement revenir sur la glace équipé d'un masque de cuir. Toutefois, il se débarrassa rapidement de ce masque qu'il trouvait trop chaud et qui nuisait à sa vision. Le 13 mai 1939, aux réunions annuelles de la LNH, Art Ross de l'équipe de Boston présenta un nouveau type de bâton de hockey avec une poignée de métal et une lame de bois pouvant être remplacée. Ce modèle fut présenté près de 50 ans avant l'introduction du bâton d'aluminium que l'on connaît aujourd'hui. Même l'humble rondelle a son histoire, qui est d'ailleurs reliée à de grands événements historiques. Au cours d'une partie qui s'est déroulée le 6 janvier 1942 au Boston Gardens, on demanda aux partisans de retourner toutes les rondelles tirées dans les gradins, car le pays vivait alors une pénurie de caoutchouc.
En équipes de deux, des élèves doivent effectuer une recherche sur l'histoire d'une innovation au hockey relativement à une des pièces d'équipement suivantes.
- Bâtons
- Masques et casques
- Vêtements protecteurs : jambières, gants, etc.
- Chandails
- Patins
- Construction d'arénas y compris l'éclairage, le matériel de construction, la surface glacée, le chauffage, l'architecture, etc.
En équipes de deux, les élèves devront illustrer sur une affiche la façon dont ces changements particuliers ont influencé le jeu et offrir de brèves explications.
Leçon 6. Poésie sur glace
Dans le Acadian Magazine de janvier 1827, un poème décrivant les plaisirs de l'hiver semble annoncer les origines du hockey :
(TRADUCTION LIBRE)
Une douzaine de garçons, pleins de jeunesse et d'ardeur
Poursuivent une balle sur la glace, dans un bruit de fureur
Certains s'adonnent au curling, et avec grâce
Traçant des cercles ou d'autres formes, selon leur bon vouloir
Sur leurs patins ou sur papier, à leur amour ils réservent une place
Et toutes sortes d'autres vœux, qu'il me plairait de savoir.
Certains prétendent que le hockey est une forme de poésie sur glace. Les joueurs de hockey ont eux-mêmes fait quelques vers. Alors qu'il était entraîneur dans les années 1970, Jacques Plante a écrit un poème à sa femme. Le poème de Stephen Scriver, Nobody Cares Who Got the Blues est une ode à l'époque où le hockey n'était pas un jeu contrôlé par le Yankee Board of Governors et il appelle le peuple à boycotter le jeu.
Les élèves pourront recourir à la forme qu'ils désirent pour composer un poème dédié au sport national du Canada. Ce poème doit traiter des premières années du hockey ou d'un athlète étudié dans le cadre de cette leçon.
Ressources
Best, David. Canada: Our century in sport. Markham, Ontario: Fitzhenry & Whiteside, 2002.
Diamond, Dan et al., eds. Total hockey: the official encyclopedia of the National Hockey League. New York: Total Sports Publishing, 2000.
Dryden, Ken and Roy MacGregor, Home game: hockey and life in Canada, Toronto: McClelland & Stewart, 1989.
Gruneau, Richard and David Whitson, Hockey night in Canada: sports, identities and culture politics. Toronto: Garamond Press, 1993.
Strachan, Al et al., eds. One hundred years of hockey: the chronicle of a century on ice. Toronto: Key Porter Books, 1999.
Ulmer, Michael. The top 100 NHL players of all time. Toronto: McClelland & Stewart, 1997.